Hamid Grine, à propos des journaux en difficulté : « Où est passé l’argent ? »

Hamid Grine, à propos des journaux en difficulté : « Où est passé l’argent ? »

Hayet Amari, TSA, 7 juin 2014

Hamid Grine est revenu, ce samedi 7 juin, sur la situation de nombreux titres de presse, confrontés à des difficultés financières malgré un soutien de l’État qui dure depuis de nombreuses années. En visite à Tizi Ouzou, le ministre de la Communication a profité de la question d’un journaliste du journal El Fadjr pour évoquer la situation de la presse nationale.

« Il faut enlever cette mentalité d’assistés. Il faut allez vers la compétitivité. 160 journaux. Combien sont-ils viables ? », s’est interrogé M. Grine. Avant de répondre : « Une vingtaine, à tout casser ». Selon le ministre, l’État a soutenu la plupart des journaux en difficulté. Mais les résultats tardent à venir. « Moi je ne vois aucune promesse, aucune perspective de développement », a-t-il expliqué.

Selon Hamid Grine, de nombreux journaux sont en difficulté et endettés malgré le soutien de l’État. « Il faut alors se poser la question : pourquoi certains journaux, avec des rentrées publicitaires de 30 millions de dinars, des charges de fonctionnement de 7 millions de dinars, soit 23 millions de dinars de bénéfices, sont-ils incapables de payer les imprimeries de l’État ? », a-t-il souligné. « Je pose la question : où est passé l’argent ? Est-ce que les imprimeries privées ont autant de créances à recouvrir à l’extérieur ? Bien sûr que non », a-t-il répondu.

Anep : « On ne peut pas continuer comme ça »

Pour le ministre de la Communication, « il y a certaines vérités qu’il faut dire ». « L’entreprise de presse, au-delà de sa mission d’informer, est une entreprise a vocation économique. Elle doit dégager une plus-value, un bénéfice qu’elle doit investir dans la formation des journalistes et le développement du journal ». « Montrez-moi un journal, un seul, qui s’est développé, ces dix dernières années », s’est-il interrogé. « Pourtant la plupart ont bénéficié d’une importante manne publicitaire. Par conséquent, il faut revoir tout ça », a-t-il dit.

Dans ce contexte, Hamid Grine laisse entendre qu’il va revoir le fonctionnement de l’Anep. « Jusqu’à présent, je n’ai pas touché au plan media de l’Anep. Mais on ne peut pas continuer comme ça. Le Président, dans sa lettre du 3 mai adressée à la presse, a défini les règles pour la presse : professionnalisme et commercialité. Pour l’instant les deux règles sont rares », a-t-il dit. Avant de conclure sa réponse : « Vous me dites : est-ce que l’État va aider la presse ? Oui, mais pas toute. Seulement les médias qui vont se reformer et s’inscrire dans notre projet de presse professionnelle ».