Relations algéro-françaises vues par WikiLeaks

Relations algéro-françaises vues par WikiLeaks

Confidences d’un responsable du Quai d’Orsay

El Watan, 23 février 2011

Les autorités françaises reprochent, en secret, au «régime algérien» d’attaquer souvent la France et le Maroc pour détourner l’attention. C’est ce qui ressort d’un câble de l’ambassade américaine à Paris révélé lundi 21 février par WikiLeaks.

Le document, daté du 8 février 2010, évoque le contenu d’une rencontre entre l’ambassadeur US et Cyrille Rogeau, sous-directeur chargé de l’Afrique du Nord au ministère français des Affaires étrangères.
Cette attitude se vérifierait notamment lorsque le pouvoir algérien est en butte à des problèmes internes. Le responsable français ne nie par ailleurs pas que les deux pays ont traversé une crise tellement grave que leurs relations s’en sont trouvées gelées pour un temps.
«Glaciale», «gelée» sont en effet les mots les plus employés par le diplomate pour décrire la relation tendue entre Alger et Paris. Celui-ci a même confié à son interlocuteur que «tout est bloqué».

La cause principale de ce blocage ? Cyrille Rogeau pense que ce raidissement est dû au conflit du Sahara occidental, au dossier des moines de Tibhirine et à l’affaire Hasseni, le diplomate algérien arrêté à Marseille en 2008 dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de l’opposant Ali Mécili. Diplomate qui, finalement, sera blanchi. Cyrille Rogeau pense que c’est pour «ces raisons que le président Bouteflika n’a pas visité la France depuis l’arrivée du président Sarkozy au pouvoir, en 2007. Celui-ci n’est pas non plus retourné en Algérie depuis sa visite en 2007», a-t-il dit.
Le responsable français s’est tout de même réjoui du fait que les élites algériennes au pouvoir demeurent «francophiles». Tout en regrettant le fait que les Algériens mettent l’accent sur «ce qui ne va pas», M. Rogeau pense qu’«il faudrait encore une autre génération avant la normalisation».

Force est de constater que l’analyse du diplomate français rejoint en tous points la réflexion de Bernard Kouchner, ex-ministre français des Affaires étrangères, dans laquelle il avait évoqué, à peu près à la même période, l’obstacle de la génération du FLN historique et de la guerre de Libération nationale. La lutte contre le terrorisme constitue l’autre point positif évoqué par Cyrille Rogeau. D’après lui, l’Algérie reste un partenaire fiable dans ce domaine.
Il reprochera toutefois aux Algériens de refuser systématiquement d’élargir la coopération en matière de lutte contre le terrorisme au-delà du strict cadre bilatéral. M. Rogeau estime que ce n’est que de la sorte que les Algériens peuvent avoir un meilleur contrôle sur leur lutte contre le terrorisme.
Zine Cherfaoui

 

Wikileaks :Le régime Algérien attaque la France pour détourner l’attention de l’opinion publique
El Watan, 22 février 2011

En décembre 2007, Nicolas Sarkozy s’est rendu en Algérie pour s’informer sur l’état de santé de Bouteflika qui suscite beaucoup d’inqiétude parmi les officiels français, révèle un câble obtenu par Wikileaks.

Dans un câble diplomtique révélé par Wikileaks, Cyrille Rogeau, sous-directeur en charge de l’Afrique du nord au ministère français des affaires étrangères, rapporte que l’affaire des moines de Tibhirine a rendu « les relations glaciales » entre la France et l’Algérie.

Datant du 08-02-2010, ce câble diplomatique américain nous apprend que « tout est bloqué » dans les relations franco-algériennes à cause des accusations portées en France contre l’Armée Algérienne dans l’assassinat des moines de Tibhirine. Cependant, Cyrille Rogeau croit savoir que « pour détourner l’attention de lui-même, le régime algérien attaque souvent la France »!
Et si « le président Bouteflika n’a pas visité la France depuis que le président Sarkozy est arrivé au pouvoir en 2007 », c’est que le régime Algérien « reste très contrarié » par les positions françaises, souligne aux diplomates américains Cyrille Rogeau.

Par ailleurs, en 2007, Nicolas Sarkozy s’inquiétait beaucoup à propos de l’état de santé de Bouteflika. Un câble diplomatique de l’ambassade américaine à Paris, révélé par Wikileaks, nous apprend que les diplomates américains inscrivent la visite du président Français en Algérie du 3 au 5 décembre 2007, dans l’optique d’obtenir plus de renseignements sur « la santé » d’Abdelaziz Bouteflika.

Selon ce câble diplomatique datant du 20-11-2007, il n’y a pas que la situation sécuritaire en Algérie qui préoccupe la France. D’après les diplompates américains en poste à Paris, Nicolas Sarkozy tenait à avoir plus d’informations sur l’Etat de santé du président de la République, Abdelaziz Bouteflika.

Par ailleurs, en décembre 2007, les diplomates français, confie encore Cyrille Rogeau, ont trouvé que la visite de Nicolas Sarkozy en Algérie n’était pas opportune. Et pour cause, cette visite présidentielle « survenait immédiatement après les élections municipales algériennes », indique Cyrille Rogeau qui craiganait, selon les révélations de ce câble, que l’issue de ces élections brouille « la perception » de la situation politique en Algérie.

D’autre part, un autre câble révèle la position française sur la question du Sahara Occidental. En effet, Cyrille Rogeau a affirmé aux diplomates américains que « les Algériens refusent d’assumer leur responsabilité dans la non résolution du conflit au Sahara occidental ». Et si l’Algérie est sévèrement accusée, le Maroc, lui, est ménagé.

Mieux encore, Cyrille Rogeau révèle également, rapporte ce câble, que « la décision d’un juge d’instruction français d’émettre des mandats d’arrêt internationaux contre des anciens et actuels responsables marocains » dans l’affaire de l’assassinat de l’opposant Ben Barka a déplu à Nicolas Sarkozy qui se trouvait à ce moment-là en visite d’Etat au Maroc, en octbore 2007.

Rachida Dati, ministre de la Justice à l’épqoue au gouvernement français, était même furieuse contre ce juge. Dans ce câble diplomatique classé « secret », ce juge d’instruction a était même qualifié de « zélé à la recherche de publicité » !
Abderrahmane Semmar