Huitième congrès du FLN et l’élection 2004

LE HUITIÈME CONGRÈS DU FLN ET L’ÉLECTION 2004

Benflis plaide pour «l’indépendance» du parti

Par Fayçal Métaoui, El Watan, 19 mars 2003

A moins d’un retournement imprévu, Ali Benflis est qualifié pour conduire le FLN pendant les prochaines années. Le 8e congrès, ouvert hier à l’hôtel El Aurassi à Alger, l’a largement applaudi et à plusieurs reprises.

Aucun nom ne circule dans les coulisses du congrès sur un éventuel successeur à Benflis. L’homme, qui tente depuis son arrivée à la tête du parti en septembre 2001 de donner «une autre vie» au FLN, a parlé hier de «nouvelle légitimité démocratique». Le FLN a, selon lui, atteint le seuil d’évolution qui lui permet de concevoir et d’appréhender ses rapports avec l’Etat, «dans la clarté et sans confusion aucune, dans une dynamique qui conforte son indépendance et qui valorise son rôle au service de la République». Mieux, Benflis a dit mettre «le destin» du parti entre les mains des congressistes. Avec ce mot d’ordre : «Veillez à son indépendance et veillez à ce qu’aucune tutelle ne s’exerce sur lui !» Pour étayer son propos, il a cité un poème de Moufdi Zakaria, l’auteur de Quasaman, mort en exil. Son discours au sein du FLN est nouveau. Benflis veut-il mener le parti loin des influences des centres de décisions ? Possible. Même si un certain flou entoure «la tutelle» évoquée dans son intervention. La fin des assises, prévue jeudi, permettra d’y voir plus clair.Toujours est-il que tout débat sur la future présidentielle semble, pour l’instant, évacué. Le règlement intérieur du congrès a été établi de sorte que tout «débordement» sera neutralisé. Benflis a évoqué l’attitude du FLN lors de la présidentielle de 1999. «Attitude responsable», selon lui. Le motif ? «La situation exceptionnelle que connaissait le pays», a-t-il dit. Le FLN, du temps de Boualem Benhamouda, a été forcé à soutenir la candidature de Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême. Benflis a estimé que sa venue à la tête du parti a été faite par devoir. Les résultats obtenus lors des législatives et des locales de 2002 sont, selon lui, le fruit du «processus du renouveau» qu’il tente d’imprimer au Front. Il faut, selon lui, reconnaître les erreurs du passé et s’ouvrir sur la société. Benflis a défendu l’idée de l’économie sociale du marché. Le FLN fait des démarches actuellement pour retrouver sa place au sein de l’Internationale socialiste. L’Etat social que défend le secrétaire général du FLN rejette «le libéralisme débridé». Le FLN, selon Benflis, écoute et comprend les travailleurs qui refusent «le sacrifice des richesses nationales» et qui soutiennent que «la privatisation ne doit pas être un a priori idéologique». Cela ressemble à un soutien au discours de l’UGTA. Ce n’était pas hasard que Abdelmadjid Sidi-Saïd occupait les coulisses à dire le bien qu’il pensait des prises de position de Benflis. L’entente entre les deux hommes est connue sur la place d’Alger. Dans les coulisses, on chuchotait que Benflis, qui est chef du gouvernement, entendait clamer haut les réserves, supposées ou avérées, qu’il a sur la démarche de Hamid Temmar, son ministre de Participation et de la Promotion de l’investissement. Aux yeux de Benflis, le FLN est devenu «la principale force politique» du pays depuis les derniers scrutins. Sans oublier l’hommage aux «aînés», il a réitéré l’appel d’ouvrir les portes du parti aux femmes, aux intellectuels et aux jeunes. Les jeunes ne subiront, selon lui, jamais l’ostracisme ni le jeunisme «cette forme de racisme envers les jeunes qui condamne les sociétés à la régression». Avant d’ajouter cette question-sentence : «Par quelle ironie de l’histoire, peut-on dénier aujourd’hui à nos jeunes le droit et la capacité de gérer le pays, alors que leurs aînés l’ont libéré et géré à des âges beaucoup plus précoces?». Inutile de préciser l’identité de ces «aînés». Le secrétaire général du FLN a plaidé pour «l’intégration» de l’intelligence algérienne au processus de décision. Le discours sur les intellectuels a conduit Benflis à aborder la question — presque inédite au sein du vieux parti — des «nouvelles légitimités». De quoi s’agit-il ? A la légitimité historique, revendiquée par le FLN depuis l’indépendance, à la légitimité démocratique, défendue depuis quelques mois, vient se superposer la légitimité de la compétence et du mérité. «Cette légitimité ne peut être acquise que si nous pouvons faire adhérer à notre démarche le concours de l’élite de ce pays», a indiqué Benflis qui a invité ses militants à s’impliquer dans les débats de société relatifs, notamment, à l’école, la condition de la femme, de la décentralisation de l’Etat, la communication et la citoyenneté. Le congrès est inscrit sous le slogan de «authenticité, citoyenneté et modernité». Benflis a été applaudi lorsqu’il a évoqué l’appui de son parti aux peuples irakien, palestinien et saharaoui.