Les travailleurs de Sonatro décident de passer la nuit au siège de l’UGTA

Licenciés et sans salaires depuis plus d’une année

Les travailleurs de Sonatro décident de passer la nuit au siège de l’UGTA

El Watan, 24 mai 2010

Les travailleurs de la Société nationale des travaux routiers (Sonatro) ne savent plus à quel saint se vouer.

Ne percevant plus de salaires depuis près de quatorze mois, ces quelque 370 ouvriers estiment avoir été licenciés abusivement et attendent donc leur réintégration. Rassemblés une énième fois hier sur le parvis de la Maison du peuple, ils étaient quelques dizaines à attendre résolument que du concret leur soit apporté. Tentant de s’abriter tant bien que mal du soleil sur les quelques marches du siège de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), la lassitude et la déception étaient lisibles sur leurs visages. « Nous camperons ici et passerons la nuit s’il le faut ! », s’exclame l’un des travailleurs. « Aujourd’hui que la situation, des plus précaires, il y a quelques mois, de l’entreprise a été assainie, ils butent sur une question aussi simple que la date de notre réintégration », poursuit l’un de ses compagnons de fortune. D’autant plus que le secrétaire général de l’UGTA, Abelmadjid Sidi Saïd, leur a, à maintes reprises, assuré non seulement son soutien, mais leur a même avancé plusieurs dates de reprise des activités. « Lundi dernier, Sidi Saïd a tenu une réunion avec quatre de nos représentants syndicaux, dont moi-même », affirme un quinquagénaire. « Durant cet entretien, nous lui avons expliqué les affres que nous subissons depuis plus d’une année. Compatissant, il nous a déclaré que nous serons réintégrés à partir de juin », confie-t-il. « Mais ce mois approche à grands pas et aucun détail ne nous a été livré, quant à la date précise de reprise, ni les modalités », tempêtent toutefois, de concert, les employés. D’où leur présence. « Nous ne sommes pas des enfants auxquels l’on peut donner quelques friandises afin de les amadouer. Et tant qu’un engagement écrit ne nous est pas remis, portant mention de la date de réintégration, nous ne décamperons pas ! », martèlent-ils, obstinément.

« Donner une date, c’est mentir »

Pourtant, les choses ne sont pas aussi simples, estime-t-on du côté de la centrale syndicale. L’un des responsables de l’Ugta, en charge du dossier Sonatro, affirme qu’au terme d’un long processus de sauvetage, semblable à la rémission d’un comateux, la société est en passe de renaître de ses cendres. « Donner une date, c’est mentir. Car il ne faut pas précipiter les choses. Plusieurs réunions de travail ont été tenues avec, entre autres, le ministère de tutelle et la Société de gestion des participations (SGP) », explique-t-il. « Des plans d’action et de relance ont été discutés puis décidés. Mais tous les détails n’ont pas encore été examinés, dont le volet de la réintégration des ouvriers licenciés », poursuit-il. « Une décision définitive, quant à la situation de Sonatro, sera certainement prise durant la réunion qui aura lieu d’ici à la fin de cette semaine », assure le syndicaliste. Même son de cloche du côté de la SGP, où l’on confie que la société « retrouvera enfin son lustre d’antan et qu’elle sera viable et compétitive », tout en admettant ne pas être au fait des détails concernant l’effectif humain. « Seule la direction concernée connaît ces détails », avance-t-on. La direction de Sonatro, injoignable hier, ne pourra donc pas apporter plus d’éclaircissements et, ainsi, redonner espoir à ces 370 travailleurs. Ils étaient d’ailleurs plus nombreux – plus d’une centaine –, en fin de journée, à observer un sit-in dans la cour de la Maison du peuple, bien résolus à y passer la nuit. Et ce, en dépit de la menace d’évacuation forcée brandie par les responsables de la centrale. « Ils ne nous délogeront pas tant que nous ne repartirons pas avec une date fixe », rétorquent-ils.

Par Ghania Lassal