48 Algériens demandent indemnisation à l’Espagne

Ils ont été détenus abusivement pendant 4 ans

48 Algériens demandent indemnisation à l’Espagne

El Watan, 22 septembre 2008

L’affaire des détenus algériens en Espagne est loin d’être close. Quarante-huit d’entre eux comptent bien réclamer des indemnisations pour les années passées injustement dans les cachots.

L’information a été donnée hier par Noureddine Belmeddah, président de la Fédération des associations algériennes en Europe, qui a œuvré avec les autres membres de l’organisation pour leur libération. Soupçonnés d’être impliqués dans des affaires de terrorisme après les attentats de Madrid en mars 2004, ils ont été mis en détention provisoire qui a duré quatre ans. La justice a fini par les acquitter.

Quatre années de perdues de leur vie, cela mérite bien compensation. M. Belmeddah dit que la Fédération va batailler avec eux pour arracher leurs droits. S’exprimant lors d’une conférence de presse à Alger, il souligne qu’il y a en tout 70 Algériens détenus sur le sol espagnol pour terrorisme. Parmi eux, 13 ont été jugés et condamnés et 9 sont toujours en détention préventive. « En Espagne, il suffit que la police vous soupçonne pour que le juge ordonne de vous mettre en détention préventive. Pour les Algériens, c’est devenu systématique », relève-t-il, affirmant que certains détenus ont subi des maltraitances dans les prisons. « Pour un rien, on les place en isolement », précise-t-il. Créée en 2005, la Fédération milite pour l’amélioration des conditions de détention des Algériens en attendant leur libération.

Elle s’occupe également des problèmes de la communauté algérienne en Europe, mais surtout du phénomène des harraga. Sur ce volet, M. Belmeddah dit avoir constaté un « net recul » du nombre de candidats à l’émigration clandestine vers l’Espagne, sans pour autant donner leur nombre pour cette année. « Nous avons constaté un net recul du nombre d’émigrants interceptés en Espagne, comparativement à l’année écoulée où en une seule journée 250 émigrants clandestins avaient été interceptés à Majorque », a-t-il indiqué.

Son constat est basé sur le fait que 15 embarcations en partance de Dellys vers Majorque ont été interceptées l’année dernière contre zéro cette année. M. Belmeddah souligne tout l’intérêt que porte la fédération au dossier des harraga, surtout en ce qui concerne l’identification et le rapatriement des dépouilles de ceux qui ont été retrouvés morts en mer. Il estime ainsi que le problème des harraga disparus reste entier. Pour lui, la seule solution demeure l’identification grâce à l’analyse de leur ADN. La fédération prévoit, à cet effet, de soumettre cette solution au ministère des Affaires étrangères. « Les corps des harraga non identifiés sont soit enterrés dans des cimetières chrétiens, soit incinérés. Nous avons pu obtenir, en juin dernier, l’accord des autorités espagnoles d’ouvrir le dossier », précise-t-il, avant d’ajouter que la requête de la fédération pour le rapatriement des dépouilles a été acceptée.

M. Belmeddah demande dans le même sillage aux représentations diplomatiques algériennes à l’étranger de fournir un effort pour octroyer des passeports aux harraga désirant revenir en Algérie. « Certains immigrés clandestins veulent revenir au pays, mais ils éprouvent des difficultés à obtenir un passeport. La fédération compte exposer ce problème au ministère des Affaires étrangères, au regard du nombre de plus en plus important d’émigrants clandestins qui sont dans cette situation », a-t-il dit. M. Belmeddah a profité de l’occasion pour parler des maltraitances subies par les émigrants algériens dans les centres d’accueil. Il reconnaît la difficulté de faire face au phénomène des harraga. Les mettre en prison n’est pas tout à fait une solution. Selon lui, il faut réprimer les réseaux de passeurs. « Les passeurs doivent être condamnés à la peine maximale. Car pour moi, ce sont des terroristes. Les candidats à l’émigration clandestine doivent être jugés au cas par cas », a-t-il soutenu en répondant à une question relative à la nouvelle loi incriminant l’acte de sortir du territoire national sans autorisation. Il est à souligner qu’une rencontre sur le phénomène aura lieu à Alger le 27 du mois courant.

Par M. A. O.