Mouvement des chômeurs: En quoi ils ont changé le Sud

Mouvement des chômeurs

En quoi ils ont changé le Sud

El Watan, 4 mars 2016

Les protestations des chômeurs sont devenues une fatalité face à des mécanismes de l’emploi qui connaissent plusieurs dysfonctionnements et la loi du passe-droit.

Le sable s’insinue partout. Le vent qui le dissémine l’inocule en tout lieu, surtout dans les yeux. Alors on y voit plus très bien. L’ocre de Ouargla devient gris, jaune foncé, parfois. Cela aveugle et donne des céphalées qui brouillent la pensée en cette saison des vents de sable avant le printemps chaud du Sahara vers avril-mai. Même les avions d’Air Algérie on du mal à s’acquitter de leur devoir d’assurer les rotations.

Mais il n’y a pas que le sable dans les yeux qui aveugle. Parce que lorsqu’on entend le discours de l’exécutif local qui parle de «chômeurs de luxe» et de «manipulation», on y décèle rapidement l’aveuglement des autorités locales et centrales. Le plus grand bassin d’emploi du pays, la «capitale de l’or noir», pour reprendre Malek, chômeur protestataire de Ouargla, serait sujet à des opportunistes fainéants et objet de manipulation de plusieurs douzaines d’organisations internationales ou de services secrets étrangers, de la Fondation Soros et Freedom House à la CIA ou la DGSE, etc. (voir liste surréaliste et complète chez les paranos des services de sécurité algériens et leurs médias y afférents).

«Les puissants et les services secrets du monde entier, en se réveillant le matin, de Pékin à Washington, quittent leur lit avec cette idée obsédante : ‘‘Bon, qu’est-ce qu’on va faire avec l’Algérie ?’’», ironise Tahar Belabbès, las, les traits tirés, leader du mouvement des chômeurs de Ouargla, qui s’est retiré, depuis, de la direction du Comité national de la de défense des droits des chômeurs (CNDDC). «Il est vrai que le rythme des protestations des chômeurs a diminué depuis 2013 à Ouargla et ailleurs dans la wilaya, reconnaît Khaled du bureau local de la Ligue algérienne des droits de l’homme. Mais malheureusement nous assistons aux mêmes dysfonctionnements dans l’octroi des postes. Il y a toujours autant de passe-droits et d’opacité.»

Anem

«Depuis 2013 et la manifestation géante du 14 mars à Ouargla, les choses ont un peu évolué, nous étions sous les projecteurs des médias et le gouvernement avait compris qu’il fallait en urgence améliorer le système de l’emploi dans les zones pétrolières, admet Abdelmalek Aybak, ex-n° 2 du CNDDC. Mais sur le terrain, après un léger mieux, les choses sont redevenues comme avant, l’Agence de l’emploi n’est plus surveillée et les entreprises font ce qu’elles veulent.»

Une bonne partie de l’aveuglement des autorités est causée par ce paradoxe : au moment où l’Etat tente une meilleure approche de la politique de l’emploi, les problèmes persistent, les chômeurs protestent et occupent la rue deux à trois fois par mois depuis trois ans. Saâd Agoudjil, wali de Ouargla, très bon connaisseur de la région – il était secrétaire général de la wilaya de 1998 à 2002 – insiste sur le fait que l’offre est supérieure à la demande et que le secteur de la formation professionnelle a triplé son offre.

D’où son agacement face aux dernières protestations, allant jusqu’à parler de «chômeurs de luxe» ! «Je suis resté trois ans sans emploi, j’ai abandonné l’idée de trouver un travail en rapport avec ma licence en droit, j’ai essayé de travailler sur des chantiers, mais les entrepreneurs s’enfuyaient avec la caisse et nos salaires, je m’inscris chaque mercredi à l’ANEM de ma commune, sans succès, et je passe mes journées à chercher un poste, énumère Malek, 28 ans, qui a fini, en désespoir de cause et après un mois de sit-in, par se taillader le corps le 24 février devant la wilaya. Nous ne sommes pas des chômeurs de luxe, nous ne demandons pas des milliards. On veut un travail et c’est tout.»

Logiciel

La wilaya évoque la transparence et l’efficacité du Wasit, un portail web de l’ANEM qui a pour objectif de rendre visible les demandes et les offres d’emploi. «Que peut un logiciel contre la mafia de l’emploi, s’emporte Ahmed, 30 ans, habitant le quartier Roussiat à Ouargla. Si au niveau de la wilaya il y a une certaine transparence chez l’ANEM, tout se perd dès que les offres arrivent au niveau local. Il y a des centaines d’emplois qui se perdent ainsi, qui deviennent un fonds de commerce, qui sont monnayés ou distribués aux amis et à la famille des fonctionnaires.

Est-ce normal que je ne peux même pas trouver un poste de manœuvre depuis trois ans ? Est-ce normal que toutes les entreprises ici ou à Hassi Messaoud acceptent la règle des 5%, c’est-à-dire le quota automatiquement prévu pour les enfants des puissants ?» «Après la marche du 14 mars, Sonatrach a décidé de relancer la formation des soudeurs homologués, bien.

Mais les gars de la toute première promotion de 2013 sont encore au chômage», indique Aybak qui parle de «mesures d’urgence décidées à la va-vite, mais sans réel impact sur le terrain». Le sable aveugle. Les urgences aussi. Comme cette histoire de commission d’enquête envoyée par Sellal à Ouargla un an après la manifestation de mars 2013 : présidée par le directeur général de l’ANEM (donc juge et partie), elle n’a fait que constater que tout allait pour le mieux !

Adlène Meddi


Ce qui a changé depuis la melyounia du 14 mars 2013

Le 11 mars 2013, à la veille de la melyounia des chômeurs annoncée à Ouargla, deux décisions avaient été prises par le gouvernement afin d’apaiser les esprits échauffés par les déclarations du Premier ministre et son ministre de l’Intérieur à propos des chômeurs taxés de «séparatistes» et d’«importateurs du Printemps arabe».

Il s’agit de la nomination d’un nouveau wali, à savoir Ali Bouguerra, venu en pompier, et la publication de l’instruction de Sellal aux walis du Sud, donnant priorité absolue aux enfants de la région dans l’emploi et un feu vert à la refonte des programmes de la formation universitaire et professionnelle dans le Sud.

Ces mesures ont permis un recrutement plus orienté vers la main-d’œuvre locale sous-qualifiée qui constitue les deux tiers des inscrits au fichier de l’Agence nationale de l’emploi (ANEM). Ces dispositions ont posé avec acuité la problématique du refus des chômeurs de retourner aux bancs de l’école d’une part et d’autre part leur insistance à n’être recrutés que dans le quatuor d’or du groupe Sonatrach, à savoir l’ENTP, l’ENSP, l’Enafor et la Direction de la production (DP). Le constat est corroboré par les chiffres annoncés par les autorités qui donnent 10 054 placements en 2014 et 11 210 en 2015.

La direction de l’emploi constate avec satisfaction que «les enfants de la région ont de plus en plus de postes dans les grandes entreprises nationales, ce qui est leur droit absolu», selon Mohamed Guergueb, directeur de l’emploi de la wilaya. C’est un des rares gestionnaires, sinon le seul, bénéficiant du respect des chômeurs qui dénoncent régulièrement les dépassements et passe-droits des cadres de l’ANEM. Guergueb clame à qui veut l’entendre : «Je ne suis jamais intervenu pour un proche, je n’ai aucun parent à Sonatrach, je n’interviens que pour placer des chômeurs lambda».

Les insuffisances, toutes les instances de l’emploi les reconnaissent, à commencer par l’Inspection du travail qui a établi 138 PV d’infractions transmis à la justice en 2015. Elle fait état de 1 398 travailleurs recrutés selon des procédures non conformes à la réglementation dans le secteur pétrolier. Même l’ANEM, au cœur de cette polémique chronique de l’emploi reconnaît ses torts, sans pourtant y remédier. En 2012, constatant de faux bulletins portant un visa falsifié de ses services, l’agence de l’emploi de Ouargla a déposé plainte contre X. La justice n’a rien fait depuis.

Visibilité du Sud

Par ailleurs, à l’université Kasdi Merbah de Ouargla, la passerelle avec le secteur économique, notamment pétrolier, n’a jamais été aussi simplifiée. «Nous visons la formation d’excellence, adaptée aux besoins du marché voire même à la carte», nous a déclaré, jeudi dernier, Ahmed Bouterfaia, son recteur. 80 conventions de partenariat et de coopération on été signées et 5190 étudiants ont bénéficié de stages pratiques dans des entreprises, dont plus de 80% de stagiaires dans les compagnies pétrolières au titre de l’année universitaire 2014/2015. A elle seule, l’Enafor compte recruter 1 000 diplômés de l’université de Ouargla entre 2017 et 2022, a annoncé Abdelkader Khedimi, son directeur des ressources humaines lors de la cérémonie de signature de cinq nouvelles conventions.

Mais il serait très réducteur de restreindre les répercussions de la melyounia du 14 mars 2013 au seul dossier de l’emploi. Si le pouvoir central regardait d’un demi-œil la population des régions sahariennes, les réduisant souvent à un désert humain, l’idée générale qui voudrait que le sud de l’Algérie ne pèse que par ses innombrables ressources naturelles, a bien changé depuis la révolte des chômeurs, suivie par celles des anti-gaz de schiste.

Il serait tout aussi réducteur d’isoler cette correction de la vision interne au seul enjeu national, car le Sud qui cristallise à la fois les craintes et les espoirs de tous les Algériens en un avenir meilleur «est au centre d’une dynamique où la compréhension des enjeux économiques et géostratégiques est capitale», estime le Dr Hamza Bengrina. Cet enseignant d’économie de l’environnement à l’université de Ouargla nous expliquait, déjà en 2011, que «les jeunes ne réclament pas seulement un poste à Sonatrach.

L’individu n’est plus un petit boulon dans une grande machine, c’est un facteur de changement, de révolution». Cette révolution des esprits, Tahar Belabbès et ses camarades estiment y avoir largement participé, d’abord en refusant «d’être traités de cherdhima, un groupuscule terroriste», par Sellal au lendemain de la fin de l’opération Tiguentourine. Ensuite par leur action de starter à un mouvement social porteur d’«une meilleure visibilité, une image positive d’un Sud jeune, écocitoyen s’opposant pacifiquement aux politiques du gouvernement».

Une image largement reflétée par les médias nationaux et internationaux et là, on est bien loin de l’esprit revendicatif de 2013 où il contestait «les paroles outrageuses d’Ould Kablia sur la neutralisation des protestations et la maîtrise de la situation sécuritaire au Sud pour préserver les installations pétrolières». Une certaine valorisation de la ressource humaine locale est partagée par des cadres qui se sont «enfin» vu permaniser ou nommés à des postes dont ils assuraient la fonction ou l’intérim pendant de longues années, «avant qu’un cadre parachuté d’Alger n’atterrisse du jour au lendemain à Ouargla», nous confie O. B., un cadre de la région.

A la tête d’instances étatiques locales ou régionales, il est loisible de constater que des énarques et universitaires du Sud ont été nommés au poste de directeur. Parmi eux des femmes qui ont longtemps été marginalisées et reléguées aux postes subalternes. A l’université de Ouargla, à la station ENTV, à l’Office du patrimoine, à la direction de la culture, y compris le poste de ministre de l’Intérieur, pour ne citer que ces derniers, des cadres qui n’auraient jamais espéré accéder à des postes valorisants savent ce qu’ils doivent au mouvement des chômeurs.

Houria Alioua


Tahar Belabbès et Aïbek Abdelmalek. Ex-leaders du Comité national pour la défense des droits des chômeurs

Notre plus grand acquis a été d’imposer le droit à manifester même sous état d’urgence. Et de créer un sentiment de solidarité, qui n’existait pas avant.
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Notre plus grand acquis a été d’imposer le droit…

Le 24 février dernier, anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, des chômeurs de Ouargla se tailladent le corps pour protester contre la politique de l’emploi dans cette wilaya pétrolière. Tahar Belabbès et Aïbek Abdelmalek, ex-leaders du mouvement des chômeurs, reviennent sur ce drame et analysent pourquoi peu de choses avancent sur ce dossier.

– Les chômeurs de Ouargla ont franchi un cap dans la violence contre eux-mêmes : aujourd’hui ils se cousent la bouche ou s’auto-mutilent. Est-ce que vous comprenez ce qui se passe ?

Tahar. Même si nous n’aurions jamais utilisé ces moyens d’expression extrêmes, on les comprend, bien sûr, et surtout, nous sommes solidaires avec eux. Ils en sont arrivés à un stade de désespoir absolu. Parce qu’ils voient bien que l’Etat a réprimé tous les mouvements pacifiques, qu’il a détruits par le noyautage et la corruption. Au point qu’aujourd’hui, il n’y a plus personne pour encadrer ces chômeurs, il n’y a plus d’espace où ils pourraient militer «normalement», pacifiquement, sans excès et sans en arriver à s’auto-mutiler.

Alors ils se disent qu’ils n’ont pas d’autre solution pour se faire entendre, attirer l’attention de ceux, les autorités notamment, qui ne veulent pas les écouter, qui ne veulent pas les voir. Mais nous, jamais nous n’aurions demandé à des chômeurs de se faire du mal. Au contraire, nous avons toujours dit à nos militants de se battre avec l’administration avec des moyens intelligents et s’imposer comme interlocuteurs incontournables.

– Quand on entend que les chômeurs de Ouargla «ne veulent pas travailler», qu’est-ce vous répondez ?

Tahar. C’est faux. Mais il est vrai que l’on incite les jeunes à travailler dans les sociétés nationales en priorité. C’est la seule option pour éviter les contrats esclavagistes. Dans le privé, les salaires représentent le quart de la moyenne des salaires dans le public, sans aucun avantage. Et la charge de travail est beaucoup plus importante, en contradiction avec la réglementation.

Certains employés peuvent travailler sept semaines d’un coup et ne se reposer que deux semaines. Dans une société nationale, tu as droit à la sécurité sociale et à la retraite, ce sont des choses auxquelles les jeunes pensent maintenant. D’ailleurs, l’Etat devrait imposer aux sociétés privées ou étrangères le respect du code du travail par des mesures fortes afin d’éviter ces contrats esclavagistes.

– Trois ans après la melioniya du 14 mars, 80% des chômeurs qui avaient protesté avec vous ont trouvé un travail. Est-ce que vous considérez que vous avez réussi ?

Aïbek. Oui, la plupart ont trouvé du travail mais on ne peut pas s’arrêter à ça. Pendant un an, ça a bien marché, il y avait une véritable surveillance interne de la politique de l’emploi. Comme le mouvement était très médiatisé, les plus hautes autorités du pays, à commencer par Sellal, ont pris le dossier des chômeurs au sérieux et des mesures. Mais les autorités locales ont gâché la dynamique du 14 mars. Par exemple, un centre de formation Sonatrach a été ouvert pour les soudeurs. Mais la première promotion ne travaille pas parce que l’entreprise n’a pas besoin de ces profils-là. Et la surveillance interne des agences locales de l’emploi n’est plus effective depuis plusieurs mois.

Tahar. Notre véritable victoire, notre plus grand acquis, a été d’imposer le droit à manifester même sous état d’urgence. Et de créer un sentiment de solidarité, qui n’existait pas avant, entre les différentes couches et segments de la société autour du mouvement des chômeurs. C’est quelque chose qu’il faut préserver pour l’avenir, parce que tout cela dépasse le droit au travail ou le droit au logement et les autres droits, disons, «matériels».

– Mais on ne vous entend plus beaucoup aujourd’hui…

Aïbek. En diabolisant notre mouvement et en achetant les gens, le pouvoir a fait fuir les gens du véritable militantisme pacifique. Le Comité n’a toujours pas le droit d’avoir un agrément, alors que depuis 2013, le ministère de l’Intérieur ou les autorités locales ont agréé d’autres associations qui sont dans l’allégeance et la corruption. La seule réponse qui leur reste est une réponse répressive. Difficile donc de militer dans ce climat-là.

Tahar. On s’est retirés pour passer le relais à d’autres. Si on nous entend moins, c’est d’abord parce que la majorité d’entre nous a pu recouvrir ses droits. Mais aussi parce que le Comité a beaucoup souffert du noyautage. Le pouvoir a vu qu’on était devenu une sorte de front social parallèle, que nous étions d’authentiques syndicalistes, ancrés dans les véritables conditions de vie dramatique des chômeurs et qui refusent le chantage ou la corruption. Le pouvoir a donc tout fait pour nous barrer la route. Malgré cela, on peut toujours mobiliser ceux qui travaillent, justement parce que notre situation sociale s’est améliorée.

On peut mieux s’organiser. Par exemple, notre base discute aujourd’hui de la nécessité de dépasser la problématique du chômage pour débattre de la participation aux mécanismes de décision et de la redistribution équitable des richesses. Ce qui nous conduit à réfléchir autour d’une idée centrale, celle qui préside à toutes ces problématiques : la bonne gouvernance.

– Le mouvement est en train de se politiser, donc, alors que vous refusiez l’étiquette politique…

Tahar. A partir du moment où on demande l’équité, la justice, le développement local, on sait que tout ce que l’on fait est politique. Mais on ne veut pas se «politiser» au sens où vous l’entendez, au sens partisan. Nous avons été soutenus par des mouvements politiques, des islamistes à la gauche, certains ont tenté de nous récupérer. Mais nous leur avons bien expliqué que nous faisions la distinction entre la solidarité des combats et l’adhésion à telle ou à telle mouvance.

– A travers le combat des chômeurs et sa dynamique, quelle leçon peut en tirer la société civile qui peine à s’organiser ailleurs dans le pays ?

Tahar. Je ne veux pas croire que si nous, à Ouargla, avons réussi à créer toute cette dynamique à partir du néant, dans d’autres villes où existent déjà une élite, une tradition de militantisme, des espaces de mobilisation… il ne se passe rien.

Aïbek. La société civile, à travers le pays, bouge beaucoup, s’active et propose des solutions, même si cela n’est pas trop visible. Nous avons beaucoup d’espoir justement parce qu’on voit que les citoyens s’impliquent et cherchent à militer dans le cadre d’une société civile dynamique.

– Comment voyez-vous l’avenir ?

Aïbek. La situation s’est envenimée. Cela va empirer à cause du discours du pouvoir qui reste enfermé dans l’idée que les chômeurs sont manipulés. Le pouvoir tente de faire face à la situation en distribuant des calmants un peu partout pour contenir la colère de la société, mais il ne distribue ces tranquillisants que selon des critères d’allégeance. Donc ça ne marche pas. Sans égalité de développement entre les régions, la marginalisation continuera.

Tahar. Le problème des autorités, c’est qu’elles n’ont plus aucune alternative. Il ne leur reste que la répression. D’ailleurs, ce 14 mars, comme par hasard c’est l’anniversaire de notre melioniya de 2013, un de nos camarades passera devant la justice pour rassemblement non autorisé ! Les autorités ont consommé toutes les vieilles recettes, notamment la diabolisation du mouvement, la «main de l’étranger», etc. Tout cela c’est un discours de fiction, comme si les chômeurs n’existaient pas réellement. Mais les autorités oublient que la répression provoque la tempête. Elles n’ont pas retenu la leçon. Sauf que cette fois-ci, à cause la conjoncture économique et de l’incertitude politique, ce sera pire.

Bio-express

Aïbak Abdelmalek et Tahar Belabbès étaient les leaders et fondateurs du Comité national pour la défense des droits des chômeurs. Belabbès s’est engagé dans ce mouvement très tôt, après le suicide de son frère aîné désespéré par sa condition de chômeur. Il vient d’être licencié de son poste à Sonatrach après des années sans emploi pour avoir continué ses luttes syndicales. Aïbak, ex-n° 2 de la CNCDDC, tête pensante du mouvement, a retrouvé récemment du travail sur un chantier pétrolier, mais reste membre actif du comité.

Adlène Meddi, Mélanie Matarese