Les dix «harraga» placés sous mandat de dépôt

SECOURUS, JEUDI, PAR UN METHANIER

Les dix «harraga» placés sous mandat de dépôt

Le Quotidien d’Oran, 19 février 2006

L’affaire des dix «harraga» secourus jeudi matin, par l’équipage du méthanier Abbane Ramdane, à la limite des eaux territoriales espagnoles, vient de livrer d’autres détails. Présentés, hier, au parquet d’Arzew, ces jeunes candidats à l’émigration clandestine ont été placés sous mandat de dépôt en attendant l’achèvement de l’enquête. Pour rappel, deux groupes de 12 et 10 personnes ont décidé de tenter l’aventure à bord de 2 embarcations de 4,5 m, à destination de l’Espagne.

C’est au cours de la traversée que le drame s’est produit. Les 2 embarcations ont été prises dans un fort courant et sont devenues incontrôlables. Le groupe des 10 a été secouru, alors que les autres sont toujours portés disparus. Par ailleurs, l’enquête déclenchée par les services de sécurité a permis d’élucider les tenants et les aboutissants de cette affaire.

Les mis en cause, dont 7 sont originaires d’Oran et 3 de la wilaya de Tizi Ouzou, ont avoué que leur «voyage» était programmé 2 semaines auparavant. D’autre part, seulement 3 «harraga» sur les 10 qui ont été secourus ont été trouvés en possession de leurs papiers d’identité, les autres ont préféré s’en débarrasser afin d’éviter d’être identifiés, apprend-on de source sécuritaire. Il s’agit des nommés B.H, âgé de 26 ans, originaire de Tizi Ouzou et serveur dans un café à Aïn El-Turck, H.N, âgé de 36 ans, artisan dans le secteur du bâtiment et B.A, âgé de 22 ans, demeurant également dans la même localité. L’idée de la traversée avait germé dans leurs esprits après des contacts étroits avec certains membres d’un réseau qui serait spécialisé dans ce genre d’affaires, apprend-on. Pour concrétiser leur projet, ces candidats à l’émigration clandestine, dont un adolescent de 15 ans, selon certaines sources, se sont vus obligés de cotiser une somme d’argent qui avoisine les 100 millions de centimes pour s’acheter une embarcation solide. Des contacts sont entrepris et, après quelques jours, ils parviennent à prendre attache avec le propriétaire d’une embarcation avec moteur à Cap Falcon. Rassurés sur le bon état de celle-ci, après les «garanties» qui leur ont été données, les jeunes ont pris le départ dans le but de rejoindre les côtes espagnoles. Cependant, la chance n’était pas de leur côté car l’embarcation n’était pas aussi solide pour faire face au courant violent, nous indique-t-on. En attendant d’autres révélations sur cette affaire, il y a lieu de préciser que des poursuites sont lancées pour identifier le ou les propriétaires de ces embarcations. Les services de sécurité n’écartent pas l’éventualité de l’existence d’un réseau spécialisé dans ces affaires d’émigration clandestine à partir d’une plage de la côte oranaise.

Notons, par ailleurs, que les recherches se poursuivent toujours pour retrouver les 12 autres jeunes portés disparus.

K. Assia