Migrants subsahariens: Les opérations de rapatriement relancées

Migrants subsahariens

Les opérations de rapatriement relancées

El Watan, 2 août 2017

Le ministère des Affaires étrangères (MAE), l’instance officielle désignée par le gouvernement pour parler de ce dossier, annonce une nouvelle vague de rapatriements pour les ressortissants nigériens en situation irrégulière à partir d’hier, 1er août.

Tôt dans la matinée d’hier, le ghetto des réfugiés subsahariens enfoui sous le pont de Oued El Kerma, entre les communes de Baraki et Baba Ali, n’est plus que du vide. Ce lieu déplorable qui servait de regroupement à des milliers de migrants a été démantelé sur instruction du gouvernement dans la soirée d’avant-hier.

Les 1600 personnes qui y vivotaient ont toutes été placées dans un centre d’accueil dans la localité de Reghaïa, à l’est de la capitale. D’après des sources au fait de ce dossier, ces migrants sont aujourd’hui logés dans ce centre dans le confort médical et social en attendant leur rapatriement vers leur pays d’origine.

En parallèle de cette opération, qui intervient en ces jours de grandes chaleurs, le ministère des Affaires étrangères (MAE), l’instance officielle désignée par le gouvernement pour parler de ce dossier, annonce une nouvelle vague de rapatriements pour les ressortissants nigériens en situation irrégulière à partir d’hier, 1er août. Le porte-parole du MAE, Abdelaziz Benali Cherif, explique que l’Etat algérien a pris cette décision de rapatriement en coordination avec l’Etat nigérien dans un processus de lutte contre l’immigration irrégulière et les réseaux de la traite des personnes.

Selonses déclarations, l’Algérie ne veut plus de migrants «irréguliers» sur son territoire, d’où justement ces opérations de reconduite aux frontières qui s’inscrivent dans le cadre d’une série de mesures lancées en coordination avec les pays de l’Afrique subsaharienne, notamment le Mali et le Niger, afin de juguler les flux migratoires vers le sol algérien. Au moment où nous mettons sous presse, les ex-locataires du pont de Oued El Kerma attendent leur acheminement vers les frontières, notamment à Tamanrasset, avant qu’ils ne rejoignent leur pays.

Selon les mêmes sources, le gouvernement devrait se prononcer officiellement sur la situation des migrants en Algérie dans les quelques jours qui viennent. Une chose est sûre, sur ces 1600 migrants, les femmes et les enfants sont prioritaires dans l’opération de rapatriement. Dans ce sens, la présidente du Conseil national des droits de l’homme (CNDH – organisation officielle), Fafa Benzerrouki Sid Lakhdar, a dévoilé le chiffre de 1,2 milliard de dinars consacrés par l’Algérie dans ces opérations de rapatriement.

Cette somme a profité, durant la période 2014 et 2016, à quelque 6000 enfants et 18 000 femmes. Malgré la crise financière et la politique d’austérité qui n’épargne aucun secteur, la présidente du CNDH a annoncé un chiffre avoisinant les 40 milliards de dinars comme budget supplémentaire pour cette nouvelle vague de rapatriements.

En effet, le sujet des migrants subsahariens n’a pas cessé de susciter la polémique et surtout des déclarations et annonces de toutes parts, notamment des hauts responsables de l’Etat. La dernière, voire la plus importante, est celle du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales qui avait annoncé la réalisation d’un fichier national des migrants africains, qui permettrait de connaître leur nombre et de cerner également leur situation.

Il avait même évoqué la possibilité de les employer dans les chantiers de construction, surtout que l’Algérie accuse un déficit important en main-d’œuvre. La semaine passée, il est également revenu sur ce dossier en assurant que pareille opération de recensement n’a rien de discriminatoire et s’est longuement étalé sur les engagements humanitaires de l’Algérie quant à cette question.

Au final, entre engagement humanitaire, déclarations choquantes et controverses de certains autres responsables de l’Etat, tels que celle d’Ahmed Ouyahia et surtout la crise financière qui frappe le pays depuis des années déjà et aussi les conditions sécuritaires tendues dans les pays voisins, la question des migrants irréguliers ou pas reste un dossier épineux dans tous ses aspects.
Asma Bersali