Retard dans la fermeture de la prison de Serkadji

Prévue pour le 1er novembre dernier

Retard dans la fermeture de la prison de Serkadji

Le Soir d’Algérie, 16 novembre 2014

Le processus de fermeture de la tristement célèbre prison de Serkadji a été officiellement entamé, avons-nous appris.
La fermeture définitive devait intervenir le 1er novembre dernier, coïncidant avec la célébration du 60e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération, mais pour des raisons à la fois «pratiques et techniques», la démarche accuse du retard.

Abder Bettache – Alger (Le Soir)
En inspectant des structures relevant de son département, dont la nouvelle maison d’arrêt en construction dans la daïra de Koléa, et ce, lors de sa visite effectuée, en juillet dernier dans la wilaya de Tipasa, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, avait déclaré que la prison de Serkadji sera fermée dans un délai de quatre mois.
La fermeture définitive devait intervenir à la fin du mois d’octobre dernier, pour que «l’événement» soit fêté le 1er novembre dernier. Un événement qui sera célébré en «grande pompe», en donnant à Serkadji le statut de monument historique. Or, le processus enclenché en été dernier a accusé un retard, suite notamment à l’ajournement dans la réception de la maison d’arrêt de Koléa. Cette dernière, dont le taux de réalisation avoisine les 90%, s’étend sur un terrain agricole de 18 ha pour une capacité d’accueil de 2 000 détenus.
Selon la chargée de communication du département de la justice, la démarche a été entamée depuis quelques jours, mais pour des «raisons spécifiques et techniques, elle accuse du retard». Selon toujours notre source, «la fermeture de la prison de Serkadji interviendra prochainement, dès que les «conditions seront toutes réunies».
Par ailleurs, d’autres sources judiciaires font part du transfert de certains détenus, dont les affaires sont actuellement en traitement au niveau des juridictions relevant de la cour d’Alger et poursuivis dans la petite et moyenne criminalité, au niveau de la prison d’El-Harrach.
Il est à rappeler qu’au sein de la maison d’arrêt de Serkadji sont détenues plusieurs personnes poursuivies dans des affaires de crimes, relevant du droit commun ou du terrorisme et dont certaines sont condamnées à la peine capitale. Symbole de la colonisation française, la prison Serkadji – construite en 1856 — s’est considérablement dégradée au cours des vingt dernières années. Sa fermeture était programmée depuis longtemps. Mais elle a été repoussée en raison notamment de retards enregistrés dans la construction des nouvelles prisons.
En décembre de l’année dernière, le ministre de la Justice, Tayeb Louh, avait annoncé la transformation de cet établissement pénitentiaire en musée. En juillet 2014, il a annoncé que sa fermeture devait intervenir dans peu de temps. «La prison de Serkadji sera fermée dans deux à trois mois», avait-il précisé lors d’une récente visite de travail à Tipasa. Pour lui, «il s’agit d’un objectif stratégique, lié à la mémoire nationale et à l’histoire de l’Algérie, qui nécessite que les autorités publiques mettent tout en œuvre, en vue de sa transformation en un musée, dans les plus brefs délais».
Cette prison «sera remise au ministère des Moudjahidine» pour devenir ensuite un musée, avait expliqué de son côté Mokhtar Felioune, directeur général des Etablissements pénitentiaires qui a confirmé la décision du ministère. Haut lieu de la répression coloniale, la prison de Serkadji avait abrité les pires atrocités pratiquées contre des moudjahidine en détention, dont certains ont été guillotinés. A ce titre, on peut citer notamment les martyrs Ahmed Zabana, Abdelkader Ferradj, guillotinés le 19 juin 1956, ou encore Fernand Yveton, exécuté le 13 février 1957. Selon les archives, 58 militants – détenus pour l’indépendance de l’Algérie – ont été guillotinés par l’armée coloniale. Selon le ministre de la Justice, la transformation de l’ex-Barberousse en musée n’est «que la traduction du vœu de nombreux Algériens».
A. B.