Le régime syrien à l’épreuve du CDH

Il devra répondre des violations des droits de l’homme

Le régime syrien à l’épreuve du CDH

El Watan, 28 avril 2011

Le Conseil des droits de l’homme (CDH) de l’ONU tiendra demain une session spéciale sur la situation en Syrie, à la demande des Etats-Unis, a indiqué hier un porte-parole onusien.

«Il y aura une session spéciale du Conseil vendredi à 11h (9h GMT) sur la situation des droits de l’homme en Syrie», a annoncé un porte-parole, Cédric Sapey, soulignant que la demande avait été déposée par les Etats-Unis. «Nous attendons des membres du Conseil des droits de l’homme qu’ils appellent le gouvernement de Syrie à assumer sa responsabilité de protéger sa population et de stopper ces attaques», a déclaré à l’AFP l’ambassadrice américaine auprès du Conseil, Eileen Donahoe. «La communauté internationale a été choquée par les centaines de civils tués dans le cadre des manifestations politiques pacifiques la semaine dernière», a-t-elle ajouté. La répression des manifestations hostiles au régime du président syrien Bachar Al Assad en Syrie a fait au moins 107 morts entre vendredi et dimanche, selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, qui a demandé l’ouverture d’une enquête sur ces événements. La majorité requise pour la tenue d’une session extraordinaire est de 16 membres, soit le tiers des membres du Conseil, composé de 47 membres. Outre les Etats-Unis, les pays signataires sont la France, la Grande-Bretagne, l’Espagne, la Belgique, la Hongrie, le Japon, le Mexique, la Norvège, la Pologne, la République de Corée, la Moldavie, la Slovaquie, la Suisse, la Zambie et le Sénégal.

Deux poids, deux mesures

Conformément aux règles établies par le Conseil, la liste des États appuyant la tenue des sessions extraordinaires reste ouverte à signature jusqu’à la tenue de la réunion. Le Conseil des droits de l’homme se réunit rarement en sessions extraordinaires mais celles-ci aboutissent en général à l’adoption d’une résolution commune, comme le 25 février concernant la Libye. Cette session avait donné lieu à un texte demandant la suspension de la Libye du Conseil.
Ces dernières semaines, les défenseurs des droits de l’homme n’ont eu de cesse d’accentuer la pression à la suite des derniers développements au Moyen-Orient, où des manifestations ont été violemment réprimées. Début avril des ONG – dont Amnesty International, Human Rights Watch (HRW) et la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) –avaient demandé la tenue d’une session spéciale du Conseil sur la Syrie. Ces ONG avaient déjà insisté courant mars sur la nécessité d’organiser des sessions spéciales sur la situation au Yémen et au Bahreïn, sans obtenir gain de cause.

Ces derniers jours à Genève, les ambassadeurs avaient finalement entamé des discussions sur une proposition suisse qui souhaitait organiser une session spéciale sur les manifestations mais sans mentionner de pays. Cette idée n’a toutefois pas recueilli suffisamment de signatures et les récents événements en Syrie ont donné plus de poids à la proposition américaine de tenir une session spécifique sur ce pays.

Certaines ONG, comme la FIDH, regrettent toutefois que la situation au Bahreïn et au Yémen ne soit pas évoquée. Julie Gromellon, de la FIDH, souligne toutefois que la session spéciale sur la Syrie risque de mettre à mal la récente candidature syrienne au Conseil des droits de l’homme. Début mars, Damas a ainsi officiellement lancé sa candidature à l’un des sièges disponibles au sein du Conseil des droits de l’homme, installé à Genève et composé de 47 membres. «La candidature de la Syrie au Conseil des droits de l’homme signifie son engagement à respecter et soutenir le caractère inaliénable et indivisible de tous les droits de l’homme», explique la Syrie dans sa candidature écrite.
Rédaction Internationale