Un étudiant algérien détenu arbitrairement est en danger de mort

Collectif
des
familles
de
Disparu(e)s

 

Un étudiant algérien détenu arbitrairement est en danger de mort

Boualem BOURDISSA est en grève de la faim illimitée depuis le 1er Juin 2004. Cet étudiant entend ainsi protester contre l’ajournement de son procès alors qu’il est détenu sans jugement depuis près de 5 années.

Enlevé le 20 octobre 1999 par le DRS, Boualem BOURDISSA a disparu pendant 1 an, durant lequel sa famille ignorait tout de son sort, les autorités algériennes niant son arrestation. Sa famille apprendra finalement par des sources non officielles sa détention à la prison militaire de Blida, et son inculpation dans une affaire d’appartenance à un réseau terroriste.

Déféré dans un premier temps devant le Parquet militaire de Blida, qui renverra finalement l’affaire devant le Parquet de la République du tribunal de Birmandreis, Boualem BOURDISSA devait être jugé le 14 février 2004, mais le procès a été reporté sin die à la demande du Parquet.

Après presque 5 années de détention arbitraire dans des conditions extrêmement difficiles, Boualem BOURDISSA, qui est actuellement détenu à la prison d’El Harrach, n’en peut plus d’attendre. Il a cessé de s’alimenter depuis 12 jours et son état de santé se dégrade de façon alarmante. Les six autres accusés de cette affaire auraient annoncé qu’ils allaient à leur tour débuter une grève de la faim, dès la semaine prochaine.

Parmi ces co-accusés, un autre étudiant, dont l’histoire est strictement identique : Khaled MATARI. A son sujet le Groupe de Travail sur la Détention Arbitraire de l’ONU a rendu l’avis suivant (n° 22/2003 du 27/11/03) :
« La détention de Mr. Khaled MATARI est arbitraire car elle contrevient aux articles 9 et 10 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et 9 et 14 du pacte international relatif aux droits civils et politiques auxquels la République Algérienne Démocratique et populaire est partie (…) »
« Le Groupe de travail demande au Gouvernement de la République Algérienne Démocratique et Populaire de prendre les mesures nécessaires pour remédier à la situation (…) »

Cette demande du Groupe est restée lettre morte et la situation de Khaled MATARI, comme celle de ses co-accusés, est inchangée.

Le Collectif des Familles de Disparu(e)s en Algérie, qui suit de très près cette affaire de disparition-détention tient les autorités algériennes pour responsables de l’intégrité physique et psychologique de M. Bourdissa et des six autres détenus.

Le CFDA demande instamment au gouvernement algérien de se conformer à l’avis du Groupe de travail sur la détention arbitraire, et à ses obligations internationales en matière de droits de l’Homme en faisant cesser sans délai la détention arbitraire de M. Matari, comme celle de ses six co-accusés, parmi lesquels M. Bourdissa, et de leur accorder une juste réparation, comprenant le dommage matériel et moral, ainsi que des mesures de réadaptation et de réhabilitation.

Le CFDA appelle toutes les organisations internationales de défense des droits de l’Homme à se mobiliser de toute urgence en faveur de M. Bourdissa et des autres étudiants détenus dans cette affaire.

Paris, le 13 Juin 2004

P/ le CFDA
Nassera Dutour