Le Mouvement pour les générations libres est né

Les organisateurs laissent planer le doute !

Le Mouvement pour les générations libres est né

El Watan, 30 juillet 2009

Les initiateurs de ce mouvement tiennent à préciser qu’ils ne donnent pas naissance à un parti mais n’excluent pas qu’il le devienne dans les jours à venir.

Celui dont le projet de naissance a fait couler beaucoup d’encre et suscité plein d’interrogations a finalement vu le jour, hier à l’hôtel Essafir d’Alger, sans panache ni faste. C’est dans les locaux du dancing de l’hôtel Essafir qu’est né le Mouvement des générations libres, celui qu’on donnait pour être le futur parti devant hisser Saïd Bouteflika vers la succession au président Bouteflika, son frère, à la tête du pays. Mourad Sassi, tête d’affiche de ce mouvement et connu pour être proche des Bouteflika, a tenu à démentir l’information selon laquelle son mouvement est un parti, mais n’exclut toutefois pas qu’il le devienne. « Nous avons organisé cette conférence de presse pour dire que notre mouvement est une organisation non gouvernementale humanitaire et pas un parti politique », a-t-il dit. « Mais on peut aller vers la création d’un parti politique. Il y a des choses que je ne peux pas dire ici », a ajouté le conférencier, dont les propos ont laissé perplexes plus d’un par leur contradiction. Des déclarations qui font allusion à la rumeur de la création d’un parti pour Saïd Bouteflika.

Organisant un congrès constitutif de cette ONG, les initiateurs de la rencontre de l’hôtel Essafir se présentent comme porteurs d’un message en faveur du président de la République et de ses projets. « Notre mouvement existe depuis dix ans, nous avons participé aux différentes campagnes en faveur du président Bouteflika, que ce soit pour les campagnes présidentielles ou pour la charte pour la réconciliation nationale et pour la concorde civile », a indiqué Mourad Sassi, le président de cette ONG qui se donne pour objectif principal de « concrétiser la démarche du chef de l’Etat pour la réconciliation nationale ». Autre point justifiant la création de cette ONG, celui consistant à « sensibiliser les Algériens pour aimer leur patrie et suivre par leurs encouragements le projet de relance économique ». Des objectifs auxquels s’attellent pourtant trois partis politiques, le FLN, le MSP et le RND en l’occurrence, ainsi que plusieurs organisations de masse. Quel plus pourrait donc apporter une telle ONG si ce n’est d’aller vers un recentrage des soutiens au président dans un large mouvement capable d’échapper « aux influences externes » ? Même soutenu par une noria d’organisations de masse et de partis, l’entourage de Bouteflika semble ne pas exclure la possibilité de voir échapper à leur contrôle un certain nombre d’entre eux, car comme tout appareil de propagande, ils sont mus par le pouvoir du moment. Ce qui ne saurait être le cas avec l’option de création d’une entité dont la vocation exclusive est de porter un projet unique : suivre sans hésitation les intérêts de Bouteflika, d’où la création de l’ONG en question. « Nous n’avons pas pour ambition de perturber les partis de l’Alliance présidentielle. Mais nous pensons que nous pouvons apporter notre contribution à la prise en charge des problèmes des Algériens. Il n’y a pas que l’Etat qui doit prendre en charge les intérêts des Algériens », note M. Sassi, qui n’a pas cessé de qualifier son mouvement d’« indépendant ».

Le chargé de communication a tenu à signaler pour sa part que les acteurs de ce mouvement ou ses membres fondateurs ont été classés « premier soutien actif » par la direction de campagne de Bouteflika. Le président de l’Ong a tenu à souligner que son mouvement a un caractère international puisqu’en plus des représentants au niveau des 48 wilayas du pays, il compte aussi 78 bureaux à l’étranger. Malgré cette aura internationale, aucune personnalité connue n’a figuré parmi les 150 participants à ce congrès. Ces derniers étaient majoritairement des représentants du mouvement associatif, des anciens militaires et des représentants de la communauté algérienne à l’étranger.

Par Nadjia Bouaricha