OPEP: Une réunion d’urgence envisagée pour le 20 octobre

L’OPEP face à la chute des prix

Une réunion d’urgence envisagée pour le 20 octobre

El Watan, 15 octobre 2006

Les onze membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) pourraient se réunir le 20 octobre prochain au Qatar pour décider formellement de réduire leur production, selon l’AFP, qui cite le porte-parole de cette organisation, Tareq Amin.

Manifestement, les membres qui étaient réfractaires à une telle rencontre sont revenus à de meilleurs sentiments après avoir constaté que l’annonce d’un consensus autour d’une réduction d’un million de barils/jour sur la production de l’OPEP n’a pas eu l’impact escompté sur le marché pétrolier. En effet, même si ce dernier s’est stabilisé ses derniers jours, soutenu il est vrai par des interruptions de production en Norvège et l’arrivée soudaine du froid aux Etats-Unis, les cours restent volatiles. Aussi, l’OPEP a conscience actuellement que seule une décision officielle d’une réduction réelle mettra fin un tant soit peu au scepticisme du marché. « Cette absence de décision a été perçue par le marché comme un feu vert à la poursuite de la surproduction et à la baisse des prix, ce qui a inversé les anticipations des spéculateurs qui pèsent d’un poids considérable sur les marchés à terme », nous explique Nicolas Sarkis, expert et directeur de la revue spécialisée Pétrole et Gaz Arabes dans un entretien à El Watan. D’ailleurs, le ministre algérien de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, avait insisté, il y a quelques jours, sur la nécessité d’une réunion d’urgence des pays membres de l’OPEP afin que l’annonce d’une réduction soit crédible. Il avait signalé que l’Algérie, l’Arabie Saoudite, le Venezuela et la Libye appuyaient une telle initiative. D’autres membres de l’OPEP, à l’image du Nigeria, plaidaient pour leur part pour un simple communiqué. Le président de l’OPEP et ministre nigérian de l’Energie, Edmund Daukoru, avait affirmé mercredi dernier que les membres de cette organisation étaient parvenus à un accord pour baisser le plafond de la production d’un million de barils par jour, mais qu’il restait à s’entendre sur la distribution de cette baisse. Chaque pays devait annoncer séparément une baisse de son quota. Cependant, l’option d’une réunion d’urgence a été remise sur le tapis. Celle-ci se précise de plus en plus. Le ministre vénézuélien de l’Energie,, Rafael Ramirez, l’a d’ailleurs évoqué dans des déclarations à la chaîne publique Venezolana de Television. Celui-ci a évoqué un « consensus entre les ministres de (l’OPEP) pour tenir une réunion extraordinaire durant ce mois d’octobre afin de donner ensemble un signal au marché et résoudre ces questions ». Il a déploré le forcing des grands pays consommateurs qui exercent en permanence une politique de pression sur les membres de l’OPEP. Selon lui : « Depuis un an, ils disent qu’il faut produire davantage, qu’il faut mettre plus de pétrole sur le marché. » L’OPEP a répondu à cet appel et s’est retrouvée avec une surproduction, a-t-il ajouté. Dans une tel contexte, le ministre vénézuelien estime « important qu’il y ait l’unité au sein de l’OPEP pour prendre des décisions comme une réduction d’un million de barils de pétrole lorsque c’est nécessaire ». Nicolas Sarkis abonde dans le même sens en affirmant que « la plupart des pays exportateurs subissent une sorte de terreur intellectuelle, fruit d’une campagne, selon laquelle les prix du pétrole auraient atteint des niveaux trop élevés et risqueraient de briser la croissance économique mondiale ».

Nora Boudedja