AOUS DJILLALI

AOUS DJILLALI

Jacques Vergès, Lettre ouverte à des amis algériens devenus tortionnaires, Paris 1993

Je m’appelle Djillali Aous, marié et père de trois enfants, je suis juriste de formation.

J’ai été arrêté le 7 octobre 1992 à 3 heures du matin à mon domicile au 275 parc Ben-Omar, Kouba, Alger et ce, sans mandat de perquisition, par la police judiciaire de Bab-El-Oued. Mon arrestation s’est effectuée avec force brimades envers toute ma famille.

J’ai été transféré plusieurs fois du commissariat central d’Alger à la brigade antiterroriste de Châteauneuf à Bab-El-Oued et vice versa. J’ai, par la suite, été présenté au parquet d’Hussein-Dey le

8 novembre 1992. Ainsi, ma garde à vue a duré trente-trois jours.

La plupart du temps, j’ai été isolé dans une cellule. Mais il est arrivé aussi que je partage une cellule de quatre mètres carrés avec quatre à six personnes.

Du 7 octobre 1992 au 11 octobre 1992, j’ai été torturé à Bab-El-Oued. Coups de poing et coups de pied sur toutes les parties du corps, asphyxie avec de l’eau souillée et autres ingrédients, etc. J’ai été menotté durant plus de vingt jours.

A part l’eau, je n’ai eu droit à aucune nourriture les cinq premiers jours de ma détention. En plus de la torture physique à la police judiciaire de Bab-El-Oued, j’ai eu à souffrir des brimades, insultes, crachats, inondation de cellule et empêchement de dormir.

je suis détenu à la prison d’El-Harrach, à la salle 4-bis, sous le numéro d’écrou 64586.

NB : J’ai oublié de dire que le soir, certains policiers faisaient venir les fous du port d’Alger (sales, pleins de poux et de bave) et les lançaient dans la salle de torture contre les gens arrêtés, assis sur des chaises, les mains attachées avec des menottes derrière le dos.

Les policiers assistaient au spectacle en fumant des cigarettes et en poussant des cris pour exciter les pauvres malades mentaux, lesquels faisaient subir les pires sévices physiques et surtout moraux aux gens arrêtés.

Ils crachaient sur leurs visages, les embrassaient, les couvraient de bave. A la fin, les policiers leur remettaient des bâtons avec lesquels ils frappaient les prisonniers menottés.

Les policiers riaient et poussaient des cris hystériques.

On se croyait dans un véritable cauchemar.

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