Ni Boycott, ni participation, le FFS veut un «consensus» pour une sortie de crise

Ni Boycott, ni participation, le FFS veut un «consensus» pour une sortie de crise

Sana Harb, Maghreb Emergent, 7 mars 2014

Le Front des Forces Socialistes a mis fin, vendredi, une déroutante stratégie de communication sur sa position sur l’élection présidentielle du 17 avril prochain. Dans la tradition du « ni-ni », il ne participe pas, ne boycotte pas. Il recherche le consensus pour sortir d’une crise jugée très inquiétante et dangereuse.

La résolution politique du Conseil National se place d’emblée sur l’après-élection à laquelle il ne participe sans pour autant appeler à son boycott. Le 18 avril, soit au lendemain de l’élection, ne « sera pas un moment de cohésion », indique la résolution mais un accroissement du « fossé entre les institutions et les « citoyens » et un délitement encore plus grande de l’Etat. Dénonçant un système où les « décideurs » se permettent tout « après que les grandes puissances mues par leurs seuls intérêts stratégiques et économiques lui aient déjà tout permis », la résolution souligne que l’Algérie reste encore sous l’emprise d’une « république des décideurs où les élections ne sont qu’une formalité ». Le FFS s’inquiète plus sérieusement du «jour d’après » de la présidentielles où les « périls et les défis seront toujours immenses ». Les élections du 17 avril, selon la résolution politique, ne permettront pas de « conjurer les risques de vide politique, d’instabilité institutionnelle, de radicalisations possibles ». Elle n’effacera pas, non plus, « les pressions économiques, diplomatiques voire sécuritaires qui s’accentuent sur notre pays », ni le « risque de scénarios catastrophiques comme vécus par nombre de pays dans notre aire régionale ». Quelle est la stratégie du FFS devant cette apparente impasse alors que les algériens sans renoncer à la « liberté refuse l’aventure » au point de paraître parfois «ménager le système »? Dans la recherche des « chemins du consensus pour une issue à la crise » répond le FFS sans décliner les éléments de ce consensus.

Pas de recours à la rue

La rue parait totalement exclue car si le « FFS ne compte toujours pas sauver le système au nom du patriotisme », il n’oublie « toujours pas le patriotisme au nom de la démocratie ». L’expérience de l’Algérie dans les années 90, ce qui se passe en Egypte, en Libye, au Soudan ou en Ukraine sont évoquées pour justifier une démarche prudente de quête de « consensus » pour « sauver le pays, consolider l’État, enraciner les libertés et défendre les pluralismes sans sauver le système ». Le FFS admet que le chemin n’est pas facile mais semble savoir au moins « ce qu’il ne faut pas faire ». Quant à la présidentielle, elle n’est «décisive » que pour le système, souligne le FFS, qui n’évoque à aucun moment la question du 4ème mandat de Bouteflika. Participer à cette élection est « inconcevable » mais l’option du boycott « même si elle est respectable, ne constitue pas à elle seule une alternative ». La priorité de l’étape actuelle, selon le FFS, n’est donc pas de se positionner sur les élections mais d’œuvrer à la « reconstruction d’un consensus national, autour d’un programme et d’un calendrier de transition ». Un consensus qu’il juge « inéluctable ». La position du FFS n’est pas une surprise, sa stratégie de communication sur le tard est surprenante. Un de ses responsables répondait souvent que le FFS annoncera sa position au « moment opportun ». Fallait-il attendre la clôture de la remise des dossiers de candidature au Conseil Constitutionnel pour énoncer une position … sans surprise.