Reprise totale de l’activité des greffiers

Après une semaine de paralysie des tribunaux et cours

Reprise totale de l’activité des greffiers

El Watan, 28 février 2011

Après une grève d’une semaine, les greffiers ont repris hier leurs activités. Les revendications pour lesquelles ils ont déclenché leur mouvement de protestation ont été prises en charge dans le cadre d’un accord signé mercredi dernier, avec le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz.

Hier, la reprise a été totale dans l’ensemble des tribunaux et cours du pays, alors que jeudi dernier, elle était timide. Les grévistes restaient «sceptiques» quant aux réponses apportées par le ministre, «mêmes si elles sont notifiées par un procès-verbal». Un sentiment légitime dans la mesure où le même ministre avait tenté de casser le mouvement de grève par le recours aux huissiers de justice par réquisition.

Une décision jugée illégale par les professionnels du droit, notamment les avocats qui ont refusé de plaider devant des juridictions dont la composante comprend des huissiers de justice. Ce qui a fait reculer le ministère, d’autant que le mouvement de protestation n’a pas fléchi. Bien au contraire, la grève s’est élargie à plus des deux tiers des cours et tribunaux, notamment après la première réunion avec le ministre, tenue mardi dernier, et qui n’a pas abouti à un accord. Ce n’est que mercredi soir, et contre toute attente, que le garde des Sceaux a appelé les greffiers à une autre rencontre qui a débouché sur la fin de la grève. En fait, M. Belaïz s’est engagé à promulguer le texte relatif au nouveau régime indemnitaire, de régulariser la situation de certains logements de fonction occupés par les greffiers, et ce, après enquête, à œuvrer auprès des institutions concernées pour faire bénéficier les greffiers des différentes formules du dispositif d’aide pour l’acquisition de logement. Le ministre a également pris sur lui de régler le problème du transport à travers les œuvres sociales, qui, dans un premier temps, sera destiné au personnel du greffe des cours, avant que l’opération ne soit généralisée progressivement. Pour ce qui est des conditions de travail des greffiers, notamment la maltraitance dont ils disent avoir fait l’objet de la part de certains procureurs, Tayeb Belaïz «a promis» de mener «une enquête» avant de prendre les décisions nécessaires.

La même promesse que le ministre avait faite aux magistrats lorsqu’ils se sont plaints des «dérives» de l’inspecteur général. Au sujet de la plus importante revendication de la plate-forme, à savoir la révision du statut du personnel du greffe, «qui demande une étude approfondie», il a été décidé d’un commun accord de la mise en place d’un groupe de travail qui aura pour mission d’élaborer une nouvelle mouture.
Tous ces engagements n’ont pas pour autant ramené la sérénité dans les rangs des contestataires. Une bonne partie d’entre eux ont «exigé des réponses immédiates» de peur «des promesses creuses». Ce qui a engendré une division dans les rangs.
Si certains tribunaux et cours, notamment à l’est du pays, ont repris dès jeudi matin le travail, d’autres comme au centre du pays, dont Alger, sont restés totalement paralysés. Ce n’est qu’hier que les activités du greffe ont repris. Pour sa part, le Syndicat national des greffiers, qui, dès le départ du mouvement de protestation, est resté à l’écart vu les sévères critiques exprimées à son encontre, a annoncé sa dissolution.

Une perte, affirment certains qui estiment que c’est au bureau de démissionner. «Il aurait fallu exiger la démission du bureau et appeler à une assemblée générale pour renouveler toutes les structures de l’organisation pour être dirigée par les élus qui défendent la corporation», déclarent de nombreux greffiers du tribunal de Sidi M’hamed, près la cour d’Alger. D’autres, par contre, défendent le principe d’aller vers un nouveau syndicat «qui n’a absolument rien à voir ni de près ni de loin avec celui qui s’est mis en travers de la lutte pour les droits socioprofessionnels des greffiers. Nous ne voulons plus entendre parler de ceux qui ont failli à leur mission. Un nouveau cadre est le plus indiqué».

Entre les avis des uns et des autres, force est de constater que les greffiers, et à travers leur mouvement de protestation, ont montré l’importance de la mission qu’ils exercent au sein de la justice.
Ils constituent l’épine dorsale de l’activité judiciaire qui impose un statut et de la considération à la hauteur de leur métier. C’est d’ailleurs à ce titre que la Ligue algérienne des droits de l’homme dirigée par Me Boudjemaâ Ghechir, ainsi que le Conseil de l’ordre des avocats d’Alger ont exprimé leur soutien à la grève en considérant leurs revendications légitimes.

Salima Tlemçani