Berriane victime de rivalités sociales et de surenchères

Sa population divisée et sa quiétude précarisée

Berriane victime de rivalités sociales et de surenchères

Treize mois durant, la ville de Berriane a troqué, malgré elle, son calme légendaire pour une tension permanente opposant ses deux composantes sociologiques : arabophones et amazighophones. Le mal, qui ronge cette localité telle une gangrène, risque d’emporter la cohésion sociale de la ville ou les deux communautés sont désormais séparées par un mur psychologique difficile à briser.

Berriane (Ghardaïa) : De notre envoyée spéciale, El Watan, 6 mai 2009

Revivront-elles un jour dans la quiétude ? Retrouveront-elles les termes d’un voisinage serein et solidaire ? Difficile d’y répondre, car les ingrédients de la colère sont toujours-là. Berriane, de son vrai nom Bergan où la « tente en poils de chameau », semble avoir du mal à surmonter sa crise. Elle n’est plus la tente rassembleuse qui a réussi le pari de provoquer un vivre ensemble réussi, mais une tente qui a du mal à contenir tous ses habitants, non pas parce que trop exiguë, mais parce que les différences sociales entre locataires poussent à l’affrontement. De toutes les raisons invoquées par les différentes parties et observateurs, les disparités sociales semblent être celles qui ont mis le feu aux poudres. Les Mozabites, connus pour être une communauté organisée et autonome, jouissent depuis des siècles d’une situation économique confortable et ce grâce à leurs propres efforts et à ceux de leurs aïeux qui ont, depuis mille ans, érigé un mode de vie qui leur est propre, basé sur la solidarité et l’entraide entre les différents membres de la communauté. Par opposition à ce mode de vie organisé, les populations arabophones, issues de différentes tribus nomades, n’arrivent pas à asseoir un système de cohésion sociale semblable à celui des Mozabites. L’absence de cohésion sociale conduit irréfutablement à l’effritement des liens de solidarité et de ce fait à l’apparition des disparités entre familles, voisins et par extension entre communautés. Lorsque les conditions sociales d’un groupe sont supérieures à celles d’un autre, ce dernier cherche à avoir les mêmes acquis que le premier ou bien il laisse échapper sa colère, notamment en l’absence de mécanismes de soutien au développement. Et c’est là où le rôle de l’Etat s’avère important, en garantissant à la fois protection pour le premier groupe et en fournissant ces mécanismes de développement susceptible de rendre meilleure la situation sociale du second. Dans le cas de Berriane, l’absence de l’Etat a eu pour effet d’exacerber les tensions et de permettre l’irréparable. Un véritable conflit communautaire s’est installé dans le temps jusqu’à provoquer la mort de cinq personnes, la déportation de plusieurs familles et le saccage de biens mobiliers et immobiliers, privés et publics.

Berriane : de ville ouverte à cité interdite

De toutes les cités de la vallée du M’zab, Berriane est la plus ouverte et la moins sujette à un mode architectural typique, comme c’est le cas à Beni Izguen, qui est bâtie telle une forteresse recroquevillée sur elle-même. Les ksour ou forteresses traditionnelles jouaient à la fois un rôle de préservation de la cohésion sociale et de rempart contre toute forme d’agression. Berriane, qui a accepté de s’ouvrir sur les autres, semble d’ailleurs payer aujourd’hui cette ouverture. Passage obligé du Nord vers le Sud et vice-versa, Berriane, distante de 554 km d’Alger, semble aujourd’hui vouloir attirer l’attention des passants, mais aussi celle des pouvoirs publics et de tous les Algériens en criant sa douleur d’être ignorée. Un silence lourd, comme celui qui suit une tempête, y règne. Nous pénétrons dans Berriane comme dans une ville du far west. Les forces de sécurité sont postées partout dans la ville, comme pour guetter le moindre mouvement suspect, et parer à toute éventuelle attaque. Les propriétaires des commerces et des échoppes surveillent à leur tour, telles des sentinelles sur le pas de leur porte, tout soupçon de colère pour vite fermer boutique. Les quelques citoyens se trouvant dehors essayent de reprendre goût à la vie normale. Ils adoptent toutefois une attitude attentiste en guettant l’évolution des choses. Ils échangent des commentaires sur les événements de l’avant-veille, scrutent les déplacements des uns et des autres et ne cachent pas leur doute quant au retour d’une paix durable. La peur s’est installée à telle enseigne que l’explosion d’un pneu de voiture fait sursauter tout le monde, même les policiers. Les stigmates de la violence sur beaucoup d’édifices, notamment la station-service, le café principal, les commerces et mêmes l’impact des projectiles sur les camions de la police, témoignent du degré de la brutalité des derniers événements. La RN 1, plusieurs fois fermée par les populations, sépare les deux communautés comme une barrière limitant le passage des membres des deux communautés vers l’un ou l’autre clan social.

Du côté supérieur de la route, réservé aux arabophones, beaucoup de jeunes gens occupent la rue. « Vous savez, un adage populaire dit : Ghardaïa sera emportée soit par son oued, soit par ses enfants, ‘’Yediha ouedha ouala ouledha’’ », nous dit un client d’un restaurant situé aux abords de la RN1. Le même client semblant pressé de finir son plat « avant que ça ne se gatte », ajoute : « Apparemment, cette année ce sont l’oued et les enfants à la fois. Je ne suis pas du coin. Je suis ici pour quelques mois dans le cadre d’un projet, et je vous assure que je n’y comprends rien à ce qui se passe dans cette localité. Ce qui est sûr pour moi, c’est que l’Etat est absent et à laissé les choses pourrir. » Un constat partagé par beaucoup de nos interlocuteurs. Il s’agit d’ailleurs de la seule certitude sur laquelle s’accordent Mozabites et Arabes. Nous nous engouffrons dans les quartiers arabes et constatons une présence singulière d’éléments de la Gendarmerie nationale. Les policiers sont chargés, pour leur part, de se poster dans les quartiers mozabites. Une seule ville, deux communautés, deux corps de sécurité différents. Berriane – qui, au plus fort des années de terreur de la décennie noire, était le symbole de la paix – se trouve aujourd’hui quadrillée par près de 3000 éléments des forces de sécurité, dont des brigades antiémeute. Dès le début des événements l’année dernière, ces mêmes services de sécurité ont été accusés de laxisme et d’avoir laissé s’envenimer la situation. Après plus d’une année de sporadiques violences, il est attendu des populations elles-mêmes de s’organiser pour instaurer la paix. « Nous avons pour rôle de protéger la route nationale », nous dit un policier sans mesurer la gravité de tels propos. Qu’en est-il alors des citoyens et de leurs biens ?

« On ne sait pas qui manipule qui »

Le lourd bilan de cinq morts, 400 maisons ravagées et 30 commerces saccagés n’exprime-t-il pas une sonnette d’alarme pour que cessent ces affrontements entre populations dignes des guerres tribales d’avant l’avènement de l’Etat moderne. Les citoyens se sont vu obligés de se protéger eux-mêmes, en attendant que les policiers reçoivent l’ordre d’intervenir. « A chaque attaque, nous faisons appel aux policiers, mais à chaque fois, ils nous disent qu’ils attendent l’ordre. Il est donc légitime qu’on se défende », nous dit un citoyen mozabite. Pire encore, sept personnes ont été arrêtées par les forces de l’ordre, mais ont immédiatement été relâchées sans répondre de leurs actes. Comment expliquer que l’énorme dispositif sécuritaire n’ait pas pu empêcher la fermeture à plusieurs reprise de la RN1 ? « Il s’agit de nos voisins avec qui j’ai partagé des moments forts de solidarité. Quand je me vois contraint de défendre mon quartier face à une agression dont je ne comprends pas le but et en l’absence du soutien des policiers, et que je rencontre un ancien voisin, qui était mon ami d’enfance, j’ai vraiment le cœur serré », nous confie Salah, un jeune Mozabite. Nous remarquons un trio de jeunes arabophones assis sur le trottoir à discuter. Ils répondent volontiers à nos questions. « Nous sommes tous les trois chômeurs et pas faute d’avoir essayé de trouver du travail », nous confie l’un d’eux, affirmant avoir un diplôme universitaire. Ses deux compagnons ont, pour leur part, un diplôme de technicien supérieur et de comptabilité. Interrogés sur les événements qui secouent leurs communes, ces jeunes, dont le nombre s’agrandit au fur et à mesure que le temps s’écoule, affirment ignorer comment et pourquoi les choses ont atteint un tel degré de violence.

« Jusqu’au Mawlid Ennabaoui de l’année dernière, nous habitions ensemble sans problème. Mais je ne saurai vous dire ce qui a déclenché tout ça. C’est arrivé et puis les Mozabites ne veulent pas de nous ici », nous disent-ilstous ensemble. « Où est l’Etat. 13 mois que cela dure, c’est carrément un Etat dans l’Etat qui s’est installé ici. Nous réclamons la paix et voulons que les pouvoirs publics se manifestent réellement pour qu’on sache qui est derrière ce qui se passe ici », indiquent nos interlocuteurs à l’unisson. « Que chacun vive de son côté. Rien ne nous réunit, ni mosquée, ni coutumes », disent-ils comme pour sceller un pacte de séparation avec leurs voisins. Nous nous rendons du côté mozabite et accostons un groupe de jeunes qui nous disent d’emblée : « Nous les Mozabites sommes connus pour être des pacifistes, ne croyez donc pas que nous y sommes pour quelque chose dans cette affaire. » Et d’ajouter : « Ce n’est pas de notre faute s’ils ne sont pas organisés et s’ils souffrent du chômage. Qu’ils demandent à l’Etat de les aider. Nous voulons la paix », nous disent-ils. Nos jeunes interlocuteurs estiment que l’origine du problème est une affaire « de jalousie. Et le fait d’opposer les malékites aux ibadites est une manière de chercher à généraliser le problème. Mais il est certain qu’il y a des gens qui cherchent à attiser la fitna et on ignore dans quel but », affirment-ils en fustigeant à leur tour le laxisme de l’Etat. A la question de savoir si dans le proche avenir ils s’imaginent revivre ensemble et retrouver ce voisinage paisible d’antan, les personnes interrogées, qu’elles soient malékites ou ibadites, affirment que ce sera très difficile et même impensable. « Nous avons perdu cinq personnes dans ce conflit et nos maisons ont été forcées », nous disent les Mozabites. « Nous avons été chassés de nos maisons et nos jardins ont été brûlés », répondent à leur tour les malékites. L’espoir est toutefois fondé sur le résultat de l’enquête que devra diligenter une commission devant être prochainement installée par le gouvernement. « Il faut qu’on sache qui manipule qui et dans quel but », nous dit-on. Aujourd’hui l’Etat, qui s’est manifesté à deux reprises par la visite du ministre délégué chargé des Collectivités locales, a chargé les notables des deux communautés, qui n’ont aucun pouvoir légal, d’instaurer la paix. Est-ce là un aveu d’échec des pouvoirs publics d’imposer un règlement rapide et durable à ce conflit ?

Par Nadjia Bouaricha


Hadjadj Bahmed (P/APC) : « Nous voulons notre part de Hassi R’mel »

Le président de l’APC de Berriane, Hadjadj Bahmed, a été la seule autorité locale à avoir accepté de nous recevoir. Hadjadj Bahmed estime que le calme, qui s’est installé ces jours-ci, peut être précaire « car l’application de la feuille de route, signée par les représentants des deux communautés, rencontre des difficultés », dit-il. Le même responsable estime qu’un véritable climat de peur s’est installé dans la région.

« On ne peut pas travailler dans l’insécurité. Même les entreprises refusent de s’impliquer dans des projets à cause de cette situation qui s’enlise. Les événements de Berriane dépassent tout le monde. Il s’agit de proposer des réponses au niveau de différents secteurs économique, social, sécuritaire », indique le P/APC. « Dans un premier temps, nous prévoyons un projet de déviation de la route nationale. Il y aura une nouvelle route devant contourner la ville, car il n’est plus question que les citoyens payent le prix de ces événements. Le projet, qui sera lancé dans 3 ou 4 mois, devra engloutir une enveloppe de 200 milliards de centimes, dont 60 sont déjà dégagés », précise le premier magistrat de la commune. La localité de Berriane, d’une superficie de 2250 km2 et qui compte 35 000 habitants, recense un taux de 12% de chômeurs. « Nous avons un budget déficitaire et pas beaucoup de recettes, hormis la taxe sur le droit de passage du pipeline de Hassi R’mel qui représente le quart des recettes de la commune. Nous comptons une usine de batteries, qui a été endommagée par les inondations, et trois stations de concassage de pierres. Hassi R’mel est à 10 km à vol d’oiseau et nous n’en bénéficions même pas. Les jeunes de Berriane ne peuvent y travailler, car une loi impose qu’il faut être résidant à Hassi R’mel pour prétendre à un emploi. Nous avons demandé la révision de cette condition », souligne Hadjadj Bahmed. Si Berriane ne profite pas de Hassi R’mel, elle subit toutefois la pollution que le complexe gazier engendre. « Nous avons un problème crucial de pollution dû aux rejets des huiles dans l’oued Bellouh. C’est un vrai risque écologique auquel nous devons faire face et que nous avons dénoncé, mais sans que les hautes autorités ne nous répondent », souligne le responsable en notant que Berriane compte aussi des puits d’extraction de gaz sans en profiter. Le premier magistrat de la commune estime que l’oisiveté pousse les jeunes dans les bras de la manipulation. « Sans emploi, sans la possibilité de se marier, les jeunes deviennent vulnérables et à la moindre tension, leur colère explose », conclut M. Hadjadj.

Par Nadjia Bouaricha


500 familles déportées

Depuis le déclenchement des hostilités, il y a plus d’une année, une véritable opération de déportation de familles a eu lieu à Berriane. « Pas moins de 500 maisons ont été vidées de leurs locataires.

Le wali a promis de reloger tout le monde et de les indemniser à raison de 1 million de dinars, mais on n’a rien vu venir, explique Taleb Bahmed, du comité de la Djamaâ mozabite. Ce dernier indique aussi qu’une demande a été faite aussi depuis plus de six mois pour le désarmement des citoyens jusqu’à ce que la paix s’installe durablement. Cette requête est elle aussi restée lettre morte. Même après qu’un jeune adolescent s’est fait tirer dessus par les émeutiers lors des dernières escarmouches entre les deux communautés. Une enquête sera ouverte par la police scientifique, a promis le DG de la Sûreté nationale lors de sa dernière visite avec le ministre délégué aux Collectivités locales. Notre interlocuteur s’interroge aussi sur l’installation dans le tissu urbain de Berriane d’une caserne de la sûreté. Interrogé sur une éventuelle séparation entre les communautés pour apaiser les tensions, M. Taleb explique qu’il est contre une séparation complète avec les Arabes et indique que « ce qui se passe à Berriane peut se produire dans n’importe quelle autre région du pays. Berriane paie son ouverture sur la politique ». A noter qu’outre son caractère ouvert sur le plan social, Berriane est aussi une région qui a connu la diversité des courants politiques. Le remplacement illégal du maire RCD, l’année dernière, n’est d’ailleurs pas à mettre à l’écart des événements de Berriane. Selon la lettre du bureau du RCD à Ghardaïa, la situation à Berriane profite à deux catégories « d’abords à ceux qui se sont opposés à l’élection d’un maire RCD d’une façon démocratique et ils ont bien tiré les dividendes en organisant leur putsch et à ceux qui ont acheté des maisons au tiers, voire au quart de leur prix et tous ceux qui ont vendu leurs maisons ou leurs lots de terrain à quatre ou cinq fois leurs prix d’avant les événements, et ils sont des centaines ». Youcef Haouen, du comité de la Djamaâ, estime pour sa part que les habitants de Berriane ont voté massivement lors de l’élection présidentielle pour gagner la paix. « Nous voulons éviter la ‘’darfourisation’’ de l’Algérie », dit-il.

Par N. B.


Kamel Eddine Fekhar (Initiateur de l’appel pour l’officialisation du rite ibadite)

« Les Mozabites ont toujours subi un chantage politique »

Se sentant victimes de leur situation minoritaire, les ibadites réclament l’officialisation de ce rite afin de parer à toute menace ou agression. Kamel Eddine Fekhar, militant des droits de l’homme et responsable de la fédération du Front des forces socialistes à Ghardaïa, estime que la vallée du M’zab a de tout temps connu des mouvements de violence : « Depuis l’indépendance, la population mozabite vit dans un climat de peur et se sent menacée.

A chaque fois, des heurts ont éclaté entre Mozabites et Arabes, en 1962 à Ouargla puis en 1975 à Beni Izguen et Grara, en 1985 à Ghardaïa, en 1990 à Berriane, en 2004 à Ghardaïa, Melika, Beni Izguen et Grara et aujourd’hui à Berriane. L’histoire d’Arabes contre Mozabites devient une mine qu’on fait exploser à chaque besoin. Le racisme est maintenu comme une clé à troubles », déclare le responsable politique. Ce dernier accuse le pouvoir « d’entretenir la haine. Est-il concevable qu’un Etat ne puisse pas maîtriser une ville dont le nombre d’habitants n’excède pas le quart du nombre de spectateurs que peut contenir le stade du 5 Juillet », s’interroge-t-il. Et de se demander : « Comment se peut-il que dans une République qui a des lois et des mécanismes modernes de gestion de l’Etat, on fait signer un pacte à deux communautés. Est-ce à dire que lorsque les clubs d’El Harrach et Kouba ne s’entendent pas, on leur fait signer aussi un ‘’itifaq’’. C’est carrément la remise en cause des fondements même d’une République », dit-il. Kamel Eddine Fekhar considère que les événements de Berriane sont la facture de son ouverture sur les partis politiques. « On veut casser le mouvement de rébellion sur les traditions qui enchaîne les populations mozabites. Tous les Algériens peuvent adhérer dans les partis qu’ils veulent sauf les Mozabites. Cela arrange le pouvoir que Ghardaïa reste fermée. Il y a une panique au niveau du pouvoir central quant à une ouverture réelle de Ghardaïa sur les partis, d’où la création en 2006 d’un conglomérat de notables triés sur le volet, alors qu’à Ghardaïa, cela n’existe pas. A Berriane, on refait ça à travers la création du comité de la djamaâ, c’est carrément un pas en arrière sur le plan de l’ouverture politique », indique Fekhar. Ce dernier estime que le rite ibadite est plus une école qu’un rite religieux et se base sur trois enseignements : d’abord la charia et en second lieu la philosophie ou comment convaincre l’autre d’embrasser l’Islam par la bonne parole et concerne aussi un volet politique qui interdit l’obéissance au dirigeant qui n’est pas sur le droit chemin. Cela veut dire que ce sont l’enseignement de la tolérance, de la sagesse et la quête du bien pour la collectivité. Fekhar explique que la demande d’officialisation du rite ibadite obéit au souci d’ôter toute menace sur la communauté mozabite « depuis l’indépendance, les Mozabites ont fait l’objet de chantage politique. S’ils refusent de voter FLN, ils se voient menacés de perdre leurs écoles et mosquées », explique M. Fekhar en soulignant que la pétition en faveur de l’officialisation de ce rite compte à ce jour 4000 signatures. « On est maintenus dans une situation d’illégalité, donc de vulnérabilité. En Algérie, le droit à la différence n’est pas reconnu. Lorsqu’un ministre déclare que l’officialisation de l’ibadisme est une atteinte à l’unité nationale, je trouve cela très grave. Cela obéit à une volonté d’imposer la pensée unique », dit-il en exprimant la crainte que Berriane « ne soit que le laboratoire pour tester l’implosion dans la société mozabite » .
La peur du fer rond

|Les barres de fer rond, utilisées dans la construction, ont été transformées, lors des événements de Berriane, en véritables armes de guerre. Recevoir des projectiles de fer sur la tête est devenu la hantise des habitants de Berriane et même des agents des forces de l’ordre. Découpé en petit morceau et lancé comme projectile, le fer rond devient une vraie arme de guerre qui a blessé plusieurs personnes. Beaucoup parmi les blessés, dont des policiers, ont perdu l’usage d’un œil. Au plus fort des affrontements, une vraie pluie de fer rond s’est abattue sur la ville.|

Par Nadjia Bouaricha