Droits de l’homme en Algérie, selon la CNCPDH: De nombreux griefs et peu d’amélioration

Droits de l’homme en Algérie, selon la CNCPDH

De nombreux griefs et peu d’amélioration

El Watan, 9 juillet 2014

Prêt depuis quelques jours seulement, le rapport pour l’année 2013 de la Commission nationale consultative de promotion et de défense des droits de l’homme (CNCPDH) sur la situation des droits de l’homme en Algérie fait état d’un bilan très critique, même si, parfois, il souligne quelques améliorations.

Sur la question de la justice, il commence par préciser que «l’indépendance du juge et l’impartialité des tribunaux, le droit à la défense et l’abolition de la détention arbitraire par la réaffirmation du principe de la présomption d’innocence, la réparation des violations des droits fondamentaux et les dispositions spécifiques pour prévenir tout excès constituent la condition sine qua non pour la refonte d’un Etat de droit et d’une démocratie réelle».

La CNCPDH plaide pour l’amélioration des jugements et la célérité dans le traitement des affaires judiciaires qui demeurent, selon elle, tributaire de l’augmentation du nombre de juges au niveau des différentes cours de justice. En effet, souligne-t-elle, «il ne peut être exigé davantage de qualité à un juge prenant en charge 150 dossiers alors que le justiciable est en droit d’aspirer à une meilleure qualité du traitement et de l’étude des affaires judicaires».

Abordant le problème de l’emploi, la Commission exhorte les pouvoirs publics «à consentir davantage d’efforts» pour mettre fin «aux disparités régionales» en matière d’emploi et note qu’«aucune raison ne peut être invoquée pour qu’une catégorie de citoyens, de par son implantation géographique, soit favorisée par rapport à une autre qui a la malchance de vivre loin de la capitale», imputant cette situation «à l’attitude pour le moins incompréhensible, inadmissible et inacceptable des multinationales activant dans le sud du pays ainsi qu’à Sonatrach qui recourent, sans raison, à un recrutement réduit parmi les jeunes de la région». La CNCPDH trouve que les moyens «colossaux» dépensés dans l’emploi n’ont pas donné les résultats escomptés et cite le cas «des hôpitaux et centres de santé en constante régression avec une pénurie de médicaments, un manque de matériel, un mauvais accueil des patients et une mauvaise prise en charge».

Proportion alarmante de la corruption

Sur la corruption, le rapport de la Commission souligne que cette pratique a «atteint des proportions effrayantes (…), gangrène l’économie algérienne dans des proportions insupportables et dégrade l’image du pays puisqu’à chaque passation d’un marché public important, des acteurs commettent des irrégularités». Elle constitue un «obstacle majeur à la réalisation des droits de l’homme, notamment les droits économiques et sociaux, aggrave les inégalités sociales, accentue la pauvreté».

La CNCPDH réitère sa position en faveur de l’abolition de la peine de mort, sauf à l’égard des kidnappeurs et des tueurs d’enfants, et plaide pour une dépénalisation de l’acte de gestion et pour l’augmentation du nombre des assesseurs jurés, arrêté actuellement à deux et qui, selon elle, «n’assument plus qu’un rôle de figuration puisque le verdict est rendu par les trois juges professionnels naturellement animés par un esprit de solidarité». La Commission estime que la justice a «d’énormes difficultés à accomplir sa mission et ne fournit pas assez d’efforts vis-à-vis des justiciables. La justice pose problème. Dans un tel environnement, le travail en faveur de la promotion des droits de l’homme ne progresse pas rapidement».

Sur la situation de la presse, la Commission évoque l’anarchie qui caractérise la distribution des journaux, mais aussi l’incapacité d’accéder aux sources, l’autocensure et le contrôle systématique dans le monde du travail des journalistes. Elle constate que le législateur tarde à consacrer le droit au journaliste d’accéder aux sources d’information au moyen de dispositions obligeant les administrations et les institutions publiques à fournir au journaliste les informations nécessaires.

Abordant la question de l’école, la Commission trouve que celle-ci doit s’ouvrir et enseigner la diversité, parce qu’une société qui n’accepte pas la différence et la diversité, qui n’accepte pas que la femme ait une place honorable est une société malade, condamnée à être figée au moment où le monde est en perpétuel mouvement. Cette situation secrète des formes de violence dont sont victimes les personnes vulnérables.
Salima Tlemçani