Arcelormittal: Les grévistes menacent de paralyser le haut fourneau

Arcelormittal Annaba

Les grévistes menacent de paralyser le haut fourneau

El Watan, 17 janvier 2010

Au 5e jour de la grève générale et illimitée qui a paralysé totalement le complexe sidérurgique ArcelorMittal El Hadjar et ses structures commerciales, le syndicat hausse le ton et menace de radicaliser ses actions de protestation si les parties concernées ne s’engagent pas officiellement dans un plan d’investissement global incluant la réhabilitation de l’unité cokerie.

L’engagement officiel des pouvoirs publics, de Sider et d’ArcelorMittal sur un plan d’investissement global en Algérie, y compris la réhabilitation de la cokerie, est la condition incontournable pour arrêter la grève générale au complexe sidérurgique d’El Hadjar. Sinon, nous sommes prêts à arrêter le HF n°2 (haut fourneau) et déplacer notre mouvement de protestation sur Alger », a prévenu hier Smaïl Kouadria, secrétaire général du syndicat de l’entreprise ArcelorMittal El Hadjar, lors d’un point de presse tenu à l’usine d’El Hadjar. D’un ton empreint de colère, le conférencier a voulu mettre dos à dos ArcelorMittal et l’Etat algérien car, pour lui, ni l’un ni l’autre n’ont respecté leurs engagements conformément à la convention de partenariat signée le 15 août 2001. Pour responsabiliser les deux parties, Smaïl Kouadria a souligné : « La convention prévoit que pendant la durée de l’accord, l’investisseur, alors ISPAT, ne pourra pas sans consentement écrit au préalable de Sider fermer un atelier. Or, la cokerie en est un. Quant à l’Etat, il s’est engagé dans la même convention dans l’article 4, alinéa 3 de protéger la production nationale de produits sidérurgiques. Il n’a pas respecté son engagement et l’importation du rond à béton fait actuellement rage dans nos ports. » Ce qui a poussé le syndicaliste à annoncer le maintien de la grève qu’il compte durcir par le biais de plusieurs actions radicales. Il se dit prêt, avec la concertation des travailleurs, à l’inscrire dans la durée et même déplacer le mouvement de protestation au niveau central. Entre autres menaces, le chef de file des grévistes prévoit – outre l’arrêt du haut fourneau n°2 – de réduire considérablement le service minimum, d’interdire l’accès aux clients étrangers du complexe et organiser des marches pacifiques et des sit-in devant le siège du ministère de tutelle et de l’UGTA, notamment après la réception de la lettre de réponse qu’a adressée Driss Tandjaoui, secrétaire général du ministère de l’Industrie, à ArcelorMittal Annaba. Une réponse qui, pour lui, n’ouvre aucune perspective pour le règlement de ce conflit social après la proposition du partenaire indien au gouvernement de négocier un plan global d’investissement en Algérie (2010-2014) incluant la cokerie.

200 millions de dollars pour la période 2010/2014

« En ce qui concerne les points relevant du code des investissements, ils pourront faire l’objet d’un examen dès que le plan d’investissement relatif au complexe sidérurgique d’El Hadjar est finalisé et déposé auprès des services de l’ANDI », peut-on lire dans ce document, qui a exacerbé davantage la tension au sein des grévistes. Implicitement, la direction générale d’ArcelorMittal Annaba a réagi dans un communiqué de presse et précisé : « Le plan d’investissement de la société est axé sur le cœur de métier, la cokerie n’est pas indispensable au fonctionnement de l’usine. » C’est dire que le géant indien de l’acier s’est rétracté et revenu à la copie originale annonçant le 11 janvier son plan d’investissement qui prévoit une enveloppe de plus de 200 millions de dollars pour la période 2010 à 2014. Pour sensibiliser les parties concernées et mettre en exergue l’impact positif d’un éventuel investissement, le secrétaire général du syndicat d’entreprise a précisé qu’« une étude gouvernementale a défini les besoins de l’Algérie, en 2010 et 2020, en produits sidérurgiques s’élevant respectivement, selon elle, à 5 et 11 millions de tonnes d’acier. Pourquoi alors ne pas investir à l’usine d’El Hadjar d’autant que le complexe dispose de toutes les commodités nécessaires et de surcroît d’une assiette de terrain de 200 h pour accueillir des investissements sans recourir à l’importation. »

Par M. F. Gaïdi