Exploitation minière: Des compagnies étrangères dans le collimateur

Exploitation minière: Des compagnies étrangères dans le collimateur

par Yazid Alilat, Le Quotidien d’Oran, 16 décembre 2010

Le ministre de l’Energie et des Mines Youcef Yousfi semble décidé à faire le ménage dans le secteur minier, un secteur propice à tous les appétits. Et notamment de la part d’opérateurs étrangers qui, selon le ministre, se «sucrent» au détriment de l’économie algérienne et de la sécurité des travailleurs algériens. Il a ainsi annoncé lors d’une rencontre avec les directeurs de l’Energie et des Mines des 48 wilayas de nouvelles mesures pour assainir le secteur minier. Et, sur ce registre, M. Yousfi n’y va pas avec le dos de la cuillère. «Dans le domaine des mines, nous avons pris un retard considérable», a-t-il dit, cité par l’APS. Pour lui, les mines sont exploitées par des opérateurs étrangers dont le souci n’est ni de sécuriser les sites de production, ni respecter leurs engagements avec l’Algérie, conformément au cahier des charges. Ces opérateurs étrangers, selon le ministre qui ne les a pas cités, «font tout sauf exploiter correctement nos mines». Il a ainsi annoncé que l’effort de développement dans ce secteur sera axé sur le renforcement des réserves nationales en minerais. L’Etat, a-t-il indiqué, a débloqué pour 2011 une enveloppe financière de 800 millions de DA pour encourager la recherche minière, et compte modifier la loi sur les mines pour développer la recherche minière. Selon des observateurs, le ministre pointe du doigt certaines compagnies minières étrangères qui ne respectent pas leurs cahiers de charges. C’est le cas notamment dans la mine de cuivre et de zinc d’El-Abed, dans la wilaya de Tlemcen où les travailleurs ont observé une grève de deux jours pour dénoncer leurs conditions de travail exécrables. «Nous avons décidé de nous mettre en grève à cause des conditions de travail», selon un représentant des mineurs, qui a ajouté que «les Chinois ne respectent pas la législation du travail et les règlements sur la santé et la sécurité du travail dans les mines». Le ras-le-bol des mineurs d’El-Abed intervient après le décès d’un jeune mineur de 26 ans mardi dernier au fond de la mine. Cette mine est exploitée par la société chinoise «Abed-Maadines», du bureau de l’exploration et l’exploitation des ressources minérales et géologiques de la province du Henan. Le cas de cette mine, ainsi que de celles exploitant d’autres types de minerais rares, dont l’or, semble ainsi avoir mis hors de lui le ministre qui veut mettre «un terme à ce genre de choses». Ainsi sur le registre de la sécurité des mines en Algérie, il a appelé les DME à inspecter toutes les carrières et mines pour contrôler les conditions d’exploitation et s’assurer de l’application des mesures de sécurité. «Nous sommes décidés à aller jusqu’au bout dans cette affaire, nous sommes décidés à arrêter l’exploitation illicite des carrières et des sablières. L’Etat est là, les règlements et les lois, il faut qu’elles soient respectés, il y a trop de blessés et de morts dans ces carrières», a encore précisé M. Yousfi, qui a insisté sur le rôle des DEM et de la police des mines pour faire respecter cette réglementation.

Par ailleurs, l’amélioration de la production de phosphates est également au menu des préoccupations du ministère, avec un objectif de production de 5 millions de tonnes par an à court terme. Il a affirmé que pour le moment «nous produisons à peine 1 à 1,5 million de tonnes de phosphates chaque année, alors que nos réserves nous permettent de produire dix fois cette production». L’éventualité de la mise en place d’une usine de traitement de phosphates pour la production d’engrais est actuellement en discussion entre le ministère de l’Energie et des Mines et le ministère des Ressources en eau.

Enfin, il a annoncé le lancement prochainement d’une vaste campagne de lutte contre les exploitants-fraudeurs, qui donnent de fausses déclarations sur les volumes d’extraction des minerais et leurs prix. Le cahier des charges pour l’exploitation des mines va changer, selon le ministre, pour rendre obligatoire les informations sur les volumes des extractions et leurs prix réels. «L’argent est à l’Etat et l’Etat doit percevoir ce qui lui revient», a -t-il martelé devant les DEM des 48 wilayas du pays.