Les pays du Maghreb peu « sûrs » : Le Bundesrat allemand refuse la loi sur le renvoi des demandeurs d’asile Maghrébins

Les pays du Maghreb peu « sûrs » : Le Bundesrat allemand refuse la loi sur le renvoi des demandeurs d’asile Maghrébins

May Sammane, Maghreb Emergent, 10 mars 2017

[Le quartier Oberbilk à Dusseldörf où vit une importante communauté maghrébine] Le quartier Oberbilk à Dusseldörf où vit une importante communauté maghrébine

La chancelière allemande Angela Merkel essuie un échec face à la haute chambre du Parlement allemand. Le Bundesrat (Conseil Fédéral allemand) a rejeté une loi autorisant le renvoi en urgence des demandeurs d’asile vers le Maroc, l’Algérie et la Tunisie.

Un coup dur pour la politique de la chancelière Angela Merkel vis-à-vis des migrants en provenance de ces trois pays. Ce 10 mars, le projet n’a pas obtenu la majorité nécessaire de 35 voix sur 69 à la Chambre haute, rapporte la presse allemande.

Les pays « sûrs » sont des Etats dont on suppose qu’il n’y a pas de persécution politique ou de droits humains bafoués. La haute chambre du Parlement allemand a donc opposé son veto au projet de loi qui avait pourtant été approuvé par la basse chambre, la Bundestag.

La Tunisie, l’Algérie et le Maroc ne sont pas des pays « sûrs »

Le Bundesrat a expliqué sa décision par le fait que la Tunisie, le Maroc et l’Algérie ne sont pas « sûrs » et que la sécurité des personnes qu’on comptait y renvoyer n’est pas assurée. Le vote de la gauche et du parti des Verts, qui considèrent que les droits de certaines minorités, comme les homosexuels, sont bafoués au Maghreb, a pesé dans la balance.

Le ministre de l’Intérieur Thomas de Maizière, membre du parti d’Angela Merkel (le CDU), a regretté cette décision et a parlé de « calcul politique », estimant que le rejet de ce projet de loi « nuirait aux efforts visant à stopper la migration illégale ».

Composé des représentants des 16 États fédéraux d’Allemagne, Le Bundesrat a barré la route à cette loi qui ne pourra ainsi plus être sujet de débats avant les prochaines élections allemandes prévues en septembre prochain.

Le projet de loi avait été adopté le 13 mai 2016 par le Bundestag, la Chambre basse allemande. Un mois plus tard, le Bundesrat avait reporté son vote à 2017 faute de majorité.

L’an passé, quelque 26.000 personnes en provenance du Maghreb sont arrivées en Allemagne. Elles représentent moins de 1% des demandes d’asile mais leur retour au pays est un casse-tête pour les autorités allemandes car elles ne disposent en général pas de papiers d’identité fiables.

L’Allemagne a accueilli en 2015 plus d’un million de demandeurs d’asile, un flux qui inquiète une large part de l’opinion allemande et a placé Angela Merkel sous le feu des critiques, en raison de sa politique jugée trop généreuse à l’égard des réfugiés.

L’année dernière, seuls 3,8% des demandeurs d’asile Marocains ont eu des réponses positives en Allemagne. Pour les demandeurs d’asile algériens, le taux était de 2,7% alors que celui des Tunisiens il n’est que de de 0,8%