Démolition des baraques du marché Daksi de Constantine

Démolition des baraques du marché Daksi de Constantine

Des blessés, un engin incendié et des arrestations

Le Quotidien d’Oran, 27 décembre 2005

Dès six heures du matin hier, les engins de la brigade de démolition de l’APC de Constantine sont entrés en action pour démonter les locaux de fortune du marché de Daksi.

Une opération entreprise tôt le matin et qui se voulait un coup de poing, pour mettre le millier de jeunes vendeurs devant le fait accompli. Mais c’était sans compter avec la hargne de ces marchands qui surprendront à leur tour et la brigade de démolition et les forces de l’ordre. Une pluie de grosses pierres s’abattra sur les têtes des éléments de l’APC et de la police faisant plusieurs blessés. Ce qui n’empêcha pas les engins de continuer la démolition. Mais les choses prirent une autre tournure quand le feu sera mis à un des engins. Les flammes s’emparèrent des roues du rétrochargeur, avons-nous appris de sources proches du dossier. Le feu s’étendra ensuite à toute la structure de l’engin de démolition. Il aura fallu l’intervention de la protection civile pour éteindre l’incendie. La révolte des jeunes ne s’arrêta pas pour autant, malgré la vingtaine d’arrestations opérées par la police qui recevra enfin le renfort de la brigade anti-émeute de Bounafa. La contestation reprendra de plus belle vers les coups de dix heures du matin et ni les bombes lacrymogènes, ni les charges de la police anti-émeute n’arriveront à faire battre les jeunes marchands en retraite. Les grosses pierres fusaient de toutes parts alors que les engins continuaient à démolir les stands. La cité Daksi était carrément encerclée, tout autour, c’est-à-dire au quatrième kilomètre, à El-Guemmas, Sidi Mabrouk et Oued El-Had, la circulation était pour ainsi dire paralysée. Les files de voitures s’étendaient à perte de vue et on voyait de loin que rien ne s’annonçait de bon à la cité Daksi où une fumée noirâtre, celle de l’engin en feu, se dégageait dans le ciel.

Informé de la tournure des événements, le premier responsable de la wilaya qui assistait à la session de l’APW, chargea une délégation composée de Abderahmane Rafaa et Moncef Bounab, des élus de l’APW, accompagnés du chef de cabinet Mohamed Salah Ahriz qui était, rappelons-le, dès six heures du matin sur les lieux, pour tenter d’apaiser la colère des jeunes révoltés. La venue de ces émissaires du wali à Daksi a calmé comme par enchantement la situation. Particulièrement lorsque promesse leur a été donnée de leur trouver dès aujourd’hui un lieu à proximité pour leur permettre d’exercer leurs commerces à la veille de l’Aïd El-Adha. C’était d’ailleurs la principale revendication des représentants des marchands de Daksi qui reprochaient aux autorités d’avoir décidé une telle opération à quelques jours d’une fête qui constitue une bonne opportunité pour leurs affaires. Mais, il semble bien qu’une telle revendication cache mal l’appréhension de nombreux marchands qui ne savent pas quel sort leur sera réservé par l’APC une fois les travaux réceptionnés.

En effet, si l’écueil du terrain a été dépassé, particulièrement après le transfert de propriété des services des domaines vers l’APC, le problème de la régularisation de tous les marchands de Daksi, autant dire un millier, reste entier. Et il faudra savoir en ce sens que près de 700 de ces commerçants avaient déjà payé une partie de leur dû, il y a près de deux années, et n’attendaient donc que leur régularisation par l’APC. Ce qui n’est pas le cas des autres dont le nombre avoisine les 500 venus des communes avoisinantes s’ajouter aux premiers occupants. Ce qui pose problème dès lors que les responsables de la commune de Constantine s’en tiennent au nombre initial, c’est-à-dire la construction d’environ 700 locaux en structure légère. Le surplus donc ne sera pas concerné faute de places. Rappelons que la décision d’évacuation par la force du marché de Daksi a été finalement prise lors d’une réunion tenue ce samedi entre les responsables des différents services de l’APC concernés quand il s’est avéré que les marchands étaient décidés à rester sur place.

M.S. Boureni