Colères syndicales

Colères syndicales

par K.Selim, Le Quotidien d’Oran, 15 janvier 2008

La Coordination des syndicats autonomes de la fonction publique, qui regroupe douze organisations, lance aujourd’hui sa journée de protestation. Le mouvement de contestation dans la fonction publique a été entamé dans l’éducation nationale par le Cnapest, dont le coordonnateur n’a pas résisté à la tentation de fustiger les autres syndicats, coupables à ses yeux d’être «l’émanation de l’administration».

Par une curieuse distorsion, certains syndicats autonomes auraient donc tendance à se représenter, exactement comme l’UGTA, en situation de monopole, dépositaires d’une «légitimité historique», en ne supportant pas l’altérité. Verser dans des polémiques apparaît ces temps derniers comme un vrai risque pour les syndicats autonomes. Personne n’y gagne. Apparemment, les douze syndicats qui entrent dans la bataille aujourd’hui ne souhaitent pas s’engager sur le terrain des accusations réciproques. L’idéal syndical a toujours été celui de l’union, mais celle-ci ne peut se faire que sur le terrain de l’action. A l’évidence, le chemin est encore long pour des organisations en quête de reconnaissance, mais leur diversité, leurs contradictions sont des facteurs positifs.

La journée d’action d’aujourd’hui devrait être suivie, au cours de la troisième semaine de janvier, par une autre grève menée par l’Intersyndicale autonome de la fonction publique. Cela signifie que le mouvement de protestation restera vivace dans la fonction publique durant une quinzaine de jours.

La lecture des revendications émises par les uns et les autres montre une totale convergence sur des points essentiels comme la grille des salaires ou les statuts.

Comment le gouvernement a-t-il réussi à réaliser cette unanimité, à peine écornée par la compétition entre syndicats ? La réponse a la simplicité de l’antique: l’octroi d’un monopole de la représentation à la vieille UGTA dans les discussions et les négociations. Ces contestations convergentes démontrent que le monopole dessert en définitive l’UGTA – accusée de ne pas négocier mais de servir de faire-valoir -, sans apporter au gouvernement la stabilité sociale assurée par des interlocuteurs réels.

Cela est d’autant plus maladroit que la représentativité de l’UGTA dans la fonction publique n’est plus incontestée. Elle a subi l’usure du temps et elle est débordée sur tous ses flancs par la floraison des syndicats autonomes. Ces derniers estiment qu’ils représentent l’essentiel des fonctionnaires. Affirmation difficile à vérifier dans le cadre d’un pluralisme syndical formellement reconnu par la loi mais toujours nié dans les faits.

On peut par contre voir dans le sourd mécontentement qui prévaut dans la fonction publique la preuve que l’UGTA ne peut plus parler au nom de tous les fonctionnaires. Et que le gouvernement gagnerait davantage à admettre des interlocuteurs difficiles mais représentatifs. Le privilège de représentation octroyé par le pouvoir à l’UGTA est contre-productif. Il est temps de le reconnaître.