La gendarmerie disperse les manifestants à coups de gaz lacrymogène

MANIFESTATION CONTRE LE CHÔMAGE À LA ZONE INDUSTRIELLE DE AÏN EL BYA À ORAN

La gendarmerie disperse les manifestants à coups de gaz lacrymogène

Le Soir d’Algérie, 15 février 2012

«Ce n’est pas parce que le président Bouteflika est attendu le 24 février à l’occasion de la célébration de la nationalisation des hydrocarbures que nous cesserons de manifester !», nous diront des jeunes parmi la centaine qui ont manifesté, hier encore, leur colère et leur ras-le-bol d’être «mis à l’écart lorsqu’il s’agit de recrutement au niveau de la zone industrielle, que ce soit à Bethioua, Aïn El Bya ou Arzew, car seuls les pistonnés ont droit à tous les égards et privilèges».

Hier, des centaines de citoyens du Camp Phœnix (Haï Es Salem), dont une grande majorité de chômeurs, ont bloqué la RN 11, reliant Oran à Mostaganem, en alignant des blocs de pierres, tout en formant un cordon humain. Ce qui révolte davantage ces jeunes qui n’ont pas hésité à investir ce lundi l’accès n°2 de la zone industrielle (P2) en brandissant des banderoles, en guise de message aux responsables des unités et des complexes, ce sont, disent-ils, «les recrutements hors wilaya». «Au lieu de recruter les enfants de la zone, qui sont prioritaires, ce sont d’autres qui viennent prendre les postes de travail et nous, nous récoltons la pollution, les maladies et la rage d’être opprimés, il faut que cela cesse. Certaines communes délivrent des documents de complaisance à des gens hors wilaya afin d’être recrutés, et ce, à notre détriment !» C’est ainsi qu’hier le mouvement de protestation a été reconduit et a vu l’affluence d’un nombre encore plus important de demandeurs d’emploi. Les manifestants ont bloqué la RN 11 à deux niveaux, à savoir l’axe menant au Camp 5 de Sonatrach et le second à hauteur de Haï Es Salem, sur l’axe routier menant à Mostaganem. La situation était devenue tendue, et l’intervention des forces de sécurité ne s’est pas fait attendre. Dans un premier temps, la route a été totalement fermée à la circulation au niveau du pont menant à Arzew et puis à hauteur du pont menant à Bethioua pour dévier les usagers et les automobilistes. La contestation ayant pris de l’ampleur, la gendarmerie a eu recours au gaz lacrymogène afin de disperser les manifestants. Quatre jeunes ont été arrêtés, pour être par la suite relâchés, ce qui a calmé les contestataires qui se sont dispersés vers midi. «Nous comptons manifester tous les jours, nous savons que nous risquons la bastonnade car les autorités locales veulent maintenir le calme et poursuivre leurs préparatifs en prévision d’une éventuelle visite du président de la République, rien ne nous arrêtera, nous sommes des pacifiques, nous ne demandons pas la lune, juste d’être embauchés dans notre commune et que cesse la hogra», nous diront ces jeunes.
Amel Bentolba