Mauvaise année 2000 pour lAlgérie
Rapport du département dEtat sur les droits de lhomme
Mauvaise année 2000 pour lAlgérie
Par Mohamed Mehdi, Quotidien d’Oran, 1 mars 2001
Le département dEtat US vient de rendre public le rapport de lannée sur les droits de lhomme dans le monde. Dans lavant-propos de cette 26e édition de ce rapport, le secrétaire dEtat, M. Colin Powell, déclare qu «aucun pays, le nôtre compris, ne peut se vanter dun bilan parfait en matière de droits de lhomme; aucun ne doit chercher à se dérober à une enquête internationale.
Chaque Etat doit être responsable de la manière dont il traite ses habitants». «Si, estime le secrétaire dEtat, lannée 2000 a été une période daméliorations sur le plan des droits de lhomme, du raffermissement de la démocratie au Nigéria et au Ghana, à la défaite dun dictateur tenace en Serbie et à lélection dun nouveau président au Mexique», il constate, en revanche, une «dégradation continue de la situation en Chine, à Cuba, en Irak, au Soudan et dans plusieurs autres pays…» «Ceci est, ajoute-t-il, la preuve que le combat pour le respect universel des droits de lhomme est loin dêtre achevé».
Le document en question est un ensemble danalyses des pratiques en matière de droits de lhomme dans 195 pays, en particulier les droits individuels, civiques, politiques et les droits relatifs au travail.
Le rapport examine différentes rubriques, notamment la torture et dautres punitions ou traitements inhumains, la détention prolongée en labsence de chef daccusation, les disparitions ou détentions clandestines, et dautres atteintes flagrantes au droit de la personne à la vie, à la liberté et à la sécurité.
La partie réservée à lAlgérie est denviron 25 pages. «Selon la Constitution, note le rapport, cest le chef du gouvernement qui choisit ses ministres, mais dans la pratique cest le Président qui détient cette prérogative». «La hiérarchie militaire, ajoute-t-il, influe fortement sur les questions liées à la défense et à la politique étrangère».
Dans le volet des droits de lhomme, le rapport considère que «les forces de sécurité sont coupables de sérieuses atteintes aux droits de lhomme», et de noter que «ces abus sont en diminution constante». Il constate quen général, sur ce chapitre, «la situation a été mauvaise (en 2000 – ndlr), et que de «sérieux problèmes» ont persisté dont ceux relatifs «aux restrictions des droits politiques et dassociation des citoyens». «Il y a de sérieuses limitations des droits des citoyens de changer leurs gouvernements», note le rapport.
Le département dEtat US attribue aux services de sécurité des «exécutions extra-judiciaires», des «actes de torture», des «abus dans les détentions préventives» et des «arrestations arbitraires de personnes suspectées de connivence avec des groupes armés». Il note, toutefois, que «les abus attribués aux services de sécurité sont en net déclin», et considère en matière de massacres collectifs, qu»aucun rapport névoque leur complicité dans ceux qui ont été commis en 2000″.
Tout en constatant une recrudescence des actes de violence par rapport à 1999, le rapport note que «les groupes armés sont coupables de sérieux abus et dassassinats de centaines parmi des civils, des membres des services de sécurité et leurs familles».
En matière de justice, le rapport stipule que «les autorités algériennes ne respectent pas toujours les droits de la défense dans le cours des procès». «A un degré moindre par rapport à lannée passée (1999 – ndlr), le gouvernement continue tout de même de pratiquer des restrictions à la liberté dexpression, de presse, dassociation, de mouvement et à la liberté de culte».
Le département dEtat US prend acte de la déclaration du gouvernement concernant la traduction en justice et la punition denviron 350 ou 400 membres des services de sécurité pour abus en matière de droits de lhomme. Tout en précisant limpossibilité «de vérifier de telles déclarations (…) en labsence de mécanismes de contrôle indépendants».
Léconomie algérienne, quant à elle, «passe lentement dun système administré à une économie de marché», mais, note le rapport, «la privatisation des entreprises publiques, la réforme du système bancaire et le secteur de lhabitat ont fait des petits progrès».
«LAlgérie est un pays à revenu moyen», constate le document. «Le revenu moyen par habitant est denviron 1.600 dollars». «Officiellement, le chômage touche 30% de la population en âge de travailler, et 70% des jeunes de moins de 30 ans ne peuvent pas trouver un emploi adéquat».