Le cercle présidentiel sollicite des officiers de l’ANP à la retraite

LE CERCLE PRESIDENTIEL SOLLICITE DES OFFICIERS DE L’ANP A LA RETRAITE

En quête de généraux

Le Soir d’Algérie, 4 septembre 2003

Après avoir échoué dans sa tentative d’implosion du FLN par le biais des Hadjar, Si Affif, etc., le clan présidentiel est passé à une autre étape en appelant à la rescousse des généraux à la retraite. C’est ce qu’affirment des sources très crédibles qui précisent que les chefs de file de la contestation anti-FLN ont pris attache ces derniers jours avec les généraux à la retraite Abdelmadjid Cherif, Zine El Abidine Hachichi et Kamel Abderrahim afin de les convaincre de prendre la tête de la cabale anti- Benflis.
Abdelkader Hadjar, le tonitruant ambassadeur d’Algérie à Téhéran toujours en congé à Alger, et un conseiller à la présidence dont le nom ne nous a pas été révélé sont les deux personnes qui ont été chargées de négocier ces ralliements, indiquent des sources proches des milieux contestataires. Si le général Kamel Abderrahim, qui se tient en marge de la scène politique depuis sa démission de l’ANP à l’époque de la présidence de Chadli Bendjedid, préférant se consacrer à ses affaires, a opposé un niet catégorique à la démarche de Hadjar, les deux autres généraux contactés ont préféré réserver leur réponse, indique-t-on encore. Cela est notamment le cas du général Abdelmadjid Cherif qui aurait demandé un temps de réflexion de 48 heures pour donner une réponse définitive à ses interlocuteurs. La rencontre ayant eu lieu dans la soirée de lundi dernier, la réponse d’Abdelmadjid Cherif devait, donc, intervenir dans la soirée d’hier, soit une fois terminées les consultations qu’il avait entamées avec un certain nombre de ses relations, précisent les mêmes sources qui se disent toutefois “optimistes” quant au contenu de cette réponse, du fait même du “parcours politique” de ce général. Abdelmadjid Cherif est, en effet, connu pour ses accointances avec les franges conservatrices du système. Proche de la mouvance de Sant Egidio – tout comme le président de la République et Abdelkader Hadjar –, cet ancien député FLN de Tébessa fait toujours parler de lui dans les salons algérois. Ses contacts privilégiés – il est beau-frère de l’ex-président Liamine Zeroual et ami intime de Rachid Aïssat, l’influent conseiller de Bouteflika – lui donnent une image d’“initié” très prisé par le microcosme politique algérois. Nos sources se montrent toutefois sceptiques quant à la réponse de l’autre général à la retraite contacté, Zine El Abidine Hachichi, qui avait également demandé un temps de réflexion. Ancien vice-président de la commission de défense nationale du Conseil de la nation, le général Hachichi est qualifié d’“homme sage et prudent” par ceux qui le connaissent et qui estiment que l’homme ne s’embarque pas facilement “dans de telles aventures”. Par ailleurs, et au-delà de la réponse des uns et des autres, les observateurs préfèrent s’attarder sur les réels objectifs recherchés, à travers cette opération, par les stratèges du cercle présidentiel. Les récentes sorties médiatiques du général de corps d’armée Mohamed Lamari, réaffirmant la stricte neutralité de l’ANP quant à la prochaine échéance électorale, ne seraient pas totalement étrangères à cette démarche, estime-t-on, en effet, dans les milieux initiés. En sollicitant le parrainage de généraux, même à la retraite, le clan présidentiel ne cherche, en fait, qu’à se doter de “leurres” qui pourraient accréditer l’idée déjà avancée par ses relais médiatiques que Bouteflika bénéficie du soutien d’une partie de l’institution militaire dans sa course à un second mandat. Un stratagème tendant à faire basculer dans le camp présidentiel ceux qui hésitent encore à s’impliquer activement dans la campagne électorale du candidat Bouteflika. A voir le sort réservé à cette démarche par les personnalités sollicitées, il semble que le clan présidentiel vient d’essuyer, là aussi, un énième échec.
Badreddine Manaâ