Sénatoriales: Victoire du FLN sur l’alliance RND-PT

Le parti de Soltani poussé dans ses derniers retranchements

Les craintes cachées du MSP

El Watan, 31 décembre 2009

Le Mouvement de la société pour la paix (MSP), parti dirigé depuis 2003 par Bouguerra Soltani, semble tenir à l’Alliance présidentielle plus que le FLN et le RND.

Les responsables de cette formation se sont empressés, en tout cas, d’affirmer que celle-ci (l’Alliance présidentielle, ndlr) « se poursuivra quels que soient les résultats des élections du renouvellement partiel » du Conseil de la nation et la nature des pactes conclus par certains de ses partenaires avec d’autres formations politiques. Bien entendu, la direction du MSP fait là allusion au deal passé par le RND, la formation présidée par l’actuel Premier ministre, avec le Parti des travailleurs (PT). Inutile de mentionner que l’affirmation du MSP – qui présente toutes les caractéristiques d’une mise au point – s’adresse en particulier à ceux qui n’ont cessé de le présenter ces derniers jours comme un parti en perte de vitesse. Pis encore, un parti au bord de l’effondrement. Si, donc, tout va bien dans la maison MSP et au sein de l’Alliance présidentielle, alors pourquoi Bouguerra Soltani s’est-il senti obligé de monter au créneau pour répondre à ses détracteurs ? Il aurait pu, tout simplement, les ignorer superbement ainsi d’ailleurs qu’il avait l’habitude de faire par le passé lorsque le « mouvement » était attaqué et laisser le terrain apporter un démenti à ses opposants. Fondamentalement, le MSP n’a pas tout à fait tort de ne pas être inquiet concernant l’avenir de l’Alliance présidentielle. On imagine mal, en effet, le pouvoir décider comme cela, du jour au lendemain, de se passer d’un levier politique qui peut encore lui assurer une pérennité sur de très longues années. Et sans nul doute que le fantasme caché du pouvoir est de parvenir, un jour, à faire graviter le maximum de partis autour de l’Alliance présidentielle. N’en déplaise à Bouguerra Soltani, le contrat conclu par le RND avec le Parti des travailleurs est conforme à la logique intégratrice du pouvoir. Même si le parti de Louisa Hanoune n’a pas la qualité de membre de l’Alliance présidentielle, dans la réalité, il agit depuis un bout de temps comme s’il en faisait partie. A ce propos, il serait plus juste de dire que le PT est en mission dans l’opposition. C’est probablement ce constat qui fait le plus peur au MSP. Car l’arrivée, même de manière informelle, d’un nouveau membre dans l’Alliance présidentielle pourrait se traduire pour le MSP par une importante perte d’influence. Considéré actuellement comme le ventre mou de l’Alliance en raison de ses problèmes internes récurrents, le MSP court le risque de se voir confiné dans le rôle de parti alibi.

Le « Mouvement » peut se voir confiné dans le rôle de parti alibi Ce qu’il est d’ailleurs déjà un peu. Il n’y a qu’à voir la facilité déconcertante avec laquelle le « mouvement » perd ses plus précieux cadres au profit de la formation de Abdelmadjid Menasra pour s’en convaincre. La direction du MSP a beau se montrer confiante et étaler au grand jour ses certitudes, il reste que ses sorties hasardeuses renvoient aujourd’hui l’image d’un parti en crise. Pour le moins insolite, la mise au point adressée aux journaux et aux médias lourds, auxquels il est reproché notamment de disserter sur une reconfiguration politique qui n’existe pas, révèle une certaine panique au sein du MSP. Bouguerra Soltani a une peur bleue de vivre l’histoire en tant qu’acteur passif. La formation fondée par Mahfoud Nahnah est-elle vraiment condamnée à devenir une coquille vide comme le sont devenus au fil des années Ennahda et El Islah ? C’est une éventualité à ne pas exclure, surtout que la mouvance islamiste est actuellement en phase d’atomisation. Il est d’ailleurs utile de souligner que le MSP est en net recul en matière de scores électoraux. Inversement, cela ne veut pas dire que les islamistes ont disparu de la société. Pas du tout. La société est dans bien des cas en train de se « salafiser » à une vitesse grand V. Le pouvoir y est d’ailleurs pour quelque chose. Les partis islamistes s’effritent les uns après les autres pour des raisons évidentes. Comme la majorité des acteurs de la classe politique, ils sont corrompus et ne perçoivent pas la politique autrement que comme un ascenseur social. Pis encore, ils n’ont pas de programme et se contentent très souvent de surfer sur la vague populiste. Le MSP n’échappe pas à ce constat. Et cette fragilité endémique, un parti comme le FLN l’a bien compris. C’est pourquoi il s’est mis, avec Belkhadem, à chasser sur les terres des islamistes. Forcément, de telles initiatives ne peuvent pas aussi réjouir les décideurs du MSP. Des décideurs qui doivent être, à l’heure qu’il est, dans un total désarroi. Et ce n’est pas la sérénité de façade qu’ils affichent qui changera quelque chose à la réalité.

Par Zine Cherfaoui

 


Le MSP a été laminé à l’issue des sénatoriales de mardi dernier

Victoire du FLN sur l’alliance RND-PT

Le FLN bat l’alliance RND-PT, le MSP laisse des plumes et les partis d’opposition s’éclipsent.

Les résultats des élections sénatoriales ont conforté le FLN dans sa position de parti majoritaire au niveau des deux chambres du Parlement. L’ex-parti unique a remporté 23 sièges sur les 48 mis en jeu. Au lendemain de ce suffrage indirect, la direction du FLN s’est dite satisfaite des résultats obtenus. « Nous avons réalisé nos objectifs. Nous voulions avoir 23 sièges et nous les avons eus », a déclaré Saïd Bouhedja, chargé de communication du FLN. Pour lui, le vieux parti a réalisé une double victoire : « En plus du fait que nous avons conservé notre majorité, nous avons également sauvé cinq assemblées populaires de wilaya. Nous aurions pu les perdre si les présidents d’APW étaient élus sénateurs. C’est le plus important pour nous. » Mais la plus grande victoire, pour le parti de Abdelaziz Belkhadem, est celle remportée sur l’alliance, qualifiée de contre nature, entre le RND et le PT. « Malgré des alliances illégitimes entre deux idéologies diamétralement opposées, le FLN est sorti gagnant de cette élection », commente encore Saïd Bouhedja. Le deuxième bénéficiaire de ce scrutin est le RND. Même s’il a échoué dans sa tentative de reprendre sa majorité au Sénat, le parti d’Ahmed Ouyahia a toutefois gagné 3 sièges supplémentaires. Avec 20 sièges, il se place confortablement derrière le FLN. « Les résultats de ces sénatoriales sont très positifs. Ils constituent un pas en avant en matière de représentation du parti au sein du Conseil de la nation », estime le RND dans un communiqué rendu public hier. L’avancée du RND s’est faite au détriment de son allié de l’Alliance présidentielle, le MSP. Ce dernier reçoit une véritable gifle : il perd non seulement 8 sièges, mais aussi son groupe parlementaire au niveau du Sénat.

Le MSP s’est contenté, à l’issue du scrutin du 29 décembre dernier, de 2 sièges. Un net recul. La crise interne qui a secoué la formation de Bouguerra Soltani a, sans nul doute, contribué à cette défaite cinglante. Cela même si la direction du parti ne voit aucune relation entre cet échec et la crise. « Le résultat ne nous a pas surpris. Nous étions minoritaires dans toutes les wilayas », estime Mohamed Djemâa, chargé de la communication au MSP. Selon lui, « la crise qui a divisé le parti n’a eu aucune influence sur les résultats finaux de cette élection ». L’autre fait marquant de ces sénatoriales est le net recul des partis de l’opposition. A commencer par le RCD, qui n’a obtenu qu’un seul siège (à Tizi Ouzou) sur les trois qu’il convoitait. Le parti de Saïd Sadi a perdu dans les wilayas de Béjaïa et de Ghardaïa, où il a également présenté des candidats. Le FNA a présenté des candidats dans une quarantaine de wilayas, mais n’a pas créé la surprise en ne réussissant à placer dans la chambre haute qu’un seul sénateur. Ces résultats devraient secouer l’opposition qui, malgré les difficultés, doit revoir sa stratégie et tenter de se redéployer en prévision des élections législatives et locales de 2012. Car c’est en ayant plus d’élus dans les assemblées locales que les partis d’opposition peuvent prétendre à des résultats probants dans ce genre de scrutin. A moins qu’ils se plaisent dans ce rôle de figurant, dans une assemblée dominée par les partis du pouvoir, les responsables de l’opposition doivent réfléchir, dès aujourd’hui, aux moyens qui peuvent leur permettre de réaliser un vrai sursaut.

Par Madjid Makedhi