Création d’un comité de soutien à notre compatriote Youcef Ould Dadda

Création d’un comité de soutien à notre compatriote Youcef Ould Dadda

Le Quotidien d’Algérie, 4 septembre 2014

Accusé d’avoir diffusé une vidéo montrant des hommes en uniforme de policiers en train de dévaliser un magasin dans la commune d’El Guerrara, à 115 km de Ghardaïa, Youcef Ould Dadda, 47 ans, informaticien, incarcéré depuis le 27 Mars 2014, a été condamné en première instance le 14 Juin 2014, pour outrage envers corps constitué (art:146 du Code Pénal) et exposition au regard du public de publications, de nature à nuire à l’intérêt national (art: 96)

Hier, 1er Septembre, la Cour de Ghardaïa, a confirmé le premier jugement condamnant le citoyen Ould Dadda Youcef à 2 ans de prison et 100.000 DA d’amende.

Pour rappel, c’est la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), partie plaignante au procès pénal engagé contre le citoyen Ould Dadda pour « Atteinte à l’intérêt national », qui a « expertisé » la vidéo sur laquelle s’est fondé le Ministère Public et concluant que le film diffusé est un « montage », autrement dit un faux, imputé à la victime de ce procès injuste, pleinement frappé de vice de forme.

La requête des avocats, réclamant une contre-expertise de la vidéo (y compris par la gendarmerie nationale) a été rejetée par la Cour.

Au-delà des irrégularités et de l’irrecevabilité des preuves, chargeant injustement le citoyen Ould Dadda qui n’est pas l’auteur de la vidéo, les « experts » de la police n’ont pas jugé utile ou n’ont pas les compétences nécessaires pour remonter à la source.

Ce procès totalement inique, ne peut- être interprété que comme un signal fort et un avertissement à la société algérienne en général et aux bloggeurs en particulier pour les dissuader de s’exprimer et de résister en dehors du réseau médiatique balisé par le pouvoir.

Il est symptomatique de constater qu’à ce jour, aucune enquête n’a été diligentée à propos du vol « filmé » et de ses auteurs et combien même il y en aurait une, elle ne serait qu’une irrégularité de plus dans ce procès digne de Kafka, et qui témoigne s’il en était besoin, de la fuite en avant d’un régime foncièrement corrompu et déliquescent, moins soucieux de rendre la Justice que de se faire justice, en foulant au pied les droits fondamentaux constitutionnels les plus élémentaires reconnus au citoyen : en particulier le droit à une Justice Equitable.

Hélas et comme partout ailleurs, le pouvoir a prouvé encore une fois sa cécité, son acharnement contre le peuple et sa volonté de continuer d’asservir la Justice et de s’en servir comme instrument de répression et d’intimidation pour dompter les Algériens.

Plus que jamais pris en otage par un pouvoir qui n’hésitera devant rien pour se préserver, les algériens et les algériennes – par-delà leurs opinions politiques et leurs sensibilités idéologiques – sont appelés à se mobiliser autour de ce drame de trop de l’injustice algérienne.

Nous citoyennes et citoyens, indignés par ce procès inique mené contre la citoyenneté, et interpellés par ce verdict scandaleux, prononcé contre notre compatriote de Ghardaïa, avons décidé de créer un comité national de soutien à Y. Ould Dadda, afin de mobiliser l’opinion publique nationale et internationale autour de ce énième cas d’arbitraire institutionnalisé, pour réclamer haut et fort sa libération.

Alger le 2 septembre 2014