Les limites d’une «médiation» égyptienne

Les limites d’une «médiation» égyptienne

par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran, 11 août 2014

Il y a une incontestable et décriée convergence d’intérêts entre l’Egypte et l’entité sioniste face au Hamas palestinien qui explique que Le Caire n’a pas vu d’un mauvais œil le lancement de l’agression israélienne contre la bande de Gaza dont le but de guerre claironné par ses promoteurs est l’affaiblissement significatif de cette organisation à défaut de sa destruction totale. Ce but qu’El Sissi s’est fixé lui-même depuis son arrivée au pouvoir a justifié à ses yeux que l’Egypte ne joigne pas résolument sa voix à celles qui se sont élevées pour condamner cette agression et en dénoncer la tournure barbare de son caractère de punition collective infligée à la population gazaouie. Et pire l’a laissé insensible aux appels humanitaires le pressant de rouvrir le passage de Rafah pour au moins permettre l’évacuation des blessés et l’acheminement des secours pour alléger quelque peu les affres de l’enfer vécu par la population gazaouie.

L’Egypte d’El Sissi ne peut avec cette attitude assumée se dédouaner de l’accusation de connivence avec l’ennemi sioniste. Quoi de plus normal par conséquent que le Hamas ait manifesté d’abord son opposition à une « médiation » du Caire entre cet ennemi et lui en vue de négociations pour une trêve humanitaire. Il s’y est résolu pourtant parce qu’Israël et les Etats-Unis ont disqualifié toutes les autres parties ayant voulu entreprendre une médiation qui ne soit pas entachée de partialité privilégiant le point de vue et les objectifs de guerre de l’entité sioniste.

Faut-il par conséquent lui en vouloir de rejeter les moutures d’accord de trêve que lui présentent les « médiateurs » égyptiens ? Assurément pas en ayant à l’esprit que Le Caire et Tel-Aviv sont sur la même longueur d’onde quant aux conditions auxquelles soumettre le Hamas en vue de le discréditer au sein du peuple palestinien et de la population gazaouie en particulier. Ces conditions telles qu’elles ont été publiquement relayées et posées comme préalables par les alliés occidentaux de l’Etat sioniste sont si déséquilibrées à l’avantage du dessein que celui-ci poursuit à travers son agression qu’effectivement le Hamas perdra en les acceptant tout bénéfice de sa résistance et se condamnera au rejet par les Gazaouis et l’ensemble des Palestiniens.

L’on comprend que la « médiation » égyptienne soit sujette à caution pour les combattants de cette résistance, mais aussi pour les défenseurs de la cause palestinienne qui n’ignorent rien de la parfaite identité d’intérêts qu’ont l’Egypte et Israël face au Hamas. Le rôle de l’Egypte n’est pas celui d’un médiateur cherchant à aboutir au rapprochement autant que faire se peut des deux belligérants sur le contenu et dispositions d’un cessez-le-feu, mais d’imposer ceux voulus par l’agresseur car conformes à ce qu’El Sissi attend comme finalité de l’agression sioniste. Ce qui explique que malgré l’impasse où sont les négociations du Caire, l’Egypte est toujours présentée par les alliés d’Israël comme l’unique Etat susceptible de les faire avancer et qu’ils font opposition à toute initiative visant à élargir la médiation à d’autres acteurs régionaux ou internationaux. La convergence d’intérêts entre l’Egypte et Israël leur garantit en effet que la première nommée ne sortira pas du cadre d’un projet de trêve accordant pleine satisfaction au second.