Disparitions forcées  
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Nom : Benkara

Prénom : Mustapha

Date de naissance (ou âge)  : 14 juillet 1953

Etat-civil   : Marié

Nombre d'enfants : 02

Profession : Chirurgien

Adresse : Aïn Benian (Alger)

Date de l'arrestation : 31 mars 1994

Heure : 12 heures

Lieu de l'arrestation : Lieu de travail (hôpital de Médéa)

Agents responsables de l'arrestation : Militaires

Résumé des faits : Citoyen âgé de 43 ans, chirurgien à l'hôpital de Médéa, demeurant Aïn Bénian (Chéraga), candidat FLN aux élections législatives du 26 décembre 1991, arrêté le 31 mars 1994 à 12 heures par des militaires à l'hôpital, en présence de ses confrères et du directeur de l'établissement hospitalier. Selon des témoins dignes de foi, il aurait été séquestré durant 25 jours à la gendarmerie de Médéa puis aurait été transféré par des éléments de la sécurité militaire vers la prison de Camora située à Ksar Boukhari. Il aurait été transféré de nuit aux urgences de l'hôpital où il travaillait, la tête couverte d'un drap avec une double fracture de la main et de la jambe suite à des tortures. Sa voix aurait été reconnue par ses confrères et les infirmiers de garde. Selon les dernières informations rapportées à sa mère (juin 1998) il serait selon des informations non vérifiées, détenu dans une prison secrète de Hassi Bahbah

Lieu (x) où la personne disparue a été localisée éventuellement :

  • Brigade de gendarmerie de Médéa (durant 25 jours).
  • Prison de Camora située à Ksar Boukhari.
  • Centre de détention de Hassi Bahbah.

Démarches entreprises par la famille :

  • Plainte auprès de la justice.
  • Lettres aux autorités politiques, à l'ONDH, au médiateur de la République et aux ONG internationales (Amnesty, HRW).

Observations :

  • Le docteur Benkara avait déjà été arrêté en 1993 par les services de sécurité qui l'avaient accusé de soigner des maquisards islamiques.

Témoignage de la famille   : (Mère Mme Benkara Messaouda, 1998)

Je recherche mon fils Benkara Mustapha, chirurgien à Médéa. Il était de garde en ce jeudi 31 mars 1994 à 11 h 30. Des policiers sont venus l'arrêter sur son lieu de travail. Il est resté 25 jours au commissariat de Médéa sous la responsabilité du commissaire Chebiri Mokhtar.

Nous lui envoyions régulièrement des repas et lui nous envoyait ses vêtements pour les laver.

Après 25 jours de séquestration au commissariat de Médéa, il fut transféré à la prison de Camora à Ksar Boukhari. Puis à nouveau il fut ramené au commissariat de Médéa. J'ai pu lui emmener de la nourriture. Puis j'ai appris qu'il venait d'être à nouveau transféré. Je me suis adressé au nouveau commissaire Haouès Mohamed qui venait de remplacer Chebiri Mokhtari. Il m'a informé que mon fils avait été pris par la Sécurité militaire pour l'emmener au camp militaire de Lodi, qui est situé en dehors de la ville de Médéa.

Je suis allée au camp de Lodi. Les militaires m'informèrent que mon fils n'était pas détenu dans ce camp.

Un mois et demi plus tard, j'ai appris par des infirmiers et des médecins de l'hôpital de Médéa que mon fils avait été ramené secrètement de nuit pour des radiographies. Il avait le visage recouvert d'un drap et présentait une fracture de la jambe et de la main. Les éléments de la sécurité militaire lui avaient ordonné de ne pas parler à l'hôpital pour que le personnel ne puisse pas reconnaître sa voix, sa tête étant recouverte d'un drap. Les agents de la sécurité militaire étaient constamment à son chevet. Ils ne laissaient personne l'approcher, de peur qu'il puisse être reconnu.

Au moment de faire la radiographie, mon fils lança au technicien radiologue : « Doucement, j'ai une fracture de la main ». Le technicien et les infirmiers reconnurent la voix de leur chirurgien. Il avait une fracture de la main et de la jambe.

Le personnel médical et paramédical terrorisé n'a pas osé m'informer sur le champs de peur des représailles. Ce n'est que par la suite et par une voie détournée que j'ai fini par apprendre cet épisode.

Par la suite j'ai appris que la Sécurité militaire l'avait transféré à Berrouaghia.

Son frère en allant à Chéraga a été arrêté lors d'un barrage militaire. En voyant le nom de Benkara, l'un des militaires lui ordonna de descendre et lui dit : « Quel lien de parenté as-tu avec le Dr Benkara, chirurgien ? ».

- C'est mon frère lui dit-il.

Le militaire lui dit alors discrètement que le Dr Benkara était entre les mains des militaires. Il refusa cependant de décliner son identité de peur des représailles.

Il y a deux mois nous avons appris qu'il était détenu au camp militaire de Bahbah. D'autres citoyens dont un médecin, un chauffeur et un marchand de pièces détachées avaient été arrêtés en même temps que lui. Ils avaient été détenus à la prison de Ksar Boukhari puis ont été jugés. Actuellement ils ont été libérés. Seul le citoyen Hadjout a été perdu de vue dès son arrestation.

J'ai frappé à toutes les portes. En vain !

Sa fille qu'il a laissée à l'âge de 2 ans est totalement détraquée. Elle demande régulièrement après son père.

Cela fait 4 années et trois mois.

 
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