Tahar Belabès condamné à 2 mois de prison ferme

La CNDDC dénonce le retour de la matraque policière

Tahar Belabès condamné à 2 mois de prison ferme

El Watan, 5 décembre 2016

Convoqué hier matin par le procureur général près la cour de Ouargla, Tahar Belabès, leader du mouvement des chômeurs, a été notifié d’un jugement par contumace le condamnant à 2 mois de prison ferme pour «attroupement illégal», «trouble à l’ordre public», «atteinte à officiers de l’ordre public en exercice de leur mission» et «destruction préméditée de la propriété d’autrui».

Répondant à sa quatrième convocation en une semaine, Belabès se dit persécuté par la police. Le leader du mouvement des chômeurs dénonce «les poursuites judiciaires lancées tous azimuts à l’encontre des militants du mouvement, mais aussi les manifestants qui se sont insurgés contre les politiques arbitraires du gouvernement».

Le 24 novembre dernier, la grogne populaire contre les mesures d’austérité et le gel des projets vitaux a poussé plusieurs dizaines de personnes à investir les rues de Ouargla pour crier leur colère contre ces décisions jugées inéquitables. Tahar Belabès avait alors publiquement remis en cause «le gel de 400 projets représentant 70% du budget accordé à la wilaya, le retard du lancement du projet des logements AADL de Ouargla, la hausse de la facture d’électricité pour les habitants du Sud ainsi que la paupérisation de larges franges de la population et a fortiori les chômeurs».

D’où la naissance d’un mouvement dit du «24 novembre» qui prépare une série de nouvelles manifestations à partir de Ouargla. «Il s’agit d’un mouvement populaire franchement contre l’austérité qui fait du Sud sa première victime», affirment les organisateurs, qui estiment que les autorités ont tort «de pénaliser les mêmes à chaque crise» et que « le gouvernement doit s’expliquer sur le gel de projets structurants, dont le CHU de Ouargla qui pousse des centaines de malades à se faire soigner en Tunisie pour ne pas mourir dans l’attente d’un rendez-vous dans les centres de référence nationaux».

Rejoint par de nouveaux indignés, libres ou affiliés à des associations actives, le mouvement des chômeurs est de plus en plus critique envers le gouvernement et prépare sa riposte aux dernières convocations de la police. Une fédération des associations de la société civile monte quant à elle au créneau ces derniers jours à Ouargla, où un front de suivi des projets publics se met en place.
Houria Alioua