Les États-Unis lancent de nouvelles initiatives commerciales

Pour contrer Pékin, Tokyo, Berlin, New Delhi, Pretoria, Rio Janeiro…

Les États-Unis lancent de nouvelles initiatives commerciales

Par : Djamel Bouatta, Liberté, 4 août 2014

Pour la première fois dans leur histoire, les États-Unis reçoivent, en effet, sur leur sol, autant de chefs d’État et de gouvernement africains : quasiment l’Union africaine a été conviée à participer à cette rencontre. Seuls trois présidents, qui sont mal vus par les States, n’ont pas été invités. Il s’agit des chefs d’État du Zimbabwe, du Soudan et de l’Érythrée. En organisant ce sommet, Barack Obama promet d’ouvrir un nouveau chapitre dans les relations Afrique/États-Unis par de nouvelles initiatives dans les domaines du commerce et des infrastructures, qui sortent du cadre bilatéral pour concerner le continent dans son ensemble.
En réalité, il veut surtout marquer sa présidence par cette initiative dans un continent dont il est originaire et qu’il a négligé, sauf pour ce qui est du volet militaire et sécuritaire. Bill Clinton a eu son Agoa, loi qui facilite l’accès des pays africains au marché américain, et W. George Bush, son Pepfar (lutte contre le sida). Barack Obama, lui, voit plus grand : prendre pied dans le marché africain. Un objectif déjà assumé par des mastodontes pétroliers et miniers américains qui n’ont pas attendu les exhortations du premier président noir américain.
Les entrepreneurs américains, dont les investissements actuels en Afrique représentent à peine 0,7% du total des capitaux américains investis dans le monde, savent les perspectives de son développement économique spectaculaire au cours des dernières décennies qui en font l’une des régions les plus dynamiques du monde avec une croissance moyenne annuelle dépassant 5%. Il y a de formidables opportunités d’affaires pour eux, et ils comptent bien ne pas rater ce grand marché en émergence.
Le sommet de Washington servira donc à mettre tout cela en perspective et à fixer les priorités, et cela, en collaboration avec les leaders et les décideurs africains. C’est cela aussi l’une des nouveautés de cette rencontre au sommet qui sera, aux dires des conseillers africanistes de Barack Obama, une occasion pour élaborer une stratégie, pas “pour l’Afrique”, mais “ensemble, avec l’Afrique”. Barack Obama a averti ses invités : “No aid, more trade” (pas d’aide, plus de commerce). Le sommet ne se terminera pas par une distribution de chèques, comme cela se passe d’habitude à Pékin ou à Tokyo, à l’occasion des raouts similaires, ont expliqué des proches de la Maison-Blanche. Barack Obama qui affectionne les mots va discourir durant trois journées sur cette nouvelle impulsion qu’il entend imprimer aux relations entre L’Amérique et l’Afrique. “Power Africa” et “Trade Africa”, pour déboucher sur plus de commerce et d’investissements.
Comment ? Quand ? Pour qui ? À quel prix ? Qui sera sacrifié ? Ces questions sont en suspens, sans réponses. La société civile africaine invitée en force à cette party s’attend, pour sa part, à ce que Barack Obama redise officiellement, devant ses homologues africains, son soutien aux idéaux de la bonne gouvernance, de la transparence et du respect des droits de l’Homme, qu’il avait brandi à l’occasion de son premier périple africain dans la capitale du Ghana.
En recevant à Washington, une semaine avant l’arrivée des chefs d’État, 500 jeunes entrepreneurs africains, Barack Obama leur a dit combien il comptait sur la jeunesse africaine pour bâtir cette Afrique “forte et autonome” qu’il appelle de tous ses vœux. Cela étant, de multiples dirigeants africains ont pérennisé leur pouvoir sans qu’Obama trouve à redire.
Au contraire, il les aurait même félicités pour leur endurance, sans accorder le moindre regard sur leurs opposants. Comme dans les séries US, chacun d’eux a reçu sa feuille de route et il leur a été demandé de ne pas venir avec de longs discours.

D. B.