Le président Bouteflika veille sur ses grands chantiers

Réunion entre le gouvernement et les walis aujourd’hui à Alger

Le président Bouteflika veille sur ses grands chantiers

El Watan, 10 décembre 2006

Le gouvernement et les 48 walis se pencheront aujourd’hui et demain sur l’état d’avancement des chantiers lancés dans le cadre du programme présidentiel.

Cette réunion, dont l’ouverture sera présidée par Abdelaziz Bouteflika, sera essentiellement axée sur l’état de la mise en application des recommandations et des décisions prises lors de la précédente rencontre gouvernement-walis, tenue en juin dernier. Il s’agit notamment des actions en relation avec le lancement des projets de l’autoroute Est-Ouest et des chemins de fer, de la revitalisation des zones rurales et de la nouvelle démarche de présentation du budget de l’Etat. Le président Bouteflika s’est montré insatisfait des rapports qui lui ont été présentés lors de la réunion de juin dernier. Des décisions ont été ainsi prises. Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, avait promis à l’époque que les mesures préconisées lors de la précédente rencontre soient mises en application « à partir de la fin de l’été ou au plus tard en décembre 2006 ». Outre l’application de ces mesures, le gouvernement et les walis s’évertuent à établir un bilan exhaustif de leurs actions, notamment en ce qui concerne les programmes de développement local, le foncier économique, la gestion des villes et l’amélioration urbaine et l’état d’exécution des textes portant mise en œuvre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Cette rencontre constitue, aux yeux de M. Zerhouni, « une opportunité » pour situer les faiblesses constatées dans la réalisation des projets inscrits dans le programme quinquennal. « Cette conférence, à l’instar de celles qui l’ont précédées, est essentielle, compte tenu de l’importance du poids et du volume du programme d’appui à la croissance économique qui est en cours de réalisation », a-t-il indiqué hier dans un entretien à l’APS. Selon lui, ce sera l’occasion pour présenter « l’état de mise en application (…) de certaines actions sur lesquelles nous sommes en retard ». « Nous allons exposer la situation telle qu’elle se présente, mais l’objectif est de parvenir à des propositions pour essayer de revoir ce qui n’a pas fonctionné », a-t-il souligné. Cette réunion sera également, d’après lui, l’occasion de voir ce qui a été fait et s’échiner à trouver la meilleure manière de résoudre les principaux problèmes qui se posent à travers le pays et, en particulier, les difficultés rencontrées dans l’application du plan de soutien à la croissance économique. M. Zerhouni a relevé, à l’occasion, l’importance des retards enregistrés dans les programmes destinés au sud du pays et aux Hauts-Plateaux, tentant de les justifier par le manque de moyens de réalisation aussi bien humains que matériels. Le ministre a également souligné l’importance des fonds destinés au développement local, lesquels sont directement gérés par les walis. Fonds estimés à 3400 milliards de dinars. « Ce n’est pas une petite affaire », a-t-il soutenu, précisant que « c’est la première fois que l’Etat et l’administration algérienne ont à gérer une enveloppe budgétaire de cette importance et à laquelle s’ajoute l’ensemble des grands projets centralisés, à l’exemple de ceux de l’hydraulique, de l’autoroute et des chemins de fer qui vont poser de grands problèmes de mobilisation ». Il citera, dans ce sillage, le projet de l’autoroute Est-Ouest, qui s’étale sur quelque 1200 km et qui nécessite, selon lui, une mobilisation rigoureuse, non seulement au plan de la préparation des chantiers, mais aussi en termes d’expropriation des terrains occupés par des particuliers qui doivent être indemnisés. Le ministre a également soulevé le problème du détournement des réseaux routiers et des chemins de fer.

LOURD CAHIER DES CHARGES

De tels problèmes méritent, à ses yeux, d’être sérieusement discutés lors de cette rencontre. Comme il est aussi nécessaire de peaufiner la démarche visant à revitaliser les zones rurales. A ce propos, M. Zerhouni déplore l’absence de cohérence entre les programmes des différents secteurs destinés au développement de ces zones. Selon lui, il serait ainsi question de trouver le moyen de mettre en place un dispositif qui puisse coordonner toutes ces actions. Le gouvernement se penchera, avec les walis, sur le nouveau système de l’élaboration des budgets de l’Etat. « Notre but est d’expliquer d’abord la démarche de présentation du budget de l’Etat, mais aussi ses répercussions au niveau local », a-t-il indiqué. Le ministre s’est voulu plutôt rassurant par rapport à l’état d’avancement des différents projets. Il a indiqué, à cet effet, que sur plus de 16 000 projet inscrits, seuls 872 cas d’appels d’offres infructueux ont été enregistrés. Mais au-delà de l’autosatisfaction d’un ministre d’Etat, les populations de différentes régions du pays souffrent encore d’innombrables problèmes liés directement à leur vie quotidienne. La misère sociale, le chômage, le manque de prise en charge médicale, le manque de l’eau potable et bien d’autres problèmes qui persistent encore sont à l’origine d’émeutes qui éclatent par-ci et par-là aussi bien au nord qu’au sud du pays.

M. A. O.

 


Un pas en avant, deux en arrière

Le président Bouteflika a convoqué les walis hier au Palais des nations pour faire le bilan de « l’état d’application du programme présidentiel » sur le terrain. Après les ministres, voilà donc le tour des walis.

Au regard de ce qu’ont été les audiences « ramadanesques » au palais présidentiel d’El Mouradia, sans doute aussi ennuyeuses que les longs et insipides communiqués qui ont suivi chacune d’entre-elles lus au JT de 20h, on ne peut se demander de la manière la plus légitime si, encore une fois, cette réunion ne va pas prendre davantage l’aspect d’une grande kermesse qui regroupera tout ce que le pays compte de commis de l’Etat au cours de laquelle seront « débités » des rapports tout aussi fastidieux et dont la conclusion s’arrêtera tout au plus sur un ensemble de recommandations sans suite sur le terrain ? Préjugés ou, a priori, malheureusement l’expérience nous a montré que cela a été bien souvent (pour ne pas dire toujours) le cas. En effet, les citoyens en proie aux problèmes de la vie quotidienne ne voient pas encore d’amélioration sensible qui pourrait laisser croire que l’on s’achemine doucement, mais sûrement, vers une meilleure gouvernance, dont ils en seraient les premiers bénéficiaires. Loin s’en faut, puisqu’il aura suffi par exemple que la sécheresse perdure quelques semaines par rapport au cycle normal saisonnier pour qu’ils soient obligés de renouer avec les traditions du rationnement d’eau potable dans les villes, alors qu’ils espéraient ne plus revivre cela à la faveur du miraculeux dessalement d’eau présenté en son temps comme la fin de tous nos tracas en la matière. C’était trop beau. On pourrait multiplier à l’envi les exemples où ça ne marche pas. La pomme de terre qui flambe toujours sur les étals des marchés alors que les ministres concernés, à savoir ceux de l’Agriculture et du Commerce, se rejettent la responsabilité comme ils se rejetteraient une patate trop chaude.
Improvisation

Lamentable, mais le consommateur n’est pas pour autant éclairé et ne comprend pas ce que l’on attend pour agir, se contentant avec une pointe d’humour qui caractérise l’Algérien de penser qu’il lui faudra à défaut, peut-être, se rabattre sur la banane, dont le prix est en passe d’être rattrapé par celui du tubercule de large consommation produit à Mascara et dans bien d’autres régions. Il n’y a pas que ces aspects de la vie de tous les jours qui laissent croire que l’on est en pleine phase d’improvisation, les citoyens ne comprendront sans doute pas que les pouvoirs publics reviennent sur des décisions que l’on a voulu présenter comme faisant partie des réformes économiques fondamentales, comme par exemple la privatisation des entreprises publiques. Il est, en effet, surprenant que le ministre des Participations et de la Promotion des investissements annonce, en passant, à l’occasion d’une rencontre sur le dialogue social, qu’une centaine d’entreprises publiques vient d’être exclue des privatisations. La démarche peut paraître, pour le moins, en porte-à-faux par rapport à la logique économique quand on sait par exemple les difficultés avec lesquelles une bonne moitié des entreprises a eu, parce que déjà lourdement éprouvées financièrement, à s’aligner sur la dernière décision gouvernementale d’augmenter les salaires des travailleurs. Et cela pour la simple raison qu’elles risquaient d’augmenter dangereusement leur endettement financier. Tandis que jusqu’à présent, on n’a pu régler les salaires impayés depuis plusieurs années de près de 30 000 travailleurs. Un vrai paradoxe au regard de la situation financière qui plaidera plutôt pour des mesures autrement plus efficaces, de restructuration industrielle, de reconversion tant il est encore possible de les faire. Et, surtout, tant que les moyens existent pour le faire. Rappelons-nous la période 1994-95 où tous les voyants économiques et sociaux étaient au rouge et où tout ce qui est possible et nécessaire de faire aujourd’hui était encore plus difficile à faire que maintenant.

Reda Bekkat