Gendarmerie: D’anciens hauts cadres sous pression

GENDARMERIE

D’anciens hauts cadres sous pression

Le Soir d’Algérie, 22 octobre 2015

De nouvelles données enregistrées dans ce qu’il est convenu d’appeler «l’affaire» des changements opérés par le Président Bouteflika dans des institutions sensibles pourraient éclairer davantage sur la véritable raison de certains départs.
Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Ainsi, a-t-on appris, une perquisition a été opérée lundi au domicile de l’ancien inspecteur général du Commandement de la Gendarmerie nationale, le général Abdelaziz Chater, relevé de ses fonctions en juillet dernier, ce qui laisse ainsi entendre que la décision de le remplacer ne serait pas uniquement liée à un besoin de renouvellement ou rajeunissement de ce corps.
A l’époque, des informations diffuses noyées dans la somme d’évènements qui ont marqué l’été (affaire de Zéralda, limogeages en série de généraux détenteurs de postes-clés dans le pays) laissaient entendre que l’éviction du général Chater pourrait être liée à un dossier relatif à l’exploitation de carrières de sable notamment.
Il faut savoir d’abord que les lois en vigueur attribuent en effet au ministère de l’Industrie et des Mines le pouvoir exclusif de délivrer ces permis permettant le travail d’extraction et transport du sable ou gravier des carrières lesquelles se situent en général dans le milieu rural ou dans des zones retirées de la concentration urbaine si elles venaient à se situer en ville. Et c’est à la gendarmerie qu’incombe la surveillance de la conformité des papiers de l’exploitant.
Or, et selon les informations dont nous disposons, une enquête justement liée à ce dossier a fait ressortir une série d’irrégularités et d’entraves flagrantes à la loi puisqu’il s’est avéré que plusieurs carrières se trouvaient sous la coupe de personnes ne détenant pas de permis d’exploitation. Et c’est bizarrement au moment où les enquêteurs ont abouti à ces résultats que la décision de relever l’inspecteur général du Commandement de la Gendarmerie nationale a été prise et annoncée publiquement. Le général Abdelaziz Chater a été relevé de ses fonctions en même temps que onze colonels et trois autres généraux de la Gendarmerie nationale sur ordre du chef d’état-major de l’ANP, le général Gaïd Salah dont dépend également le corps de la gendarmerie. Quelque temps après, et alors même qu’il venait d’être promu général de corps d’armée, le plus haut grade de l’ANP auquel très peu d’officiers ont accédé, le général Boustila était à son tour écarté de sa fonction.
En raison de l’enquête diligentée autour de l’exploitation des carrières ? La concomitance des faits peut laisser perplexe mais pour certains, elle pousse l’interrogation plus loin puisque le départ de Boustila est intervenu également dans un contexte politique très flou marqué par l’affaire de Zéralda. Comment l’en dissocier ? Les coups de feu entendus dans la résidence présidentielle dans la nuit du 16 au 17 juillet dernier, la condamnation à trois ans de prison du jeune lieutenant à l’origine des tirs, les limogeages en série qui ont bouleversé l’ANP, le DRS, la dissolution du GIS, les arrestations de deux généraux dont l’affaire est perdue de vue et le départ du chef suprême des renseignements spéciaux d’Algérie, le général Toufik, sont autant d’éléments qui ont précédé tous les départs opérés et dans lesquels le général Boustila s’inscrit inévitablement.
Des informations en cours depuis quelques jours affirment en tout cas que ce dernier a été à son tour interdit de sortie du territoire national. Etant malade, le général Boustila avait pour coutume de se rendre à l’étranger pour y subir des soins médicaux. Mais l’argument de sa maladie n’a cependant pas satisfait les auteurs de la décision de l’empêcher de quitter le territoire national qui l’auraient ainsi orienté vers une commission médicale chargée de vérifier son état…
Il y a quelques jours, le général Mejdoub, ex-patron de la sécurité présidentielle, avait été lui aussi empêché de quitter le territoire national après avoir été entendu par la justice militaire au sujet de l’affaire de Zéralda.
Le jugement, trois années de prison prononcées contre le lieutenant incriminé dans ce dossier, n’a visiblement pas satisfait les autorités concernées lesquelles ont manifestement décidé de pousser les investigations plus loin.
A. C.