Intersyndicale : vers le report du mouvement de protestation

Les violences et les saccages à béjaïa semblent l’en avoir dissuadée

Intersyndicale : vers le report du mouvement de protestation

Liberté, 5 janvier 2016

Le Snapap, très actif dans tous les secteurs de la Fonction publique, a annulé sa grève annoncée pour hier, en raison de la détérioration de la situation à Béjaïa.

L’intersyndicale autonome de la Fonction publique, qui se réunira le 7 janvier prochain pour dégager les suites à donner au mouvement de grève cyclique, entamé à l’automne de l’année dernière, en guise de protestation contre la réforme de la retraite, risque de décider de surseoir à la grève. Les syndicats membres font montre de craintes quant aux incidences qu’un débrayage dans le contexte présent pourrait provoquer. Les émeutes, avec leur lot de saccages et de violences, qui ont éclaté dans la wilaya de Béjaïa, notamment dans le sillage de la grève des commerçants, semblent un facteur dissuasif.
En effet, conscients des risques de détournement de leur protestation, les membres de l’intersyndicale préfèrent, apprend-on de bonne source, attendre de voir plus clair avant de décider quoi que ce soit. Aussi, ils comptent dédier le conclave de samedi prochain à l’analyse de la situation et à l’évaluation du risque de phagocytage de leur protestation par les émeutiers, comme cela été le cas pour la grève des commerçants. Le secrétaire général du Satef nous a affirmé à ce propos que “l’intersyndicale se retrouvera autour d’une table pour analyser sereinement la situation et décider ensuite s’il faut ou non prolonger le mouvement de protestation”.
Mais il apparaît clairement, à travers le propos du responsable syndical, que l’envie de reconduire l’action de protestation radicale s’est atténuée, conséquence certainement des dérives de ce début d’année dans les wilayas de Kabylie notamment. “Si on juge que notre décision va jeter de l’huile sur le feu en ce moment, il est sûr qu’il sera question d’un report de notre mot d’ordre de grève”, affirme-t-il clairement.
Le Snapap, très actif dans tous les secteurs de la Fonction publique, avait programmé, on se rappelle, un débrayage pour hier mercredi. Une grève qu’il a dû annuler suite à la détérioration de la situation à Béjaïa. La même appréhension pourrait dicter au syndicat de plaider, samedi, pour surseoir momentanément à la protestation envisagée depuis plusieurs semaines.
La nature de cette protestation a commencé à se décliner au terme des réunions des organes délibérant des syndicats, organisés durant les dix derniers jours du mois de décembre, à savoir la reconduction de la grève cyclique. C’était avant les événements de Béjaïa. Ce qui pourrait modérer les ardeurs des syndicats autonomes, c’est que même si l’objet de la protestation demeure, la nature du problème a, elle, un tant soit peu changé. Le gouvernement, sous la pression de l’intersyndicale, a consenti à une petite concession, mais une concession tout de même, en amendant son projet de loi relatif à la retraite dans le sens de maintenir la retraite anticipée pour encore deux ans, pour seulement ceux d’entre les salariés qui auraient atteint 58 ans et plus en 2017 et 59 ans en 2018.
Les syndicats de l’éducation, les plus déterminés parmi les membres de l’intersyndicale lors des débrayages passés, semblent, quant à eux, avoir retrouvé un intérêt à se mettre autour de la table du dialogue avec la tutelle. La ministre s’est engagée, hier, à des bilatérales en fonction de son agenda. Des consultations sur tous les dossiers pédagogiques et socioprofessionnels. Mais d’ores et déjà, une stratégie se dégage.
En raison des ponctions sur les salaires qui font hésiter les fonctionnaires quant à recourir à la grève, les syndicats autonomes comptent exploiter l’approche des prochaines échéances électorales, les élections législatives notamment, pour mettre la pression sur les autorités.

Amar Rafa