FFS : Le devoir de vérité

FFS : Le devoir de vérité

Le Quotidien d’Oran, 23 juin 2007

Le Front des forces socialistes (FFS) est un parti qui n’est pas comme les autres. Non pas qu’il soit un modèle de fonctionnement démocratique. Ses luttes intestines régulièrement projetées sur la place publique, ces dernières années, ne sont certainement pas un signe de bonne santé. Pas plus qu’elles ne relèvent d’une ténébreuse tentative de déstabilisation orchestrée par le DRS. Ses responsables successifs développent et entretiennent cette hantise des services comme une arme fatale pour repousser toute velléité de réformer le parti. Ce leitmotiv a tout de même vécu. S’il est légitime pour un parti de s’immuniser contre les manipulations, d’où qu’elles viennent, il n’est néanmoins pas sain de jeter la pierre à des militants et des cadres coupables de réclamer un surcroît de transparence. Cela est d’autant plus vrai s’agissant du FFS qui porte la lourde responsabilité d’animer et d’encadrer l’opposition en Algérie. De par son statut de plus vieux parti d’opposition, le FFS ne peut ni ne doit se soustraire à son devoir pédagogique envers ses militants et ses partenaires. Il doit donner l’exemple de clarté et de maturité pour fédérer les énergies en son sein au lieu de recourir aux purges et autres excommunications qui lui ont tant fait mal. Connu pour être une école des opposants en herbe, une voie pour les sans-voix, le parti de Hocine Aït Ahmed est réduit à un sigle glorieux qui ravive aux nostalgiques les réminiscences des épopées passées. Parce que, aujourd’hui, la vie de ce parti est malheureusement rythmée par la protesta organique que son chef charismatique ne pourra cataloguer indéfiniment dans la case des coups bas des services. Auquel cas, cela relèverait au mieux de la cécité politique, au pire de la paranoïa. Continuer à diaboliser des figures emblématiques du parti comme Bouhadef, Ali Rachedi, Djeddaï, Hamdani et autres Khelil s’apparente à un suicide politique en ce qu’il dévitalise un parti censé offrir l’alternative démocratique au pays. C’est pourquoi tout autre audit que celui de permettre une réconciliation de la direction du FFS avec ses militants et anciens cadres ne serait qu’une fuite en avant et une diversion visant à reconduire le statu quo. En la matière, le parti de Hocine Aït Ahmed ne fait pas mieux que le tandem Bouteflika-Belkhadem qu’il accable à chaque fois. C’est dire que le prochain congrès de septembre est peut-être une bonne opportunité qui s’offre à ce parti pour faire son introspection politique. Du haut de ses 44 années d’existence et d’opposition, le FFS dispose d’une chance inouïe de se ressourcer et de se ressouder pour dépasser sa crise de croissance. Et ce sera aussi une chance pour l’opposition et pour toute l’Algérie protestante si orpheline de fidèles représentants à l’heure des reniements des uns et des ralliements des autres.

Hassan Moali