L’Algérie souhaite un «Schengen méditerranéen»

L’Algérie souhaite un «Schengen méditerranéen»

par S. R., Le Quotidien d’Oran, 31 mars 2008

Un espace euro-méditerranéen sans dimension humaine est promis à des «déboires». Tel est le message lancé, sur le ton de la mise en garde, par la diplomatie algérienne. Convié par le «Forum de Paris» à débattre du pourquoi et du comment d’une Union pour la Méditerranée, l’ambassadeur d’Algérie en France en a profité pour résumer la position de l’Algérie. Depuis l’annonce de l’initiative française, l’Algérie s’est contentée de réagir par des propos de circonstance par la voix du chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, et du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. L’un et l’autre ont rappelé le soutien de principe d’Alger à toute dynamique euro-méditerranéenne. Missoum Sbih est allé bien au-delà d’une position diplomatique convenue.

«Si on fait délibérément abstraction de la dimension humaine et politique du projet, on l’expose inéluctablement à des déboires prévisibles», a-t-il averti, lors d’un panel thématique sur la circulation des hommes en Méditerranée. Epineuse, s’il en est, cette question a cristallisé les interventions au forum de cette année. Tous les conférenciers qui se sont succédé pendant trois jours à la tribune de l’UNESCO en ont dit quelques mots. L’ambassadeur algérien en a fait le thème central de son intervention, en plaçant la dimension humaine «au coeur de la problématique» de l’Union pour la Méditerranée. En présence du ministre français de l’Immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du co-développement, Brice Hortefeux, le diplomate a affirmé que la logique observée jusque-là n’est plus tenable. «On ne peut plus, comme le faisait le processus de Barcelone, continuer à prôner la libre circulation des biens, des capitaux et des services et, en même temps, multiplier les restrictions à la circulation des personnes».

Selon Sbih, les pays du Sud attendent «avec intérêt» la phase des consultations sur le projet pour souligner l’urgence qu’il y a, à inscrire la dimension humaine au premier rang de l’agenda de l’Union. La diplomatie algérienne qualifie la dimension humaine d’élément «le plus structurant» et le «plus porteur» des rapports entre les deux rives. Aussi plaide-t-elle pour qu’elle soit «érigée en un pilier à part entière» dans le projet. Plus globalement, l’Algérie propose, par la voix de son représentant à Paris, d’asseoir les bases d’un espace euromed, d’un «Schengen méditerranéen» qui serait «autre chose qu’un Barcelone II».