Communiqué de la Présidence à propos du limogeage de 6 ministres

Communiqué de la présidence de la République

par J.I , Le Jeune Indépendant, 6 septembre 2003

La présidence de la République a rendu public hier le communiqué suivant : «Le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, a pris hier, sur proposition de M.Ahmed Ouyahia, chef du gouvernement, un décret présidentiel portant remaniement ministériel, partiel, conformément à l’article 79 de la Constitution.

Ce remaniement porte sur les fins de fonctions et les nominations suivantes : – Ministre de la Justice, garde des Sceaux : Tayeb Belaïz, en remplacement de M.Mohammed Charfi. – Ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication : M.Amar Tou, en remplacement de M.Zine Eddine Youbi.

– Ministre de l’Emploi et de la Solidarité nationale : M.Djamal Ould Abbès, en remplacement de M.Tayeb Belaïz. – Ministre des Ressources en eau : M.Mohamed Douihasni, en remplacement de M.Abdelmadjid Attar. – Ministre de la Jeunesse et des Sports : M.Boudjemaâ Haïchour, en remplacement de M.Mohamed Allalou.

– Ministre déléguée auprès du chef du gouvernement, chargée de la Communauté nationale à l’étranger : Mme Sakina Messadi, en remplacement de Mme Fatma Zohra Bouchemla. Le président de la République a, également, mis fin aux fonctions de M.Abdelkader Sallat, ministre délégué auprès du ministre de la Justice, chargé de la Réforme pénitentiaire, dont les attributions sont dévolues au ministre de la Justice, garde des Sceaux’’.

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Le président de la République remanie le gouvernement Ouyahia

Bouteflika limoge 6 ministres pro-Benflis

par Mohamed Zaâf , Le Jeune Indépendant, 6 septembre 2003

Par Mohamed Zaâf Le camp Benflis vient d’accuser un autre coup en perdant des portefeuilles dans le gouvernement, donc des espaces dans le pouvoir.Le président de la République choisissant d’être en harmonie avec sa déclaration à Skikda – «l’Algérie n’a plus de temps à perdre» – décide ès qualité de sévir sans toutefois fermer la porte du «repentir».

Les ministres accusés de privilégier l’esprit partisan, voire clanique, au détriment de l’action gouvernementale ont été placés devant un choix simple mais ferme : se soumettre ou se démettre.Le limogeage d’Ali Benflis, qui semble avoir démesurément préjugé de ses forces, et celui non moins spectaculaire des ministres qui lui sont acquis démontrent la détermination du président à ne plus faire dans la dentelle et à mettre désormais les moyens en sa possession pour casser les freins mis à l’homogénéité gouvernementale et par là à l’évolution du pays à un rythme acceptable.

L’éviction des ministres pro-Benflis, qui ne peut être perçue autrement que comme un nouvel et sérieux avertissement pour signifier que le temps n’est plus aux ménagements, ne peut rester sans influence sur le moral du camp Benflis.

Ces derniers développements encouragent à supposer que Benflis aura fort à faire pour essayer de limiter les dégâts éventuels au sein de ses forces parlementaires alors que les défections ne sont plus à écarter.D’autant que la menace d’une dissolution de l’APN plane toujours.

Une institution qui, telle que configurée, est perçue comme un poids à la traîne par le pouvoir en place.Le fait que le Président ait préféré ces derniers temps légiférer par ordonnance plutôt que de s’adresser à un parlement, accusé à tort ou à raison de blocage, accrédite l’idée d’une possible dissolution en dernier recours.

Une telle menace ne pourra qu’encourager les actuels députés FLN à trancher et à choisir, une fois pour toutes, leur camp avant que n’arrive le moment inévitable de voir les majoritaires de l’APN placés devant un dilemme de même type que celui posé aux ministres issus du Front.

On ne pourra alors se dire surpris de voir demain le nombre des députés qui opteraient pour la sagesse et les bienfaits des «acquis» égaler en proportion le nombre des ministres qui ont choisi de lier leur sort à un succès de Bouteflika.

Plutôt que de miser sur un «étalon» jeté en course sans même avoir été ferré, il est plus judicieux de parier sur un «canasson» réputé pour être dans ses aises dans les maquis de la politique, fait-on valoir dans le milieu des observateurs de la scène politique algérienne.

D’autant que l’équipe de Benflis donne, nonobstant les déclarations du style «Assahaf», l’impression de s’essouffler alors que le président n’a encore dévoilé aucune de ses cartes en perspective de la présidentielle de 2004.Une compétition qu’il compte remporter mais sans être l’homme du consensus, cette fois ! M.Z.