Dossier des disparus: L’ONU remet ça

Dossier des disparus

L’ONU remet ça

Salim Tamani, Liberté, 22 juin 2006

Lors de sa 86e session qui a eu lieu le 19 juin dernier à New York, le Comité des droits de l’Homme de l’ONU a demandé au gouvernement algérien de mener des enquêtes approfondies sur les cas de disparition, de rendre compte aux familles du résultat et d’engager des poursuites pénales contre les auteurs et les responsable de ces actes.
Les familles des disparus en Algérie avaient qualifié cette résolution “de victoire”. Mais en adoptant cette décision, le comité des droits de l’Homme des Nations unies semble ignorer l’une des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation votée par référendum en septembre 2005. Il faut savoir que la question des disparus a été prise en charge dans le cadre de la charte. Des mesures concrètes ont été décidées dans l’objectif de régler définitivement le problème. Le dossier des disparus a longtemps servi de fond de commerce pour les ONG internationales en vue de faire pression sur l’Algérie. Aujourd’hui, la situation a changé. Sur le plan international, le consensus réalisé autour de la lutte contre le terrorisme, un combat dans lequel l’Algérie est maintenant considérée comme un allié important des États-Unis, achève de discréditer les thèses du qui tue qui ?

S. T.

 

Victimes de la tragédie et victimes de la réconciliation

Mustapha Hammouche, Liberté, Jeudi 22 Juin 2006

Le Comité des droits de l’homme de l’ONU a, au cours de sa 86e session qui vient de s’achever à New York, rendu deux décisions au profit de familles de disparus. Il est demandé au gouvernement algérien de “mener des enquêtes approfondies” sur les cas de disparition, de rendre compte aux familles du résultat et, surtout, d’“engager des poursuites pénales contre les responsables de ces disparitions, de les juger et de les punir”.
Cette décision qui porte sur deux cas de disparus, dont les parents ont eu recours aux instances onusiennes, risque de susciter des émules au profit de la démarche et de faire jurisprudence en la matière. Elle contrarie en même temps la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, adoptée par référendum, qui fait assumer à l’État les conséquences des disparitions et qui exclut toute poursuite contre leurs responsables présumés.
Cette déconvenue extérieure survient au moment où la réconciliation est contredite, dans son aspect sécuritaire, par des actes terroristes qui se produisent aux portes d’Alger (explosion à Boumerdès, assassinat de paysans près de Blida…).
La charte avait, en effet, commencé par substituer, par le discours, un état de paix fictif à un état d’insécurité réel. En faisant coïncider la campagne pour la réconciliation nationale avec le reflux des capacités terroristes, on pouvait imposer une relation de cause à effet à rebours. L’affaiblissement militaire de l’islamisme a rendu possible la mise en œuvre de la loi sur la réconciliation nationale, mais, officiellement, la réconciliation nationale a permis le déclin du terrorisme.
L’ambiance n’étant plus à la résistance, le slogan continue tout de même à résister opiniâtrement à l’épreuve du terrain. Nous devons être très nombreux à penser qu’à force d’y croire, cette paix finira par devenir réalité. Sans à voir à se battre pour cela. Juste par la force de l’incantation. Déjà que du temps où le crime était au coin de la rue, nous étions si nombreux à ne pas le voir.
Et si, malgré cette paix particulière, nous étions acculés à prendre position, il y a toujours le “Qui tue qui” pour nous tirer d’affaire.
Alors que l’invalidation de cette question constituait une motivation essentielle de la démarche de réconciliation, la voilà remise au goût du jour par le Comité des droits de l’Homme de l’ONU chargé de l’application du protocole facultatif du pacte international relatif aux droits civils et politiques. L’approche globale de la question des disparus, telle qu’énoncée par la loi du 17 mars 2006, est remise en cause par les deux constatations du comité.
Le terrorisme n’étant pas un État qu’on peut faire interpeller par une instance internationale, on en est ainsi au point où les seules victimes du terrorisme restent liées par l’interdiction de toute poursuite judiciaire au motif d’un fait survenu au cours de “la tragédie nationale”. Et par un étrange retournement de situation, les terroristes seront, parmi les protagonistes de cette tragi-comédie nationale, les seuls bénéficiaires de l’impunité.

M. H.