Grève dans le secteur de l’éducation : Les syndicats exigent des garanties écrites

Grève dans le secteur de l’éducation : Les syndicats exigent des garanties écrites

El Watan, 15 février 2010

Contre toute attente, le mouvement de grève annoncé dans le secteur de l’éducation, pour cette semaine, est maintenu.

Le Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest) entame demain une grève d’une semaine reconductible jusqu’à satisfaction de leur plateforme de revendications, l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef), et le Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest) ont décidé de faire cause commune en débutant leur débrayage à la même date.

Cette grève n’est pas encore fixée, mais on l’annonce avant le 25 de ce mois. Les deux syndicats fixeront aujourd’hui la date exacte de la grève, et ce, à l’issue des travaux du conseil national de l’Unpef qui ont commencé hier. De son côté, le Conseil des lycées d’Algérie (CLA), le Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef) et le Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE) ont opté pour un débrayage d’une semaine répétitif à partir du 21 de ce mois. Raison : la lettre adressée, hier, par le ministre de l’Education nationale, Boubekeur Benbouzid, à la communauté éducative n’a apparemment pas fléchi la position des initiateurs de ces actions de débrayage. Les syndicats autonomes du secteur de l’éducation ne comptent faire marche arrière qu’à une seule condition : avoir des garanties et des assurances écrites.

« Dans sa missive, le ministre de l’Education nous demande d’être sages. On nous a demandé la même chose en 2008 et bien avant. Nous avons exécuté, mais en contrepartie nous n’avons rien obtenu. A mon sens, la patience a des limites », a lancé hier M. Meriane lors d’une conférence de presse animée à Alger. De l’avis du conférencier, le fonctionnaire algérien a besoin d’améliorer son quotidien et son pouvoir d’achat. « Nous avons donné un ultimatum au ministre, il nous a alors promis que le régime indemnitaire sera promulgué dans deux mois. Le délai a expiré et nous n’avons aucun résultat. Pourquoi ces tergiversations ? Pourquoi ne nous donne-t-on pas une date fixe quant à la promulgation de ce régime indemnitaire ? », a fulminé M. Meriane, qui constate qu’il s’agit là d’une fuite en avant. Notons qu’une commission ad hoc a été installée et se penche, depuis le gel de la grève initiée en novembre dernier par les syndicats du secteur, sur le dossier du régime indemnitaire, le ministère a donc tenu ses engagements.

En finir avec le dossier grève

Alors, où se situe le problème ? A cette interrogation, M. Meriane ne comprend pas pourquoi la commission fonctionne au ralenti alors que ses membres connaissent parfaitement les revendications des enseignants. Selon lui, il n’y a pas une volonté réelle pour en finir avec ce dossier, sinon pourquoi tant de flou ? « A travers cette lettre, les pouvoirs publics tentent de dégager toute responsabilité alors que tout le monde sait que la balle est dans leur camp. Nous voulons que l’on nous donne la date de la finalisation de ce dossier afin de tranquilliser le fonctionnaire pour se consacrer entièrement à sa noble mission qu’est l’enseignement », observe l’orateur.

Même son de cloche chez les responsables de l’Unpef qui sont prédisposés à renoncer à leur action de protestation si le ministère leur donne des garanties écrites quant à la prise en charge des trois dossiers portant sur le régime indemnitaire, les œuvres sociales et la médecine du travail. « Qu’est-ce qui empêcherait le ministère de rendre public le projet relatif aux œuvres sociales ? », s’est interrogé M. Dziri, porte-parole de l’Unpef, qui pense que la lettre du ministre vise à calmer le jeu. De son côté, M. Boudiba, chargé de communication au Cnapest, estime qu’il est légitime de demander des garanties écrites, car les syndicats ne font pas partie des commissions ad hoc. « Ces commissions où nous ne siégeons pas nous ont déçus par le passé. La commission installée par les pouvoirs publics pour approuver le statut particulier des enseignants a vidé de ce sens le projet présenté par les syndicats. La commission est composée de représentants des finances, de l’éducation et de la Fonction publique », a soutenu ce dernier qui craint que la commission chargée de débattre du régime indemnitaire n’opère de la même manière.

« Nous voulons des assurances quant à l’augmentation du pourcentage des primes. Nous voulons la transparence dans la gestion des trois dossiers. Que l’on nous donne les résultats de chaque commission et que l’on nous explique les causes des retards », fulmine M. Boudiba. Les syndicats partagent l’inquiétude des parents mais refusent d’abdiquer, estimant que l’amélioration de leurs condition socioprofessionnelles y va de l’intérêt des élèves.

Par Nabila Amir


Le CLA mobilise ses troupes

Décidément, rien ne pourra entamer la détermination des enseignants, même « les mots doux » contenus dans la lettre du ministre de l’Education nationale, Boubekeur Benbouzid.

Ainsi, le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) a décidé, à son tour, de se mettre en grève à partir du 21 février. Le débrayage est renouvelable « jusqu’à la satisfaction des revendications ». Et pour mieux réussir cette mobilisation, le CLA s’est dit favorable à « l’unité d’action » avec les autres syndicats autonomes. « Le CLA ne renonce pas à son principe d’une unité d’action en rappelant les autres syndicats du secteur pour une plateforme unitaire et une gestion commune du mouvement », peut-on lire dans le communiqué du syndicat, rendu public hier.

En plus des revendications classiques liées à « l’augmentation des salaires qui passe par la revalorisation du point indiciaire de 45 DA à 200 DA, la révision du statut particulier et l’intégration des enseignants contractuels ainsi qu’une retraite après 25 ans de service », le CLA s’est dit inquiet « des folles rumeurs » qui entourent la commission mixte, mise en place par le ministère de tutelle, chargée d’élaborer le régime indemnitaire. Le ministre a tenté de rassurer les enseignants dans sa lettre adressée à la communauté de l’éducation. Mais cette lettre suffira-t-elle à rétablir l’entente. Pas si sûr. Le lien de confiance est rompu en raison des années d’hostilité.

Par Hacen Ouali


Les adjoints de l’éducation : Rejoignent la protesta

Les adjoints de l’éducation se mettent, eux aussi, en ordre de bataille. Ils promettent de radicaliser leur action après « une réunion stérile et infructueuse qui a eu lieu, hier, entre le Conseil national des adjoint de l’éducation (CNAE) et un représentant du ministère de l’Education nationale ».

Le Syndicat des adjoints de l’éducation, affilié au Snapap, a dû quitter ladite réunion qui n’a duré que quelques minutes, selon le président du CNAE, H. Touati, préférant ainsi mettre la pression sur la tutelle à travers la mobilisation de ses troupes. Les adjoints de l’éducation prévoient comme action de se joindre à la grève des enseignants et, à long terme, de « boycotter les inscription de la rentrée de l’année prochaine si nous arrivons à organiser nos rangs », a ajouté M. Touati. Les revendications des adjoints, qui sont au nombre de 80 000, selon le syndicat, portent essentiellement sur le droit à la promotion au poste de surveillant général « conformément au statut 90/49, la réhabilitation de tous les adjoints de l’éducation dans leur cadre pédagogique et éducatif et enfin leur classement à la catégorie 10 ». Des revendications sur lesquelles le Syndicat des adjoints de l’éducation n’est pas prêt à faire de concession, comme souligné dans son communiqué.

Par H. O.