Les inquiétudes sahraouies

Deuxième round de négociations

Les inquiétudes sahraouies

par Synthèse: Salah .C, Le Quotidien d’Oran, 11 août 2007

En application de la résolution 1754 adoptée le 30 avril dernier par le Conseil de sécurité de l’ONU, les négociations sous l’égide des Nations unies entre les deux délégations du Polisario et du Maroc ont repris hier à Manhasset dans la proche banlieue de New York. C’est le deuxième round des négociations directes après celui organisé les 14 et 19 juin dernier.

Ainsi et durant deux jours, le face-à-face entre les deux délégations permettra une fois de plus de passer en revue les moyens à mettre en oeuvre pour boucler ce dossier qui perdure depuis 1975. Le cadre légal a été défini à travers un rapport du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et ponctué par une résolution du Conseil de sécurité qui invitait les deux parties en conflit à engager des négociations directes «sans conditions préalables, de bonne foi, en tenant compte des développements survenus ces derniers mois, en vue de parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental». C’est justement cette formule de «mutuellement acceptable» qui a constitué le principal goulot d’étranglement de l’ensemble des tentatives de règlement du conflit sahraoui. Interrogé par l’APS sur la portée de ce nouveau round de négociations, Brahim Ghali, membre de la délégation sahraouie aux négociations, estime qu’il faut «maintenir le dialogue et aller de l’avant pour trouver une solution pacifique qui mette fin à plus de trois décennies de souffrances du peuple sahraoui». Et de préciser que «le Front Polisario se présente à ce deuxième round des négociations de bonne foi et avec la meilleure des volontés pour rechercher une solution». Il appartient par conséquent à la partie marocaine de se conformer à l’esprit et à la lettre des dernières résolutions et recommandations des Nations unies appelant à des «négociations de bonne foi» et «sans préalables». Pour leur part, le porte-parole adjoint du secrétaire général de l’ONU lors de son point de presse quotidien a déclaré jeudi que «les Nations unies et l’ambassadeur de la République du Congo qui assure la présidence du Conseil de sécurité durant le mois en cours, Pascal Gayama, souhaitent le maintien du dialogue entre les deux parties».

Avant l’ouverture de ce deuxième épisode des négociations directes entre le Polisario et le Maroc, l’Espagne, en tant qu’ancienne puissance coloniale, par la voix de son secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, Bernardino Léon, a appelé hier le Maroc et le Front Polisario à faire preuve de «souplesse» et d’avancer dans leurs négociations directes, tout en leur demandant de créer un «climat de confiance».

Toutefois, certains milieux diplomatiques à New York et de nombreux observateurs considèrent que même si ces négociations reflètent la volonté des deux parties à maintenir le contact direct, il est à craindre que les négociations buteront sur l’intransigeance marocaine d’orienter les discussions par rapport à son plan se résumant à une autonomie des territoires sahraouis sous souveraineté marocaine. Cela constituera en soi un préalable et qui va à l’encontre même de l’esprit de la résolution 1754 qui exclut tout préalable en optant pour l’autodétermination par voie référendaire des populations locales.

Concernant les modalités pratiques de ces négociations, un responsable onusien a précisé que des réunions de travail intercaleront des discussions en plénière et restreintes (entre Sahraouis et Marocains) alors que les délégations invitées se tiendront à la disposition des parties en négociation ou de l’ONU pour des consultations sur des questions les intéressant.