La galère UPM

LA GALERE UPM

par K. Selim, Le Quotidien d’Oran, 14 avril 2010

Les Arabes persistent, malgré l’évidence, à s’embarquer dans la galère de l’Union pour la Méditerranée. Apparemment, il a suffi qu’un Jordanien, citoyen d’un Etat arabe qui a des relations diplomatiques avec Tel-Aviv, prenne la fonction de secrétaire général de l’UPM pour qu’ils croient avoir engrangé un gain. C’est bien dérisoire !

Alors qu’on assiste à l’absence de réactions – les rares prises de position sont d’une mollesse remarquable – à l’annonce d’une opération d’épuration ethnique qui consiste à renvoyer des dizaines de milliers de Palestiniens de Cisjordanie vers Ghaza, les Arabes de l’UPM discutaient, à Barcelone, d’une «stratégie de l’eau en Méditerranée».

Les purificateurs ethniques de la Cisjordanie ne sont pas seulement présents, mais ils veillent à ce que les Arabes de l’UPM n’aient même pas le droit d’évoquer les «territoires occupés». C’est, rapporte l’AFP en citant une source européenne, un «désaccord entre Israël et les pays arabes autour d’une référence aux territoires palestiniens». Le passage qui «bloque» la stratégie de l’eau en Méditerranée vise, évoque l’impératif de «promouvoir le développement durable, l’éradication de la pauvreté, la paix, la sécurité internationale et la justice (…), l’éradication des causes profondes des difficultés (y compris sur les territoires occupés)».

Il faut remarquer ce magnifique exercice d’équilibre européen qui parle de désaccord entre Arabes et Israéliens, sans se soucier du fait qu’il porte sur une notion reconnue par l’Onu, celle des «territoires occupés». Là où l’on aurait dû avoir un désaccord entre tous les membres de l’UPM, les Européens se la joueraient «neutres». Admirables ces Européens… Ils veulent faire de l’UPM un instrument de normalisation entre le monde arabe et Israël, mais ils ne sont même pas capables de relever qu’il existe bien des territoires occupés et encerclés ! Apparemment, Israël n’occupe rien, ce sont les Palestiniens qui l’occupent !

Il faut néanmoins reconnaître que l’Europe ce continent de la solution finale – n’a jamais caché qu’elle ne désobligera guère Israël. On l’a encore vu récemment après l’usage de passeports européens dans une opération terroriste à Dubaï : les Européens n’ont pas osé nommer Israël, comme si c’était des extraterrestres qui avaient été filmés par les caméras de surveillance.

Il n’y a au fond rien à dire sur les Européens, on ne peut les forcer à l’équité… Par contre, la présence des Etats arabes dans cette galère de l’UPM, où Israël va jusqu’à leur interdire d’évoquer les territoires occupés formule on ne peut plus neutre – est intenable. Elle est d’autant plus choquante qu’à Tel-Aviv on ne s’embarrasse guère de formules et on se moque de ce que les Arabes nomment la paix. Comment discuter de l’eau avec un Etat qui annonce qu’il va bannir des milliers de Palestiniens de leur pays !

La complaisance des Arabes à l’égard des Européens dont le seul intérêt pour l’UPM est politique et consiste à obtenir, sans aucune contrepartie, une normalisation avec Israël – est une honte.