Les établissements scolaires en grève aujourd’hui et demain

L’intersyndicale de l’éducation revient à la charge

Les établissements scolaires en grève aujourd’hui et demain

Karima Mokrani, La Tribune, 23 Avril 2006

Deux autres jours de grève dans les établissements scolaires du pays, aujourd’hui et demain, à l’appel de la Coordination intersyndicale de l’éducation nationale (CITE), une organisation autonome à l’origine des derniers mouvements de protestation dans le secteur. La coordination regroupe quatre organisations syndicales : le Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (CNAPEST), la Coordination des lycées d’Alger (CLA), le Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (SATEF) et le Syndicat d’entreprise des travailleurs de l’éducation (SETE Béjaïa). Les deux premières ne sont pas reconnues par les pouvoirs publics et leurs animateurs sont considérés comme des agitateurs. Les animateurs des quatre syndicats ont été traînés plusieurs fois devant la justice et sont actuellement sous contrôle judiciaire. Cela ne semble pas pourtant entamer leur détermination à «poursuivre la lutte jusqu’à la satisfaction de leurs revendications». Ces dernières sont au nombre de trois : revalorisation des salaires pour toutes les catégories de travailleurs du secteur, promulgation d’un statut particulier dans le cadre du statut de la Fonction publique et, enfin, respect des libertés syndicales et du droit à la grève. Des revendications qui ne peuvent pas être satisfaites dans l’immédiat, selon les affirmations maintes fois répétées par le ministre, M. Boubekeur Benbouzid, qui estime qu’elles dépassent son secteur (les salaires et le statut). Les réponses du ministre ne convainquent pas les quatre syndicats. Des rencontres ont eu lieu entre les deux parties pour désamorcer le conflit mais elles se sont terminées en queue de poisson. «A aucun moment, nous n’avons perçu un signe d’apaisement de la part de la tutelle qui persiste dans son refus de débattre le fond du problème […] La tutelle use de manœuvres dilatoires pour diviser nos troupes et nous décourager. En vain. Les travailleurs de l’éducation nationale sont convaincus de la justesse de leurs revendications et sont bien déterminés à aller au bout de leur action. Ce sont eux qui ont appelé à la grève et non pas nous les porte-parole», ont affirmé les représentants de la coordination dans une récente déclaration à la presse. Le conflit se prolonge et les élèves en pâtissent. L’adhésion à ce dernier mouvement de protestation sera-t-elle aussi importante que les fois précédentes ? Ce n’est pas évident, sachant que l’un des membres les plus actifs de la coordination jusqu’à il y a encore quelques jours, l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (UNPEF) en l’occurrence, se démarque complètement du mouvement. «La grève décidée par l’intersyndicale pour les 23 et 24 avril prochains ne nous concerne pas», a déclaré vendredi dernier son président, M. Mohammed Ider, dans une conférence de presse tenue à Alger. M. Ider va même jusqu’à contester la représentativité des animateurs de l’organisation intersyndicale : «Ce n’est pas au nom de la coordination que l’appel à la grève a été lancé, car la coordination appartient à tout le monde, y compris l’UNPEF […] Ce ne sont pas quatre écoles de Tizi Ouzou ou d’Alger qui vont nous dicter la conduite à suivre.»

K. M.