Mohamed Amine Rabah Ajine a « disparu »

Collectif des familles de disparu(e)s en Algérie

La vague de répression se poursuit à Tiaret : Mohamed Amine Rabah Ajine a « disparu »

Depuis le 19 juin 2006, la famille de Mohamed Amine Rabah Ajine n’a plus de nouvelles de lui. Il projetait de se rendre en Turquie le 20 juin. Le 19 juin, il a appelé sa famille pour confirmer son départ pour Istanbul le lendemain et, depuis cette date, il n’a plus donné aucun signe de vie.

Le CFDA et SOS Disparu(e)s viennent d’apprendre par la famille Ajine que Mohamed Amine Rabah Ajine était détenu à la Caserne Antar. La famille Ajine a obtenu ses informations de la part d’un parent de détenu qui avait été incarcéré à la Caserne Antar avec Mohamed Amine Rabah Ajine. Tout comme Mohamed Amine Rabah Ajine, Zinedine Belaacel, Madjid Touati et Mohamed El Habib Boukhami font partie des nombreuses personnes qui sont détenues au secret à la Caserne Antar, à la suite d’une vague d’arrestations et de répression brutale touchant la wilaya de Tiaret depuis plusieurs mois.

En effet, les circonstances de la disparition de Mohamed Amine Rabah Ajine rappellent celles de Madjid Touati, Mohamed El Habib Boukhami et Zinedine Belaacel. Ces derniers étaient aussi disparus dans des circonstances similaires. Quant à Mohamed El Habib Boukhami, il avait fuit son domicile à la suite d’une perquisition menée le 18 juin 2006 par la « Sécurité Militaire » (DRS : Département du Renseignement et de la Sécurité). Il s’était réfugié à Alger en compagnie de Zinedine Belaacel, lui aussi recherché par la « Sécurité Militaire ». Mohamed El Habib Boukhami avait appelé une dernière fois sa famille le 2 juillet 2006 en disant que Zinedine Belaacel et lui voulaient se rendre. Sa famille est restée sans nouvelles de lui depuis ce jour.

Aujourd’hui, le CFDA et SOS Disparus considèrent que ces quatre détentions au secret sont vivement inquiétantes dans la mesure où plusieurs éléments leur permettent de croire que de sérieuses menaces pèsent sur la vie de ces personnes. Ainsi, le délai de garde à vue de 12 jours, prévue par la législation algérienne en matière de terrorisme, est aujourd’hui largement dépassé.

Au moment même où Abdelaziz Bouteflika tente d’orchestrer la réconciliation nationale et la paix en Algérie avec des textes de loi, ce regain de violence vient rappeler que la réalité est toute autre. Le maintien illégal de l’état d’urgence et des mesures sécuritaires d’exception permet encore aujourd’hui de violer les droits les plus élémentaires des Algériens.

Appliquant leurs principes de travail, le CFDA et SOS Disparus ont effectué une saisine de la procédure d’urgence du Groupe de Travail sur la Détention Arbitraire (GTDA) afin que celui-ci se mette rapidement en contact avec les autorités algériennes pour qu’elles donnent des informations sur le sort de Mohamed El Habib Boukhami, Zinedine Belaacel, Mohamed Amine Rabah Ajine et Madjid Touati.

Le CFDA et SOS Disparus demandent instamment aux autorités algériennes de lever le secret sur la détention de ces personnes, de leur permettre de contacter leur famille et leur avocat, pour se défendre des faits qui pourraient leur être reprochés.

Fait à Paris, le 17 août 2006
P/ Le Collectif des familles de disparu(e)s en Algérie,
Nassera Dutour Porte-parole