Ouyahia met le FFS sous pression

APRES L’ACCORD SUR LA REVOCATION DES INDUS ELUS

Ouyahia met le FFS sous pression

El Watan, 27 janvier 2004

La scène politique en Kabylie est prise de frénésie après l’accord conclu entre le chef du gouvernement et la délégation des archs sur la révocation des «indus élus». De nombreux observateurs craignent de voir la région sombrer dans une autre phase de turbulences.

«On règle un problème en en créant un autre», disent certains, mais pouvait-il en être autrement lorsqu’on sait que depuis bientôt trois ans, toutes les lois, toutes les règles ont été foulées aux pieds par un pouvoir resté sourd aux revendications populaires et qui a eu recours à toutes les formes de répression pour faire taire, sans y parvenir, une jeunesse qui a vu trop de sang couler. Le FFS, concerné en premier lieu par la décision entérinée entre les archs et Ahmed Ouyahia, n’a jamais été tendre avec les délégués des archs, auxquels il s’était opposé en participant aux élections locales du 10 octobre 2002, et ce n’est pas aujourd’hui qu’il acceptera aussi facilement de se faire «humilier» après tous les risques pris en 2002. Selon des sources proches du chef du gouvernement, ce dernier aurait entrepris depuis plusieurs jours des contacts avec les responsables du parti d’Aït Ahmed en vue de l’amener à accepter la décision et lui permettre une «sortie honorable». Ceci dit, il est intéressant de savoir aujourd’hui de quel poids disposent les partis politiques implantés en Kabylie, alors que depuis trois ans le terrain politique, déserté sciemment ou non par les formations politiques, est occupé par les archs. L’inquiétude des politiques sur les conséquences, politiques et juridiques, du départ des élus est, aux yeux de nombreux citoyens de la région, guidée par des intérêts qui ne sont pas toujours ceux d’une population en souffrance depuis 34 mois et qui ne souhaite qu’un règlement pacifique de la crise. Il est difficile aujourd’hui en Kabylie de mobiliser les citoyens, qui ont tourné le dos à toutes les élections organisées depuis avril 2001, d’autant plus que la gestion des collectivités, avant 2002, n’a pas toujours été à la hauteur des aspirations des citoyens. Il est vrai aujourd’hui que remettre en cause la validation par le Conseil constitutionnel des mandats des élus de Kabylie pose un problème de droit, mais la crise en Kabylie est-elle simplement une question de droit constitutionnel ? Certainement pas. L’intérêt des populations locales ne doit-il pas primer sur les intérêts partisans ? Il y aura demain d’autres élections qui permettront à tous les partis d’entrer dans la course pour l’intérêt général, et le FFS pourrait être le grand gagnant, surtout si l’Assemblée nationale, où il n’a pas d’élus, serait dissoute.

Par Mourad Hachid