Après six mois de disparition, Mohamed Rahmouni est localisé à la prison militaire de Blida

Après six mois de disparition, Mohamed Rahmouni est localisé à la prison militaire de Blida

Collectif des familles de disparu(e)s en Algérie, 29 janvier 2008

Mohamed Rahmouni, disparu depuis le 18 juillet 2007, a enfin été localisé à la prison militaire de Blida, soit après plus de 6 mois de disparition.

Pour rappel, Mohamed Rahmouni a été arrêté dans le quartier de Bourouba à Alger par des agents des forces de l’ordre en présence de nombreux témoins alors qu’il attendait le bus de 7 h 30 pour se rendre au travail. Les trois agents qui ont procédé à l’arrestation, l’ont interpellé par son surnom, Samir, ont présenté leurs papiers officiels et lui ont ordonné de les suivre. Depuis ce jour, sa mère n’a jamais cessé de le rechercher d’un endroit à un autre. Elle avait été informée il y a plusieurs mois par un officier de police du commissariat de Bourouba que son fils se trouvait à Blida. Elle s’était donc rendue à la prison militaire de Blida au mois d’octobre dernier où les gardiens à la porte avaient nié la présence de Mohamed.

Le 26 janvier 2008, Mme Rahmouni retourne pour la énième fois au commissariat de Bourouba où elle retrouve l’officier de police qui lui avait dit que son fils se trouvait à Blida et de nouveau il lui a soutenu : « ton fils est à Blida, je te dis, vas-y, il est là-bas ! ». Elle s’est immédiatement rendue à la prison militaire de Blida où les gardiens ont enfin reconnu que Mohamed se trouvait effectivement dans cet établissement pénitencier militaire.

Les agents ont reconnu sa présence mais sa mère n’a pas pu le voir, toute visite lui a été refusée. Il lui a été dit qu’elle n’aurait le droit de visite que lorsque l’instruction serait terminée mais qu’elle pouvait lui apporter de la nourriture et des vêtements. Ils l’ont cependant informée qu’un avocat pourrait le voir.

Mohamed Rahmouni est un civil qui va vraisemblablement être jugé par un tribunal militaire sans que personne ne sache quelles inculpations reposent sur lui. Dépourvus de toute indépendance et directement subordonnés au pouvoir exécutif, ces tribunaux militaires sont compétents pour connaître d’infractions commises par des civils, en matière d’atteinte à la sûreté de l’Etat. De plus, il semblerait que le tribunal aurait aussi un droit de regard sur l’avocat constitué pour défendre le prévenu.

Nous ne disposons pour l’instant d’aucune information sur l’état physique et moral de Mohamed après six mois d’isolement, de détention secrète et de toute évidence, de mauvais traitements.

Malgré les observations accablantes du Comité des droits de l’Homme, les forces de l’ordre continuent d’outrepasser leurs droits en oubliant le principe de la présomption d’innocence.

Le CFDA et SOS Disparus remercient vivement tous les signataires de la pétition lancée en faveur de la libération de Mohamed Rahmouni et exhortent les autorités algériennes à permettre à la famille de Mohamed Rahmouni de lui rendre visite.

Le CFDA et SOS Disparus demandent également que Mohamed Rahmouni soit jugé dans les plus brefs délais si les accusations pesant contre lui le nécessitent, qu’il soit traduit devant un tribunal civil et que soit respecté son droit à un procès équitable.

Paris, le 29 janvier 2008

P/le CFDA

Nassera Dutour

Porte-parole