Droits de l’homme / Décès de Mahmoud Khelili

Droits de l’homme / Décès de Mahmoud Khelili

El Watan, 8 mars 2003

Une des voix de défense des droits humains en Algérie s’est éteinte. Mahmoud Khelili, 68 ans, avocat au barreau d’Alger et président du Syndicat national des avocats algériens (SNAA), est décédé jeudi après-midi d’une crise cardiaque à son arrivée à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle à Paris.

Selon l’Agence France presse (AFP), il était accompagné de son épouse. Me Khellili avait été pris de vertiges en quittant l’avion, mais avait continué à marcher. Il s’est ensuite effondré dans l’aérogare de Roissy, foudroyé par un arrêt cardio-respiratoire.
Selon des sources aéroportuaires, citées par l’AFP, la mort a été immédiate. Le corps a été transporté à la chambre funéraire de Gonesse (Val-d’Oise, région parisienne), où s’est rendue une délégation de l’ambassade d’Algérie à Paris. Hier, la mort de ce célèbre avocat n’a suscité aucune réaction ni de condoléances officielles. Membre du réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme et de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), Mahmoud Khelili était un homme engagé dans la lutte contre l’impunité qui entoure les disparitions forcées, les exécutions sommaires, la torture et la détention illégale.
«Précurseur du mouvement des familles des disparus, j’ai rassemblé ces familles, je les ai instruites juridiquement pour qu’elles comprennent leurs droits et qu’elles les réclament avec force. J’ai été au premier rang des premières manifestations de ces familles. J’ai couru les capitales du monde pour faire valoir leurs revendications. Certains m’ont accusé de tous les maux à tort, je les laisse à leur conscience», avait-il confié à un journaliste. Il avait rassemblé de nombreux documents sur des cas de torture pratiquée dans les lieux de détention relevant de la police, de la gendarmerie ou du DRS en Algérie. En novembre 2002, il a fait l’objet de menaces de mort à travers des messages téléphoniques.
Ces menaces persistantes revenaient lorsque Me Khelili avait décidé de défendre l’ex-directeur de l’action sociale d’Oran. Cet ex- responsable a dénoncé «l’implication de hauts responsables militaires dans un trafic de drogue international». Il a été poursuivi pour diffamation par le ministère de la Défense nationale. Me Khelili a été également menacé d’expulsion de son cabinet professionnel forcé de régler de prétendus loyers impayés. Plusieurs ONG avaient condamné cet acte qualifié d’abusif. Me Khelili avait, à maintes reprises, dénoncé les incessantes coupures de téléphone de son cabinet et de son domicile et les interminables surveillances policières.
Par Fayçal Métaoui