Oran: Une émeute et un blessé par balle

Oran

Une émeute et un blessé par balle

Le Quotidien d’Oran, 6 décembre 2006

Ce qui n’était au début qu’une simple opération de démolition d’une vingtaine d’habitations illicites érigées sur des terrains relevant du domaine forestier à Haï Bouâmama, une localité de la périphérie d’Oran, a vite tourné à l’émeute.

Rien ne présageait, en effet, au début de l’opération que la situation allait déraper et devenir incontrôlable.

Il était 10h00 lorsque des éléments de la direction des forêts et du secteur urbain de Haï Bouâmama se sont dirigés vers le site qui abrite 28 habitations construites illicitement sur des terrains forestiers. Ils étaient accompagnés d’une section de la brigade anti-émeutes de la gendarmerie nationale, mobilisée pour veiller sur le bon déroulement de l’opération.

Tout allait bien. Les engins des services techniques de la commune avaient même entamé la démolition d’une dizaine d’habitations illicites. Brusquement, des centaines de «squatters» ont commencé à se regrouper pour empêcher la démolition de leurs «demeures». Les éléments de la brigade anti-émeutes qui ont essayé, dans un premier temps, de disperser la foule déchaînée ont été pris à partie par les émeutiers.

Le chef de la section de gendarmerie nationale et le directeur des forêts de la wilaya d’Oran ont été ciblés par les jets de pierres des émeutiers. Ils ont été blessés par des projectiles dans diverses parties du corps. Et même les représentants de la presse présents sur les lieux pour la couverture de cette opération n’ont pas été épargnés par des manifestants en colère. Les gendarmes ont riposté par des tirs de sommation, mais cela n’a pas dissuadé la foule déchaînée qui a saccagé plusieurs véhicules de la commune, des organes de presse et de particuliers. Un jeune manifestant âgé de 20 ans a été blessé par balle à la cuisse mais son état n’est pas grave, selon une source hospitalière. La balle a transpercé la cuisse du jeune manifestant qui a été gardé sous surveillance médicale aux urgences médico-chirurgicales du CHU d’Oran.

Les émeutiers se sont dirigés, ensuite, vers la route nationale n°2 reliant Oran à Tlemcen et ont bloqué cet important axe routier durant plusieurs heures. Les manifestants ont utilisé des pierres, des pneus, des tampons d’avaloir, un bac à ordures pour barricader la route nationale empêchant ainsi le passage des véhicules dans les deux sens. Les bus et les fourgons desservant les localités de Bouâmama, de Misserghine, de Boutlélis et de Aïn Témouchent qui passent par cet axe routier ont préféré suspendre les navettes de peur que leurs véhicules ne soient pris pour cibles.

Une situation qui a provoqué d’importantes perturbations dans le transport en commun et des centaines d’habitants de Haï Bouâmama ont été contraints de parcourir plusieurs kilomètres à pied pour rejoindre leurs domiciles. Les habitants des localités éloignées comme Misserghine, Boutlélis, Brédéah… sont restés, quant à eux, durant des heures à l’arrêt de Haï Louz (les Amandiers) pour prendre un bus. Il a fallu plusieurs heures après pour que la situation revienne à la normale. Il était 16h30 quand les premières voitures ont réussi à passer par cet axe routier, après que les manifestants se sont dispersés dans le calme.

Il est à signaler que cette opération de démolition s’inscrit dans le cadre d’un processus enclenché depuis plus d’une année par la direction des forêts de la wilaya d’Oran pour la préservation des espaces forestiers. Elle intervient moins d’une quinzaine de jours après une autre opération qui avait permis la démolition d’une vingtaine d’autres habitations illicites. Le directeur des forêts d’Oran avait annoncé récemment que l’opération de démolition des constructions illicites érigées sur des terrains forestiers se poursuivra jusqu’à la récupération de l’ensemble des terrains «squattés».

Plus de 176 constructions illicites ont été démolies, depuis le début de l’année, principalement au niveau du site dit «Coca» à l’ouest de la ville, où des pans entiers de la forêt ont été occupés par des constructions illicites.

Sofiane M. Et Djamel B.