Portrait : Djamel Ould Abbès : l’ex-parti unique retrouve sa langue… de bois

Portrait : Djamel Ould Abbès : l’ex-parti unique retrouve sa langue… de bois

El Watan, 24 octobre 2016

Sa nomination à la tête de l’ex-parti unique a suscité autant de commentaires que l’éviction de son prédécesseur. Son âge — un vieillard de 82 ans — et ses attitudes politiques sont au centre de toutes les discussions. Il s’agit du nouveau secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbes, dont le retour au devant de la scène, après une éclipse de quelques mois dans les bureaux sombres du Sénat, a intrigué plus d’un.

Mou, mauvais orateur et surtout grand bonimenteur, l’homme a toujours été l’objet de railleries dans les milieux politiques et médiatiques. Ses déclarations les plus saugrenues, notamment lors de son passage au ministère de la Solidarité nationale, lui ont valu le surnom de «Père Noël» à la cravate et aux chaussettes rouges… Portrait d’un personnage politique qui sait faire le Tartuffe à la perfection.

Né à Tlemcen le 24 février 1934, Djamel Ould Abbes symbolise, à lui seul, la réussite à l’algérienne : par le clientélisme et la cooptation. Et pour cause, l’homme n’a, dans son palmarès, aucune action de bravoure ni position d’homme sur les nombreuses questions qui minent le quotidien des Algériens depuis l’indépendance. L’indigence de son parcours contraste avec son ascension politique, surtout durant le règne du président Bouteflika. Car avant 1999, le sénateur du tiers présidentiel n’a eu que des apparitions furtives sans grande importance, comme sa carrière de footballeur dans le club de Aïn Témouchent qu’il a vite interrompue.

Son seul diplôme, il l’a obtenu en Allemagne après avoir bénéficié d’une bourse d’études du FLN. C’est celui de médecine, dont on ne connaît pas la spécialité. Dans ce domaine, le «douktour» Ould Abbes n’a pas brillé. Le seul poste occupé après son retour au pays est celui de directeur de la santé de la wilaya de Tlemcen. C’est là où il y a de la magouille que le personnage aime se retrouver. Désigné au poste de secrétaire de l’Union des médecins arabes (UMA), le nouveau secrétaire général du FLN a investi, pour la première fois, le champ politique en devenant, dès 1982, débuté du parti unique.

Il s’est éclipsé par la suite à partir de 1992, pour ne revenir qu’en 1999 dans les bagages du président Bouteflika. Nommé ministre de la Solidarité pendant dix ans, Djamel Ould Abbes s’est distingué par ses mensonges sur «les chiffres concernant la pauvreté en Algérie» et «le taux de chômage» lorsque son département était aussi chargé de l’Emploi. S’occupant beaucoup plus de la distribution des bus en contrepartie de soutiens au président Bouteflika, il a laissé le secteur de la solidarité dans une véritable détresse.

L’homme n’a pas fait mieux quand il est passé à la tête du secteur de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière durant deux années, de 2010 à 2012. Hier, il a accédé au poste de secrétaire général du FLN. Pour quelle nouvelle mission ? Peut-être celle de recueillir les fausses motions de soutien pour le cinquième mandat du président Bouteflika.
Madjid Makedhi