Le Parlement européen invite Alger à coopérer avec l’ONU

Cas de disparitions en Algérie

Le Parlement européen invite Alger à coopérer avec l’ONU

Aït-Chaâlal Mouloud, Le Jeune Indépendant, 20 janvier 2001

Le Parlement européen a invité le gouvernement algérien à coopérer avec l’Organisation des Nations unies pour élucider les cas de disparus «forcés ou involontaires» intervenus en Algérie depuis 1992.
Dans une résolution adoptée jeudi à Strasbourg (siège du Parlement), les euro-députés ont invité «les autorités algériennes à coopérer pleinement avec les groupes de travail de l’Organisation des Nations unies sur les disparitions forcées ou involontaires.»
Cette initiative intervient au moment où une équipe de Reporters sans frontières (RSF) effectue un séjour en Algérie pour réclamer des autorités de faire la lumière sur la disparition de cinq journalistes (voir l’article de Yassin Temlali).
Le Parlement européen avait, plusieurs fois depuis 1997, soulevé la question des disparus en Algérie, mais il réclame cette fois que la lumière soit faite sur tous les cas de disparitions, mettant ainsi dos à dos les forces de sécurité et les groupes armés terroristes.
L’Etat est encore une fois montré du doigt sur le plan de la responsabilité sur les cas de disparition, l’un des dossiers sulfureux faisant l’objet de controverse entre les familles de disparus, les ONG de droits de l’homme dont Amnesty International (AI), la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et les autorités algériennes. Amnesty International avait récemment interpellé, dans un mémorandum, le gouvernement sur les cas de disparus. Une demande qui lui a valu une vague d’hostilité de la part de mouvements et partis politiques qui y voyaient un dérapage de l’ONG et une immixtion dans les affaires internes algériennes. Connus pour leur négation des cas de disparitions, ces mouvements classent les disparus dans la rubrique des terroristes.
Dans ce contexte, l’Association des familles de disparus (ANFD) fait état de 7 200 cas de disparitions forcées, dûment prouvés, imputés aux forces de sécurité. Tandis que l’Observatoire national des droits de l’homme (ONDH) affirme, depuis plusieurs années, qu’il existe 4 325 disparus répartis entre personnes ayant rejoint les groupes armés, celles ayant quitté le territoire national et celles recherchées par les autorités, occultant d’un trait l’existence des cas de disparus. Selon l’ANFD, la plupart des disparitions ont eu lieu entre 1994 et 1997, au plus fort du terrorisme. Dès lors, l’intervention du Parlement européen qui n’a pas été trop regardante sur la question des disparus en Algérie, semble décidée à s’impliquer dans le débat en interpellant, au premier chef, le gouvernement algérien. Cette résolution suppose-t-elle un appui de Strasbourg à l’envoi en Algérie d’un rapporteur de la Commission des droits de l’homme de l’ONU qui est officiellement saisie par le collectif algérien «SOS disparus» des cas de 400 disparitions forcées ? A.-C. M.

 

 

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